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EGYPTE

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nombre est Araiseiiiblal)îe, il a même pour lui beaucoup de probabilité. Or d’après tous les égyptologues modernes, 143^ tombe dans la xviii' dynastie, et d’après les anciens cette date est plus rapprochée de Tlioutmès III que de Ménephtah.

Voici leurs dates pour les deux dynasties qui nous intéressent :

Champollion-Figeac XVIII' dyn. 1822-1473 XIX' dvn. 1473-1279

Anciens

Lepsius 1591-1443 1443-1269

Brugscli Mariette 1700-1400 1703-1462 1400-1200 1462-1288

Modernes

SteiudorlT

Peliie

Budge

Breasted

xviii' dynastie, Thoutmès I

)

Makéré Thoutmès II (

1543-1461

1541-1481

1566-1500

1540-1447

Thoutmès III

Amenophis II

1461-1436

.481-1449

1500-1466

.448-1420

Thuutmès IV

1436-1427

1449- "42 3

1466-1450

1420-141 1

Aménophislll

1437-1892

.423-4.4

14Ô0-1430

.411-. 375

AmenophisIV

1392-13-4

.4.4-1383

13 ; 3-1358

XIX'

dynastie, Ramsès I

1350

I 328-1 326

1400 13.5-1314

Seti l

1326-1300

.313-1292

Ramsès II

I324-I258

1300-1234

1292-122D

Ménephtah

1258 1234-1214

1225-12.5

Séti II

-I250

12.4-1209

I2C6-.230

1209-1200

Les égyptologues ne donnent pas tous le même ordre dans la suite des Pharaons, spécialement pour la XVIII* dynastie. Plusieurs mettent dans cette dynastie les deux règnes précédents, d’Ahmosis I""" et d' Amenophis I". Mais cela n’importe pas à notre sujet.

Lorsque Moïse entama les pourparlers avec Pharaon, il avait 80 ans (Ex., vii, j) ; à sa naissance, la persécution battait déjà son plein, puisque lui-même fut exposé sur le Nil ; en supposant qu’elle s’exerçait depuis une vingtaine d’années, on arrive à la durée d’un siècle. L’oppression des Hébreux aurait donc commencé vers lôS’j, c’est-à-dire dans les débuts de la xviii" dynastie, elle aurait atteint son maximum d’acuité sous le long règne de Thoutmès III (une quarantaine d’années), celui-ci serait le Pharaon qui mit à prix la tête de Moïse (Ex., ir, 15) et l’Exode aurait eu lieu sous Amenophis II. Les Hébreux seraient arrivés dans la terre promise 40 ans plus tard, au temps d' Amenophis III. D’ailleurs, comme les chiffres ici ne sont qu’approximatifs, on peut reculer tous les événements de manière à placer l’arrivée en Palestine sous Amenophis IV. Celte hj’pothèse, que nous suggère la chronologie biblique, n’est contredite par aucun document i)ositif et s’appuie sur plusieurs autres indices.

2) Le Pharaon oppresseur. — a) « Il s'éleva sur l’Egypte un autre roi qui ne connaissait pas Joseph. » {Ex., i, 8.) Ces mots annoncent un revirement considérable dans la politique égyptienne, et tout naturellement on pense à l’expulsion des rois Pasteurs, les protecteurs des Hébreux, par les chefs indigènes qui forment la xvii" dynastie. Cette expulsion ne se lit pas en une année, ce fut une guerre qui dura peutêtre un demi-siècle. Lorsque les princes de Thèbes, descendant peu à peu la vallée, eurent entîn emporté d’assaut Avaris, la dernière forteresse des Hyksos, et étendu leur domination sur toute l’Egypte, ils devaient prendre tous les moyens pour consolider leur pouvoir à l’intérieur, et ils portèrent leur attention sur ce peuple d'étrangers, ces Asiatiques qui débordaient déjà de la terre de Gessen. « Voici que les enfants d’Israël forment un peuple plus nombreux et plus puissant que nous. Allons ! Prenons des précautions

contre lui, empêchons-le de s’accroître, de peur que, une guerre survenant, il ne se joigne à nos ennemis poiu' nous combattre et ne réussisse à sortir du pajs. » {Ex., i, 9, 10.) Une pareille mesure se comprend très bien alors que les ennemis étaient encore aux portes et qu’il y avait tout lieu de s’attendre à un retour offensif, elle est beaucoup moins Araisemblable, dans la seconde hypothèse, sous la xix' dynastie, alors que l’empire égyptien dépassait la Syrie et que jusqu'à rOronte tout tremblait devant Pharaon. De même, l’idée d’un h nouveau roi « , le changement de conduite à l'égard d’Israël, s’expliquent moins facilement sous la xix' dynastie, près de deux cents ans après la mort de Joseph, puisque dans les deux hypothèses le Pharaon de Joseph est un Hyksos.

Il est vrai que la durée du séjour en Egypte peut ici intervenir, mais cette durée, bibliqueinent pariant, est fort incertaine. Qu’on la porte jusqu'à 430 ans, ou qu’on la réduise à 215, c’est la première hypothèse qui est j)référable. Les 430 ans ajoutes à 143^ nous mènent à 1867, et comme Joseph ne peut être séparé d’Abraham par guère plus de 200 ans, puisqu’il est son arrière-petit-lils, cela place Abraham vers 2050, date que les autres documents actuels semblent indiquer (A. CoNUAMiN, Etudes, 20 mai 1908, p. 485-501). En adoptant les 210 ans, ce qui est un minimum, on aurait pour Abraham 1802. La seconde hypothèse, qui met l’exode sous Ménephtah, c’est-à-dire deux cents ans plus tard, doit rabaisser d’autant la date d’Abraham, ce qui est moins conforme aux autres données.

l>) Les Egyptiens « établirent donc sur Israël des chefs de corvée, alin de l’accabler par des traA’aux pénibles. C’est ainsi qu’il bâtit des villes pour servir de magasins à Pharaon, savoir Pithom et Ramsès. » {Ex., 1, II.) La fabrication des briques pour la construction de magasins publics, telle fut la cor%ée à laquelle, jusqu'à leur départ, les Hél)reux furent condamnés par les divers Pharaons qui les persécutèrent pendant une centaine d’années. La Bible a reçu ici de l'égyptologie une éclatante confirmation. Pithom, en égyptien pi-tum, la ville ou le temple de Tum, a été définitivement identifié parles fouilles de l'égyptologue suisse Xaa’ille en 188c5, avec les ruines de Tell el-maskhouta, dans le Ouadi Toumilat, à l’ouest d’Ismaïlia. Il y avait là un temple ancien dédié au dieu Tum, d’où le nom de la localité. Naville reconnut que ce temple se trouvait dans une vaste enceinte en briques, sorte de forteresse qui enveloppait une surface de quatre hectares environ. C’est dans cette enceinte qu'étaient les greniers destinés à recevoir le blé cjui servait d’approvisionnement aux troupes. Leurs traces, leur plan étaient encore conservés sous le sable, c'étaient des constructions rectangulaires, de dimensions inégales, solidement bâties en murs de briques, d’au moins deux mètres d'épaisseur (cf. Lagier, Dict. de la Bible, v, 323). Ce même endroit s’appelait Thukut (= Socoth ou Sucoth, Ex., xiii, 20) et ce nom désignait à la fois la ville et la contrée avoisinante. Quant à la ville de Ramsès, elle n’est pas encore identifiée avec certitude. Les uns ont dit que c'était Tanis, les autres pensent que Tanis, bien qu’api^elée dans quelques documents pi-ratnsès, est trop loin de la terre de Gessen, et inclinent pour les ruines de Tell Rotàb au milieu du Ouadi Toumilat. Les récentes fouilles (1906) de Flinders Pétrie en cet endroit ont mis à jour des ruines de temples, des murs en briques, travaux de la xviii<^ et de la xix « dynastie, mais rien n’indique que la ville ait eu nom Ramsès.

Un fait est certain, c’est que la xviii' et la xix' dynastie firent exécuter de grandes constructions en I briques dans la Basse-Egypte (Maspero, Histoire