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EUCHARISTIE

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the hoir Eiicharist, I, p. 175-192 ; Jugie, Le mot transsubstantiation chez les Grecs avant 1029, dans Ecltus d’Orient, X (1907), p. 0-12.

Cette doctrine est au contraire repoiissée par tous les protestants et les anglicans, luème par ceux qui admettent la présence réelle ; elle a été particulièrement attaquée parPusEY, Tlie doctrine of ilie real présence (Oxford, Parker), p. i-314, et i)ar Gohe, Dissertations on siihjects connected aith the Incarnation (3"= éd. London, i 907), p. 229-286 : Transsubstantiation and nihilianisin.

b) Les preuves.

Le texte du concile de Trente, cité ci-dessus, donne comme preuve de la transsubstantiation les paroles de l’institution, d’où est née la croyance perpétuelle de l’Eglise. On peut entendre de deux façons cet argument : on peut, — et c’est le sentiment de la plupart des théologiens, — voir une preuve suffisante de la transsubstantiation dans le texte lui-même (hoc est corpus meum) considéré indépendamment de la tradition ; on peut au contraire penser que la tradition seule nous fait reconnaître dans ce texte une preuve certaine de la transsubstantiation. Cette seconde interprétation, qui est celle de Scot, de DiRAND, de Pierre d’Ailly, n’est pas regardée par Franzelix (De Eucharistia-, th. xv, p. 25^) comme inconciliable avec la doctrine du concile de Trente ; d’autres théologiens sont plus sévères, p. ex. Yasquez (Disput. cLxxx, c. 5, n. 51 sq.).

Nous considérerons plus bas (col. 1674) l’argument de tradition ; quant au texte évangélique lui-même, on peut s’en servir de deux façons pour prouver la transsubstantiation : on peut d’abord considérer que, d’après la lettre même du texte, le Christ affirme purement et simplement que ce qu’il présente à ses disciples est son corps et son sang ; on en conclut que ce n’est en elïet que son corps et non pas du pain. On peut aussi partir de la présence réelle, certainement prouvée par ces paroles (supra, col. 1556), pour prouver certainement la transsubstantiation : en effet, comme on l’exposera plus bas (col. 1580-1582), les deux causes sont inséparables : le corps du Christ ne peut être présent dans l’Eucharistie que par transsubstantiation.

C. — Le sacrifice eucharistique

a) Etat de la question.

La réalité du sacrifice eucharistique et sa valeur propitiatoire, souvent affirmée par l’Eglise, a été particulièrement définie au concile de Trente [sess, XXII, cap. i, Dexz., g38 (816)]. Cf. 939, 9/48-951 (816, 820-828). C’est aussi la doctrine des grecs schismatiques : Confession orthodoxe, i, 107, cf. 64 (Kimmel, /. /., i, p. 183 sq., cf. 133) ; concile de Jérusalem de 1672, confession de Dosithée, décr. 15 et 17 (ibid., 4^9 et 451) ; cf. Macaire, Théologie dogmatique orthodoxe,

n, p. 492 sq.

Les réformateurs du xvi^ siècle ont tous repoussé. ce dogme, v. g. Calain, Institut, chrét., IV, xviii, 1 ; Confession d’Augsbourg, art. 24, 3° ; 39 articles de l’Eglise anglicane, art. 31, etc. Au siècle dernier, depuis le mouvement tractarien, un assez bon nombre de théologiensanglicans sont revenus à la doctrine du sacrifice eucharistique, v. g. Cii. Ogre, The body of Christ (London, 1902), ch. iii, p. 157-214 ; W. B. Frankland, The early Eucharist, ). io5-i 1 1 ; plusieurs ont essayé d’interpréter dans ce sens l’article 31 : J. H. Newmax, Tract xc, liemarks on certain passages in the thirty-nine articles, p. Sg-GS ; Cii. Gore, l. L, p. 236. Parmi les protestants allemands ce mouvement a été beaucoup moins sensible et K. G, Goetz,

protestant lui-même, écrivait à ce sujet (Die Abendmahlsfrage, i>. 185) : « Jusqu’ici la science protestante est restée, à ce qu’il me semble, étrangement

« aveugle en ce point, et la science catholique s’est

<(. montrée plus judicieuse en maintenant fermement

« le caractère sacrificiel de la Cène. » 

Récemment des controverses ont été engagées entre des théologiens catholiques d’Allemagne, au sujet de la conception primitive du sacrifice eucharistique ; il en sera question à la fin de ce paragraphe.

Les protestants du xvie siècle opposaient surtout au dogme du sacrifice eucharistique la valeur infinie et parfaitement suffisante du sacrifice de la croix (v. Calain, /. /.). Contre eux le concile de Trente, sess. XXII, ca/).2 et ca «. 4 [Denz., 940(817) etgôi (828)] a tenu à montrer que la vérité du sacrifice eucharistique n’enlcA-ait rien à la dignité du sacrifice de la croix, puisque ce sont les fruits du sacrifice de la croix qui sont appliqués aux fidèles par l’Eucharistie.

Aujourd’hui les ol)jections sont plus radicales : la plupart s’attaquent à l’institution même de l’Eucharistie ; elles ont été réfutées ci-dessus (I) ; d’autres visent le sacrifice de la croix et le dogme de la rédemption ; ce n’est pas ici le lieu de les discuter ; A-. l’article Rédemptiox ; cf. J. Rivière, Le dogme de la rédemption (Paris, 1903), p. 17 sqq.

b) Les preuves.

La vérité et la nature du sacrifice eucharistique d’après le Nouveau Testament sont plus faciles à entendre, si l’on y étudie successivement dans l’eucharistie :

« ) Le mémorial de la mort du Christ ; jt) le

sacrifice de l’alliance ; y) la communion à la A’ictinie.

a) Le mémorial de la mort du Christ. — La relation qui unit l’Eucharistie à la mort du Christ est expressément marquée par saint Paul (I Cor., xi, 26) :

« Toutes les fois que aous mangez ce pain et que
« aous buACZ ce calice, a^ous annoncez la mort du
« Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne. » 

Cette relation est impliquée par les paroles mêmes de l’institution : « Ceci est mon corps (S. Luc ajoute :

« livré pour aous ; faites ceci en mémoire de moi ») ; 

ceci est mon sang, (le sang) de l’alliance répandu pour beaucoup » (.Uarc-Matth.). Ces paroles, prononcées par le Christ la Aeille de sa mort, la nuit où il Aa être trahi, ont une signification très claire : dans quelques heures, son corps Aa être liA’ré et son sang répandu, pour sceller la nouvcUe alliance, et c’est ainsi que dès maintenant il le présente à ses disciples.

De nombreux théologiens catholiques, s’appiiyant sur l’emploi des participes présents dans le texte original (SiSdtj.ï.i’yj, ï/.yyjjoiivjo’j). en appliquent directement la force

« non pas au sacrifice imminent sur la croix, mais bien

(( à celui du moment présent » (Rauschen, p. 73 sq., citant Maldonat, Oswald, Pohle) ; à ceux qui opposent l’autorité de la Vulgate, qui a traduit ces présents 2>ar des futurs, Billot (De sacramentis, i*, p. 597 sq.) répond que, dans les passages dogmatiques, la Yulgate, il est ATai, ne contient aucune erreur, mais ne reproduit pas toujours toute la force du texte primitif. — Cette réponse est très juste, et cette interprétation a sa valeur ; l’autre nous paraît cependant j)lus probable ; l’objection qu’on tire contre elle du texte grec n’est pas convaincante : ])0ur le constater, on n’a qu’à lire le commentaire de S. Clirysostome sur ce passage [in Maith.^ hom. lxxxii, P. G., LVIII, 738 sq.). Au reste, cette discussion a peu de conséquence : l’une et l’autre interprétation sauvegarde et le caractère sacrificiel de l’Eucliarislie et sa relation essentielle à la mort du Christ, mais elle met l’accent soit sur l’un soit sur l’autre de ces deux éléments.

Certains historiens voient une mention expresse du sacrifice eucliaristique dans lexpression tcOtî Tiauïn qu’ils traduisent : « Offrez ceci ». (Andersen, p. 13-19 ; Gore, p. 315-318.) Ce sens de r.nuï-j se rencontre certaine-