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EPIGRAPHIE

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des témoignages relatifs aux martyrs n’est aussi considérable qu’en Afrique. Ils ont été réunis par M. Monceaux (Enquête sur l’Epigraphie chrétienne d’Afrique, IV. — Martyrs et Reliques, dans Mémoires présentés par divers sa-anls à VAcad. des Inscript., t. XII, i"^’partie), qui a consacré une pénétrante étude à ces documents qui éclairent d’un jour si précis l’histoire des persécutions. Parmi d’obscurs héros, que la piété des fidèles honorait à l’égal des victimes plus illustres, nous retrouvons les noms de martyrs demeurés célèbres jusqu’à nos jours, et ce n’est pas sans émotion qu’on a appris la découverte récente de la pierre tombale des grandes martyres deCarlhage, Ste Perpétue et Ste Félicité, ensevelies a^ec leurs compagnons dans la Basilica Majorum (cf. Comptes rendus de l’Acad. des Inscript., 1907, p. 191-192, igS-igô, 516-531).

Il faut signaler, comme intéressant encore l’histoire des persécutions, les certificats de sacrifice dont nous avons conserA’é 5 exemplaires sur papyrus. Bien que leurs titulaires paraissent avoir été des païens, — et il ne faut pas s’en étonner, puisque l’édit de Décius visait tous les citoyens de l’empire et les obligeait tous à l’épreuve d’un sacrifice, — ces documents tiennent illustrera souhait ce que les écrivains ecclésiastiques nous racontent de l’épreuve imposée aux fidèles et du sort des libellatici. Cf. C. Wessely, Les plus anciens monuments du cliristianisme écrits sur papyrus, Patrologia Orientalis, t. IV, fasc. 2, 1906, p. 1 12124 ; Journal des Sasants, 1908, p. 169-181 (P. Foccart ) ; on y trouvera, avec le commentaire, la bibliographie de ces docimienls.

On a mentionné plus haut la pétition des païens d’Aricanda, demandant à Maximin de rouvrir l’ère des vexations contre les chrétiens. Peu de témoignages sont plus clairs sur l’état des esprits. A-ers 3 12, dans certaines provinces de l’empire.

De ce document il faut rapprocher une inscription récemment découverte à Laodicée de Lj caonie (LaodiceiaCombusta ) qui vient ajouter un trait nouveau à l’histoire des persécutions et nous donner le sens, sinon la teneiu", d’un des derniers édits portés contre les chrétiens, dont l’histoire n’avait pas gardé de traces. C’est l’inscription que l’évéque de Laodicée, Eugenius, fit graver siu* sa tombe. Il y raconte ses débuts dans la cai’rière militaire en qualité d’attaché à Vofficium du gouverneiu" de Pisidie. son mariage avec la fille du sénateur, romain C. Nestorianus ; survint redit de Maximin Daia, il confessa la foi dans les tortures ; rendu à la vie civile, il fut bientôt désigné pour l’épiscopat qu’il exerça pendant 25 ans ; évéque, il releva de ses ruines son église (détail des travaux) ; enfin, sa tâche accomplie, il se démit de ses fonctions pour attendre, dans la retraite d’un ermitage, la fin de ses joiu’s. Ce texte que M. Rams.vy n’hésite pas à rapprocher de l’inscription d’Abercius est un peu trop long pour être cité en entier ; il suffira d’en détacher les lignes qui en fontunmonimient historique de premier ordre :

lig. 5 !.’àkzôi a-ry.z’j ypo-joi /.e’/sj^co)^ j.o’i- : r, 7c/.Tr, : iT : l [^MjKçtu.tVsj

ÈTît Aiayi-JCjc r, ytu.o-Ji : ,..

L’édit de Maximin qui ordonnait aux chrétiens de sacrifier et leur défendait de quitter le seinice militaire dut être porté entre 807 et 312 ; Eugenius confessa la foi vers 310 ; l’inscription fut gravée entre 338 et 3^0. Voir le commentaire de cet important document par W. M. Calder (E.rpositor, nov. 1908, p. 389-419 ; avril 1909, p. 807-322) et W. M. Ramsay {ibid.. déc. 1908, p. 546-557 ; Lu/^e the physician, p. 339-351). Le texte a été reproduit par E. Preuschex

(Kiirzere Texte zur Geschicltte der alten Kirche u. des Kanons, p, 14g-150), a^ec quelques négligences, cf. Expositor, janv. igio, p. 51-55 [Ramsay].

fi) Comme les catholiques, les hérétiques gravaient des inscriptions ; nombre de ces textes sont parvenus jusqu’à nous et ajoutent quelques précisions, sinon à la connaissance des doctrines hétérodoxes, du moins à l’histoire de leur diffusion dans les provinces.

Ainsi une inscription trouvée à Dcir-Ali dans la région de Damas (Wadd., 2558), nous fait connaître l’existence en ce lieu d’une synagogue de Marcionites. Le texte est daté de 3 18 ; il Aient corroborer l’affirmation d’Epiphane, qui, peu d’années plus tai-d, témoignait de la persistance de la secte des Marcionites en Sjrie de son temps. C’est de plus la seule attestation épigrapliique de l’existence d’un lieu de culte public, consacré à une hérésie, et antérieur de plusieurs années aux églises chrétiennes les plus anciennes de la région.

Dans la Syrie du Xord. parmi de nombreuses inscriptions reproduisant le trisagion, il en est 4 où se trouAC insérée la formule de Pierre le Foulon (Puen-TicE. AAE, 6, 295, 822 ; cï.Monum. Eccles. liturg., p. cix et Bévue Bénédictine, XXII, p. 433-434) ; cette addition hérétique marque autant de centres monophysites. Le Montanisme a laissé des traces en Afrique et en Phrygie ; telle cette inscription qui porte la curieuse invocation : in nomine Patris et Filii [e^] Do{mi)ni Muntani (CIL. VIII, 2272) ; telle encore cette épitaphe de MîuvTKv/ ; , femme de Lupicinus, qui est qualifiée de /pîi."L’Mr, r.j-jy.’y-i/ : r, (Echos d’Orient, V, 1 48-149 ; VI, 6162 ; VII, 53-54)- Il est même probable que la mention

; /c-17r£Kvs : , qui se rencontre siu" quelques autres tituli

phrygiens, dissimule la Araie identité d’autres montanistes (cf. Raaisay, Cities, p. 491) Xoter une inscription manichéenne, à Salone, qui parait être unique en son genre : Bc<7sv. ttkc^evî ; , Ajgik, yiyyi/iv…., cf. F. CuMoxT, Rev. d’IUsf. ecclés., 1908, p. 19-20.

L’épigraphie gnostique est assez riche. Citons seulement l’inscription de FlaAÏa, à Rome, qui « désireuse de A’oir la lumière du Père…, s’est hâtée d’aller contempler les divins Aisages des éons, le grand ange du grand conseil, le Fils Aéritable, pressée qu’elle était de se coucher dans un lit nuptial, dans le sein paternel des éons » (CIG, 95g5rt, rej^roduit par Batif-FOL, Littérature grecque, p. 115).

Les textes de ce genre sont rai-es ; mais, par contre, quel n’est pas le nombre des petites amulettes à épigTaphe, dont les gnostiques propagèrent l’usage et qui sont si aljondamment représentées dans les col-^ lections d’antiquités chrétiennes ! (cf. Dicf. d’Arch. chrét., s. A". Abrasax, Basilidiens, Anges).

Mais, de toutes les épigraphies hérétiques, la plus riche et la plus instructivc semble être celle des Donatistes. Demeurée inaperçue ou négligée jusqu’à ces derniers temps, elle a été pleinement mise en lumière par M. P. MoxcE.vux, qui a montré tout le parti qu’on en peut tirer pour illustrer et compléter la littératiu-e polémique africaine du ia*^ et du a* siècle (Bew de Philologie, 1909, p, 112-161) Nous ne pouvons que signaler les points principaux de son étude si sagace et si érudite. Les textes donatistes actuellement connus peuvcnt se répartir en 4 séries. Le premier groupe (p. i 14-i 19) comprend les inscriptions graA’ées sur les monuments ou biu" ! nées siu" les bijoux qui reproduisent, isolément ou dans une formule phis étendue, la dcAÏse et le cri de guerre des donatistes, ce Deo laudes, leur « clairon de Ijataille » (Auc, Epist.. cviii, 5, 14). auquel répond le Bec gratias catholique. Comme l’écrit excellemment M. M., ces monuments, où se lit tantôt la dcvise