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EPIGRAPHIE

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de noms de formation piirement chrétienne. Cf. infra, col. i^ii et ll^3à ; Ramsay, Cities, p. /49I-494 Les indices quon vient de passer en revue permettent donc, dans une large mesure, d’isoler un grand nombre d’inscriptions crypto-chrétiennes. Avec ces textes d’un christianisme latent, nous atteignons souvent le second siècle ; parfois même on croit prendre contact avec l’âge subapostolique.

3. Diffusion des inscriptions cbrétiennes — La question peut être envisagée d’un double point de vue, géographique et chronologique.

a) Aire de diffusion. — L’aire de dilïusion des inscriptions chrétiennes est immense ; elle s’étend aussi loin que les frontières de l’empire romain. Ce n’est pas à dire que l’ensemble des provinces ait été, d’un coup, gagné à la foi nouvelle. Dans certaines provinces, en Asie Mineure par exenqjle, le mouvement de conversion a été accéléré ; ailleurs, la pénétration a été plus progressive et plus lente. Voir les cartes de Haunack, Mission ii. Aushreitung, i’éd. Quoi qu’il en soit, tôt ou tard le christianisme a fait son apparition jusque dans les provinces les plus reculées, et des inscriptions, ici plus denses, là plus clairsemées, jalonnent ses étapes et servent à contrôler la tradition historique.

De la Mésoi^otamie et du désert d’Arabie aux cataractes du Nil et au limes africain, une chaîne de stèles, de colonnes, de linteaux de portes où se lisent des paroles chrétiennes enserre la moitié méridionale du monde romain ; tandis que, remontant par l’Euphrate en Arménie, rejoignant l’Europe par la Russie méridionale, contournant la mer Noire, communiquant avec le Rhin par le Danube, englobant la Bretagne, la Gaule et l’Espagne, toute une immense série de nouveaux jalons et de repères achève de délimiter la sphère d’influence de la foi victorieuse. Ces stèles qu’on exhume d’un bout à l’autre du monde antique font songer à ces bornes hypothécaires qui attestaient, dans la Grèce anti([ue, les droits des créanciers : là aussi ce sont les titres du christianisme qui réapparaissent.

Dispersées de par le monde, les inscriptions chrétiennes ne sont guère plus rassemblées dans les publications savantes. Cf. infra, Bibliographie : 2. Recueils des textes.

h) Limites chronologiques. — Nous avons déjà signalé l’excessive rareté des inscriptions chrétiennes remontant sûrement au i" et au ii’siècle ; d’autre part, les indications données sur les textes cryptochrétiens ont montré la possibilité de grossir quelque peu le contingent des monuments épigraphiques du premier âge. Il s’agit de compléter cet examen et d’établir les limites chronologiques du développement de l’épigraphie chrétienne.

Ces limites varient naturellement avec les provinces : dans les unes, le christianisme à pénétré de très bonne heure, d’autres ne l’ont vu apparaître qu’à une date relalivenu’nt tardive. Pour des causes qu’il est souvent malaisé de déterminer, il se trouve que des provinces, qui furent dés la première heure pénétrées d’influences chrétiennes, ne nous ont donné jusqu’à présent que des textes très tardifs, si l)ien qu’il y a un hiatus à peu près complet entre leurs origines chrétiennes et les premières inscriptions <|ue nous y rencontrons. Voir Hahxack, Mission u. Aushreitung, 2’édit., t. II, p.’jo-262, pussini.

Ainsi, si l’Asie Mineure est un peu mieux partagée, la Syrie et l’Egypte, où des communautés chrétiennes se constituèrent et fructiliérent largement, au 1" et au 11’siècle, n’apparaissent que très tard dans l’épigraphie. En Syrie, il n’est guère i)ossible d’identifier des inscriptions sûrement antérieures à la paix

de l’Eglise ; le premier texte égyptien chrétien daté remonte à l’année 874 A Rome, les catacombes ont assuré de bonne heure la liberté épigraphique des chrétiens et préservé de la destruction les anciens monuments. C’est ainsi qu’on y peut signaler un fragment daté de la fin du i""" siècle, 2 inscriptions du n’, 26 du m* et 206 des trois premiers quarts du iV siècle, alors que la même période est représentée en Egypte par l’unique inscription d’Athribis (Lefeb-AUE, n*^ 64). Dans la Gaule, — dont certaines églises remontent presque immédiatement à l’âge apostolique et fournirent des victimes aux premières persécutions, — les plus anciennes inscriptions, si l’on excepte le fameux texte de Volusianus, sont datées de 334, 347, 377, 405 et40g(LE Bla^t, Becueil, n" 62, 696, 069, 5g I, 248) ; le v* siècle compte 54 monuments ; le vi’131 ; il n’y en a que 20 pour le vin* (Le Blaxt, ÀS’oui’. Recueil, p. m). Gomme les inscriptions dépourvues de marques chronologiques ne. présentent pas d’indices décisifs d’antiquité plus élevée, il est à croire qu’elles se répai-tissent elles aussi suivant la même proportion et que le plus gi-and nombre d’entre elles appartiennent au vi’siècle. Cf. Le Blant, L Epigrapiiie chrétienne, p. 27. L’Afrique est plus favorisée : au point de vue de l’âge des inscriptions, elle tient le milieu entre Rome et la Gaule (P. Monceaux. Hist. littér., II, p. 182) ; mais faut-il s’en étonner, et n’est-il pas plutôt normal que la patrie des martyrs Scillitains, de Perpétue, de TertuUien, de Minucius Félix et de Cyprien soit aussi une des terres les plus fécondes en anciens monuments de l’épigraphie chrétienne ? C’est une série presque ininterronq)ue qui commence an m siècle pour se prolonger jusqu’aux temps de la domination byzantine. Cf. Le Blaxt, L’Epigrnphie chrétienne, p. 108 ; cf. Monceaux, Hist. littér.. II, 1 19-1 33 ; Bull, de la Soc. des Antiquaires de France, 1905, p. 214-215.

Si le point de départ des séries épigraphiques des difVérentes provinces dépend des monuments eux-mêmes et de leur âge respectif, nous sommes libres de les clôturer suivant les besoins de notre étude. En Orient, dans les pays de langue grecque, l’unité de la langue assure une continuité sullisante entre l’épigraphie classique d’époque grecque ou romaine, l’épigraphie chrétienne, l’épigraphie byzantine, celle du nioyen âge et de l’époque contemporaine. C’est la date de l’indépendance grecque (182 1) qui a été adoptée comme point terminus du Corpus chrétien en préparation, Bvzantinische Zeitschrift, XV, p. 497-500 ; cf. J. Laurent, Sur la s’uleur des inscriptions grecques postérieures à li.l’i. dans le Bull, de corr. hellén., 1898, p. 569-572. En Occident, la disparition progressive de la culture latine n’a laissé à l’épigraphie de cette langue ([u’une survivance très amoindrie. Il va sans dire <iue notre étude doit se limiter ; aussi adopterons-nous approximativement, pour l’Orient, l’épo’que de Justinien comme terminus ad quem : d’ailleurs, c’est à peu près à partir de cette époque <iue l’épigraphie chrétienne prend habituellement le nom d’ « épigraphie byzantine ». En Occident, on peut laisser la limite un ])eu plus indi’cise ; car si de Rossi arrête an vii « siècle son recueil romain. Le Blant se donne la marge d’un siècle de plus, pour atteindre jusqu’à la renaissance carolingienne.

4. Comment sont datées les inscriptions chrétiennes ? — C’est entre les deux termes que nous avons déterminés : terminus a que nécessairement variable suivant les provinces, terminus ad quem d’une fixité arbitraire, que nous avons à répartir les documents à utiliser. Les uns sont datés, c’est le petit nond)re ; les autres, la majorité, sont dépourvus de marques chronologiques. Par quels procédés les

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