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EUCHARISTIE

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En Angleterre, comme en Allemagne, nons sommes en face de l’éraslianisme le plus pur, malgré les efforts que font quelques-uns pour le voiler à tout prix. La loi d’Elisabeth est formelle : essayons d’en traduire la partie la plus importante. Elle porte « que toutes juridictions, privilèges, supériorités, prééminences spirituelles et ecclésiastiques, qui ont été exercées ou ont été en usage jusqu’ici, ou peuvent lètre légalement, dans les visites concernant le corps et les personnes de l’Eglise, et dans la réforme, la mise à l’ordre, et la correction des susdits, comme de toute espèce d’erreurs, hérésies, schismes, abus, offenses, mépris pour l’autorité, et crimes énormes, seront pour toujours, par l’autorité de ce présent parlement, unies et annexées à la couronne impériale de ce royaume » (c’est ce que l’on appelle l’acte de suprémalie ; année iSSq, clause l’j).

De temps en temps il arrive que l’exercice un peu brutal de ce pouvoir chagrine ceux qui se piquent d’avoir les idées catholiques sur la constitution de l’Eglise. Récemment, par exemple, le parlement anglais a permis aux maris d’épouser la sœur de leur femme, après la mort de cette dernière. Les juges ont donc conclu que les ministres anglicans n’ont plus le droit de repousser de la communion comme menant ouvertement et notoirement une vie mauvaise les hommes qui se trouvent dans ce cas. Voici ce qu’en a dit TIte Citurch Times (21 mai 1909) :

« Si ces juges ont interprété correctement la loi de

l’Angleterre, il ne reste qu’une chose à dire : on doit résister à cette loi avec fermeté et constance. On doit y résister d’une manière non moins intransigeante qu’on ne résistait à la loi romaine prescrivant le culte de l’empereur. On doit y résister coûte que coûte, avec l’acceptation sereine des conséquences. » D’un autre côté, M. Clifford, qu’on peut dire le chef des nonconformistes, pose comme principe fondamental, dans sa brochure, IVhy are ne afraid of Rome ? ( « Pourquoi avons-nous peur de Rome ? »), que lEtat doit dominer la vie des citojens. Etrange contraste ! D’un côté, une portion de l’Eglise anglicane est choquée de se voir forcée d’obéir à l’Etat : de l’autre, une secte, dont on aurait dit que la raison d’être était de ne pas se conformer aux directions de l’Etat en matière religieuse, désire voir cet Etat dominer surtout. On aime mieux avoir au Parlement des ministres dévoués à sa cause que de jouir des lois d’établissement !

Il est superflu d’insister sur la gravité des problèmes pratiques où de telles prétentions, érigées en loi, engagent nécessairement les consciences.

D’autre part, ces problèmes ne se posent pas seulement dans les Etals pourvus d’une Eglise domestique ; et tel Etat, dégagé de tout lien religieux ofTiciel, devient le théâtre de conflits non moins graves, s’il arrive que l’esprit laïque s’insurge contre les croyances religieuses et prétend faire peser sur les âmes le joug de ses négations et de son intolérance. Tel est précisément le spectacle offert par la France d’aujourd’hui, où l’athéisme ofTiciel a entrepris de faire servir la force publique, dont il dispose, à l’extinction du culte chrétien. Malgré la diversité des applications, il est impossible de méconnaître dans ces entreprises radicales l’aboutissement logique de l’esprit signalé plus haut.

Le chrétien mis en demeure de se prononcer entre Dieu et les hommes trouvera toujours dans l’Evangile et dans les directions de l’Eglise, avec la raison d’être de sa soumission au pouvoir légitime, la raison d’être et la mesure des résistances nécessaires.

Bibliographie (pour la première partie). — Sur le culte ancien en général : E. Kornemann, Zuv Ge schichte der antiken Ilèrrscherkiilte, 1901. — Origines égyptiennes : A. Moret, Du caractère religieux de la royauté pharaonique, Paris, 1902. — Alexandre : G. Maspero, Comment Alexandre devint dieu en Egypte ; Annuaire de lEcole pratique des Hautes Etudes, Paris, 1897 ; abbéBeurlier, De di^inis honoribus Alexandri, Paris, 1890 ; D. G. Hogarth, Tlie déification of Alexander the Great, dans Tlie English Ilistorical Review^ april 1887. — Sur les Ptolémées : Bouché-Leclercq, Histoire des La gides ; M.al131{{y, Empire of the Ptolemies ; Strack, Die Dynastie der Ptolemæer. — Séleucides : E. Babelon : Les rois de Syrie ; G. B. Bevan, The House of Seleucus. — Rome : Abbé Beurlier, Le culte rendu aux empereurs romains, Paris, 1890 ; J, ïoutain. Cultes païens dans l’empire romain, tomel ; M.Krascheninnikoff, Ueber die Einfithrung des provinzialen Kaisercultus im rômischen U’esteji : Philologus, Band LUI, 18n/.

TION’S.

j4. Voir aussi l’article Persécc C. LATTliY, S. J.


EUCHARISTIE. — Une étude apologétique de l’Eucharistie ne peut plus se présenter de nos jours comme au xvi « siècle ; nos adversaires ont déplacé le terrain de la controverse, et nous avons à défendre aujourd’hui des positions que nul ne songeait à attaquer il y a trois siècles.

Tous les réformateurs admettaient le fait de l’institution de l’Eucharistie par le (Christ, quitte à nier la transsubstantiation ou le caractère sacrificiel de l’Eucharistie. Aujourd’hui l’origine même du sacrement est mise en cause ; c’est donc elle d’abord qu’il faut discuter ; les autres points seront établis ultérieurement. Principales divisions de l’article :

I. L’institution de l’Eucuaristie.

A. Description des documents.

B. La controverse.

c. Le fait de l institution.

II. L’Eucuaristie d’ai’rès le Nouveau Testament

A. La présence réelle.

B. La transsubstantiation. G. Le sacrifice.

III. L’Eucharistie d’après la tradition.

A. La présence réelle.

B. L. a transsubstantiation. c. Le sacrifice.

IV. Le mystère de l’Eucharistie.

A. L.a présence réelle et la transsubstantiation.

B. Le sacrifice.

c. Le rôle de l’Eucharistie dans l’économie du salut.

I. — Institution de l’Eucharistie

A. — Description des documents

Avant de commencer la discussion, il est bon de rappeler brièvement les documents principaux sur lesquels elle porte. Les textes eucharistiques du Nouveau Testament peuvent se répartir en deux séries : les uns se réfèrent à la vie du Christ, les autres à l’histoire de l’Eglise primitive. Ces textes se trouvent commodément réunis dans W. B. Fraxkland, The early Eucharist (London, 1902), p. 3-ii. A la première catégorie appartiennent le discours eucharistique rapporté au chapitre vi de 5. Jean, et les récits de l’institution (.l/rt^//(., XXVI ; Marc, thv ; Luc, xxu ;