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EUCHARISTIE

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lapsis, f6 (éd. Hartel, p. 206) ; S. Dknys d’Alexaxdrje (ap. Euseb., H. e., VI, xliv. éd. Feltoe, p. 20) ; S. Basile. Epist. xciii (P. G., XXXII, 484-485) ; S. Am-BROisE, De excessuSatyri, i. l^’à (P. /,., XVI, 1304). Cet usage était universel dans la messe des présanctifiés.

Inversement on donnait aux enfants la sainte communion sous la seule espèce du vin : S. Cypriex, De lapsis, xxv (éd. Hartel, p. 255), cf. Epist. lxiii, 8 (p. 707).

Il est donc certain que l’Eglise a toujours reconnu comme valide et eflicace la communion sous une seule espèce (sauf pour le prêtre qui célèbre le saint Sacrifice) ; dès lors on n’a pas de peine à admettre que lEgliseait pu, pour de justes motifs, imposer cette coutume (cf. Concil. Trident., sess. xxi, cap. i, e.can. i-’i. Denz., 980, 934-936 [808, 812-814]).

b) De la nécessité de l’Eucharistie. — « En vérité, en vérité, je vous le dis ; si vous ne mangez la chair du Fils de Ibomme et si vous ne buvez son sang, vous n’avez pas la vie en vous. » Ces paroles de Notre-Seigneur sont d’une force étrange, et la tradition patristique ne fait que les accentuer encore. Les Pères dont nous rapportions plus liaut les témoignages (col. 1 571) font dépendre nécessairement de la participation à l’eucharistie la vie de nos âmes et la résurrection de nos corps ; sans doute, ils le savent, les infidèles et les non initiés vivent et ressusciteront ; mais cette vie n’est pas la vie véritable ; cette résurrection ne sera pas la résurrection glorieuse : S. Jeax Chrysost., /n loan. hom. xLvir, i (P. G.. LIX, 260) : S. GÉLASE, Epist. VI, G (éd. Thiel, p. 331). Ailleurs ils assimilent la nécessité de l’eucharistie à celle du baptême : S. Jean Chrysost., De sacerd. iii, 5 XLVIII, 643), oumêmejirouvent par la nécessité de l’eucharistie la nécessité du liaptême : S. Augustin, Epist., CLXxxvi, 28 (P. L., XXXIII, 826) ; De peccat. meritis, I, 26-27 (XLIV. 128-124) ; ibid., III, 8 (ibid., 190) ; Cuntra epist. Pelug., i, 40 (ibid., 770) ; S. Innocent I, Epist., ap. August., clxxxii. ô (XXXlll, 785) ; S. GÉLASE, Epist. VI, 5-6 (éd. Thiel, p. 82933 1) : Dominiis lesus Cliristus cælesti voce pronuntiat : Qui non niandncaverit… uhi utique neminem s’idenius erceptum, nec ausus est aliquis dicere, parvulum sine hoc sacraniento salutari ad aeternam yitain posse perduci.

En face de témoignages si considérables et si nombreux, on peut se demander comment il faut concevoir la nécessité de l’Eucharistie, étant donnée d’ailleurs la pratique de l’Eglise, sanctionnée par le concile de Trente, sess. xxi, cap. 4 et cun. 4 : Si quis dixerit pan’ulis, antequam ad uiinos disci-etionis pervenerint, tiecessariam esse Eucharistiæ cominunioneni, anathenia sit. Denz., 987(815).

Pour résoudre cette contradiction apparente, il faut se reporter à la consultalion donnée par S. FuL-GENCE, disciple de S. Augustin et s’insjjirant uniquement des principes de son maître, Epist. xii, surtout 24-26 (P. L., LXV, 890-892) : un baptisé qui meurt avant d’avoir reçu l’eucharistie est sauvé parce qu’il << a i>articipé au cori)S et au sang du Seigneur, quand il est devenu [)ar le baptême membre du corps du Christ ». S. Thomas, rej)renant cette question, la résout dans le même sens, mais met mieux en lumière le principe de sa solution (III", q. 78, a. 3) : le fruit pr()[)rc de l’eucharistie, c’csl-à-dire l’incoi poralion aiiClirist, est évidemment nécessaire au salut ; toulifois, pour l’cvuliaristie comme jiour le liaplêmc, le fruit du sacrement peut être ac<iuis soit par la récejjtion réelle soit par le désir. II faut d’ailleurs remarquer une douI)le différence entre le baptême et l’eucliarislie : la vie spirituelle conmience par le baptême et se consonmie par l’eucharistie ; le

baptême est donc ordonné à l’eucharistie comme le moyen à la fin ; d’où cette autre différence que, dans les enfants qui n’ont pas l’âge de raison, rien ne peut suppléer la récei)tion réelle du baptême, tandis que le baptême lui-même suffît à les orienter vers l’eucharistie, « et de même qu’ils croient par la foi

« de l’Eglise, de même par l’intention de l’Eglise ils’( désirent l’eucharistie et en perçoivent le fruit ».

B. — La transsubstantiation

Si l’on considère d’ensemble les textes patristiques relatifs à l’Eucharistie, on remarque que la consécration est présentée non pas comme unissant le pain au corps du Christ, mais comme le changeant aucorps du Christ. Sans doute on ne trouve pas, antérieurement au iv’siècle, de description précise de ce changement, mais on ne peut nier que, dès l’origine, les textes eucharistiques ne signifient une conversion bien plutôt qu’une union : S. Irénée, Adv. hær.,

IV, 11, 8 ; TERTLLL..Jf/c..V « 7’f., IV, XL (f. /.., II, 460) ;

Origène, c. rc/s..VIII, 33 (P. G., X, 1565) ; S. Atha-NASE, Orat. ad nuper baptiz., ap. Eutychium (P. G., LXXXVI, 2401) ; SÉRAPioN, anaph., iv, 15 ; Constit. apost., VIII, xxxix ; S. Jean Chrysosto.me, In Matth., Iiom. Lxxxii (P. G., LVIII, 744) : P^e prodit. Judae, i XLIX, 380), cf. Il (889) ; TnÉODORE de Mopsueste, //( Matth. XXVI, 26 (/>. G., LXVI, 718). Cf. Batiffol, L’Eucharistie, p. 480-482.

La présomption créée par ces mentions brèves, mais nombreuses, devient une certitude quand on considère les textes plus explicites des Pères du IV’siècle. Il est utile d’en rapporter ici au moins les principaux.

S. Cyrille de Jérls., catcch. luyst. iv, 1-2 : « Le Christ ayant déclaré et dit du pain : « Ceci est mon corps », qui osei-a encore douter ? Le Christ ayant affiimi’et dit :

« Ceci est mon sang », qui en doutera ? qui dira que ce

n’est pas son sang ? Il a changé jadis l’eau en viii, qui ressemble au sang, à Gana de Galilée, et nous ne le croirons pas quand il change le vin en sang ?… 6. Ne t’attache donc jias au pain et au vin comme à des élément* ordinaires ; car, selon l’aflirmation du Seigneur, ils sont corps et sang du Christ. Les sens te présentent cela ; que la foi te confirnae. Ne juge pas la chose d’après le goût ; mais sois convaincu indubitablement par la foi que ta participes au corps et au sang du Christ… 9. Instruit de tout cehi et convaincu que ce qui paraît du pain nest pas du pain, bien que le goiit on donne l’impression, mais le corj)s du Christ, et que ce qui paraît du vin n’est pas du viii, bien (jiie le goùtîe veuille, mais le sang du Christ… participe à ce pain comme à une nourriture spirituelle. »

Ces textes se passent de commentaire. Un luthérien écrivait à ce sujet dans une thèse sur les catéchèses de S. Cyrille : « lis, cpiæ sujjra laudavi. plane < etapertc transsubstantialioncmdoccri quis, quæso,

« infitiari poterit ? Nam si ego discipulis meis in catechesi

dicercm : « Ut Cliristus in iiuptiis Canae

« celebratis aquam in vinum transmulavil, ita in
« eucharistia vinum in sanguinem transnuitat ; quod
« vos in cucliaristia edilis et bibitis gustiim quidem
« panis et vini habet, nihilominus autem necpie i)anis

est neque vinum, sed corpus et sanguis Domini », quis, quæso, dubitarct quin transsubstantialionem docerem ? » (Plitt, De CyriUi oratiouibus quæ exstant catecheticis (Ileidelberg, ! 855), p. 150.)

Steitz, Die Abendmahlstehre iJahi bilclicr fiir deutsche Théologie, X (1865), p. 422 sq.) a objecté la comparai-’son que S. Cyrille établit (Catcch. mt/st. iii, 3) entre le paiti de l’eucharistie et l’huile de la confirmation. — Sans doute, de part et d’autre, il y a sanctification, mais d’une façon très dilïérenlc, ainsi que l’indicpie le texte même : le |)ain devient cor|>s du Christ (’cù//k X^ittsû), l’huile devient seulement don du Christ X, c(T71O yâ.pi^uv.), CL