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tolérable, ou ninins cruel ? Et si la bonté de Dieu avait à se manifester, ne le ferait-elle pas de façon plus sage et plus large, plus digne d’elle ? L’Eglise a si peu le sentiment que la bonté divine ait encore lieu de s’exercer à l’égard des damnés, qu’elle n"a elle-même aucune commisération, qu’elle ne formule aucune prière pour ceux qui ont mérité l’enfer, et qvi’elle les tient pour exclus de la communion des saints.

C’est par suite d’une évidente erreur que certains apologistes ou auteurs ascétiques se sont faits les défenseurs de la théorie purement sentimentale de la mitigation des peines. Le P. Faber a cru pouvoir affirmer que « la généralité des théologiens, avant Pierre Lombard, soutenait qu’à la longue il intervenait quelque adoucissement dans la rigueur des tourments de l’enfer «. Le précieux Sang, iii, 153. La tradition ecclésiastique est constante sur ce point, et fort nette il est vrai, mais pour déclarer persistante la rigueur de la peine. Cf. Mi.nutics Félix, Oct., 35, P. I.., lîl, 348 ; saint Grégoire de Xysse, De Castigat.. 2, P. G..XLVI, 311 ; saint Algcstix, De Civit. Dei, h XXL c. xxiv, P. / :., XLL —j’i- ; In Ps. cv, n. 2, P. f… XXXVII, 1406 ; saint Jeax Chrysostome. Ad Tlieodor., i, g, P. G., XL VU, 287 ; De Laz. iii, 9, P. G.. XLVIII, io5 ; In II ad Cor., ix, 4, P— G., LXI, col. 464, etc.

Les anciens scolastiques ont agité la question de la mitigation des peines à un point de vue spécial et restreint relativement aux damnés pour qui les fidèles intercèdent par leurs prières ou en faisant dire des messes à leur intention. Quelques-uns ont pensé que, dans ce cas particulier, les suffrages de l’Eglise pouvaient n’être pas dénués de tout effet ; mais tous sont d’accord pour affirmer qu’après le jugement dernier il n’est plus de recours possible contre la justice de Dieu, ni de rayon d’espérance pour adoucir l’éternel désespoir des damnés.

Bibliographie. — Patuzzi, De fnturo impiorum staiu, Venise, 1764 ; Liiken, Traditionen, Miinster, 1869 : Gvtterlehre der Griechen und Rùnier, Paderborn. 1881 : Knabenbauer, Das Zeitgniss des Menscliengeschleclttes fur die l’nsferblichkeit der Seele. Fribourg, 1878 ; W. Schneider, Die Natur^’ùJher, Miinster et Paderborn, 1885 ; Monsabré, Exposition du Dogme catholique : L’autre monde, Paris, 1889 : Bougaud, Le Christianisme et les temps présents, t. V, Paris, 1889 ; Atzberger. Die christlirhe Eschatologie in den Stadien ihrer 0/fenbarung, Fribourg, 1890 ; Oàv^’ald. Eschatologie, Fribourg, 1890 ; Jungmann, Z’e 7101’/ss17 » H’.s, Innsbruck. 1890 ; Schmid, Der i’nterblichkeit und Auferstehungsglauhe in der Bibel, Brixen, 1902 ; James Mew, Traditional aspects of Ilell, Londres, 1908 ; Stufler, Die Heiligkeit Gottes itnd der en’ige Tod, Innsbruck, 1908 ; Pesch, Theol. Streitfragen, t. II, Fribourg, igoS ; Gerigk, Wesen und Voraussetzungen der Todsiinde. Breslau, 1908 ; Schneider, Das andere I.eben, Paderborn, 1904 ; Bautz, Die Hôlle, Mayence, 1906 ; Tournebize, Le dogme de l expiation, dans Etudes, t. LXXI, p. 743. Paul Bernard.

ENTERREMENTS CIVILS. — I. Statistique. — II. Législation.

I. Statistique. — On a justement dit de l’àme populaire qu’elle est un thermomètre sensible, qui enregistre les moindres variations de la fièvre antireligieuse de nos gouvernants. Dans ses articles de la Revue des Deux Mondes, qui devinrent un des derniers chapitres des Origines de la France contemporaine. Taine, étudiant le progrès de l’incrédulité, observait une profonde « désaffection » à l’égard de la religion :

« chose encore plus grave pour la nation que pour

l’Eglise ». « A Paris, sur 100 convois mortuaires, 20, purement civils, ne sont pas présentés à l’église. » Le retentissement de ces articles décida l’abbé de Broglie à reviser point par point toute l’étude de Taine. Dans son livre Le Présent et VAs’enir du Catholicisme en France, il contestait les résultats numériques présentés par Taine en 1891, et, plus encore, l’usage qu’il fait de ces chiffres. Mgr d’Hulst reprenait la même ojjservation en termes excellents, à la fin d’une étude sur la vie surnaturelle en France < qui devint un des chapitres delà. France chrétienne dans l histoire’>.

Il convient de demander aux statistiques ce qu’elles peuvent apprendre, et des statistiques ont été sérieusement établies, en ce qui concerne les enterrements.

C’eût été une tâche immense d’interroger toutes les municipalités répandues sur la surface du territoire français. La présente enquête, limitée à la capitale, est douloureusement instructive et ne justifie que trop les alarmes des ol)serA ateurs. Si nous ne nous efforçons de reconquérir les populations moralement abandonnées de nos grandes cités, elles continueront à aller à la dérive : désertant l’idée et les pratiques religieuses, elles nous achemineront vers des « cimetières spirituels » ; ainsi un pasteur protestant définissait, il y a quelques années, la capitale et les grandes villes de l’Empire allemand.

De 188’? à 100.3. — Un premier travail raisonné sur documents sérieux, de M. l’abbé Raffix, vicaire à Saint-Louis d’Antin, porte sur le nombre des enterrements religieux et civils faits à Paris de 1 882 à 1 908 : c’est tout ce qu’il était possible d’obtenir, puisque les annuaires statistiques publiés par la Ville de Paris, sous la direction du distingué docteur BertilLox, ne présentent aucune indication à cet égard avant 1882. Aussi bien, la période limitée par les dates de 1883 et de 1908 est caractéristique, dans l’histoire de la politique religieuse de la troisième République ; c’est, à quelques années près, le temiJS de la laïcisation des organismes publics. Sous couleur de libéralisme, les cultes reconnus sont supprimés ; la religion est dédaigneusement classée par les pouvoirs publics comme une affaire individuelle et familiale.

Voici un premier talileau indiquant la proportion, à Paris, des convois qui ont passé par l’église et de ceux qui ne s’y sont pas présentés.

Convois civils

En 1882 21

— 1883 23

— 1884 23

— 1880….. 22

— j886….. 2 1

— 1887 21

— 1888 21

— 1889 20

— 1890 20

— 1891 20

— 1892 30

— 1898 20

— 1894 19

— 1895… 19

— 1 8y6… I y

—’897’8

— 1 898 19

— >S99 18

— 1900 18

—’901’9

— 1902 19

— 1908 20

p. 100

Convois catholiques

75 p. 100.

: 3
: 3

74 ? 5 7 » —

, 6 77 77 —

t6 —

7 » 78 78 78 78 ^8

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