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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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elle pas pour conclusion naturelle une diffusion’( absolument et physiquement » universelle ? — Nous répondons qu’il suffira de l’universalité « relative et moi’ale >, parce que Jésus-Christ lui-même a clairement fait comprendre que telle serait l’économie de la Providence divine.

Universalité relative. Jamais le Sauveur n’a dit que tous les hommes sans exception entreraient dans la communauté de ses iidèles. Au contraire, il a souvent fait comprendre qu’une partie du genre humain serait réfractaire à la prédication de l’Évang-ile, et que la société chrétienne subirait des hostilités, des persécutions venues du dehors (non moins que des épreuves et dissensions qui se produiraient dans son sein). L’universalité de l’Église n’est donc pas annoncée comme absolue, mais comme relative. (Cf. Marc, XIII, 9-13 ; xvi, i& ; 3Iatth., x, 17-81 ; xxiii, 9-14 ; Luc, X, 10-16 ; XXI, 12-19 ; Joan., xvi, 28 ; xa’ii, 9-23.)

Universalité morale. Jésus-Christ lui-même a indiqué comment s’opérerait la diffusion de son Église à travers le monde. (Luc, xxiv, 47-49 ; --ict., i, 8.) La chrétienté s’établira, d’a])ord, à Jérusalem ; puis en Judée, en Samarie, en Palestine ; puis, de proche en proche, dans les diverses provinces de l’univers gréco-romain ; et l’apostolat devra toujours travailler à étendre, de plus en plus, les conquêtes de l’Eglise. La diffusion du christianisme sera donc moralement, et non ]}as physiquement, universelle ; car, dans cha-Cfue période historique, l’Eglise couvrira « toutes les régions de la terre », selon la mesure où elles seront géographiquement connues des contemporains et selon la mesure où elles seront pratiquement abordables pour les peuples qui, les premiers, auront bénéficié de l’Evangile. A coup sur, l’universalité morale comprendra des territoires beaucoup plus vastes au xix" et xx° siècle qu’au xiii* et au xiv’. Telle est l’économie (extérieure) du salut, fixée par la Providence.

Nous avons ainsi expliqué notre concept de la catholicité : diffusion relativement et moralement universelle de la même société visible à travers les nations.

La catholicité ne constituerait pas (à elle seule), croyons-nous, une « note » positive et démonstrative. Nous ne pensons pas qu’on puisse déclarer impossible a priori l’existence de ce caractère dans une communion chrétienne autre que la véritable Eglise. Nous ne pensons pas davantage que l’on puisse distinguer suffisanuiientisi véritable Eglise parmi les diverses communions chrétiennes, en disant qu’elle doit être, à coup sur, la plus nombreuse et la plus répandue. Ce serait matérialiser outre mesure la démonstration que de réduire pareil problème à une simple question de majorité.

Mais la catholicité constitue, par elle-même, une

« note » négative. Elle permettra d’exclure a^ec certitude

et sans autre examen toute communion chrétienne qui ne sera pas (relativement et moralement) universelle : donc toute Eglise provinciale ou nationale, toute Eglise même qui sera la propriété d’une race ou d’une civilisation particulière. La véritable Eglise, en effet, ne peut admettre semblables limitations ; elle est pour tous les peuples ; elle est « catholique »,

Conclusion sur les quatre a notes »

La sainteté, l’apostolicité, l’unité, la catholicité sont, au sens où nous les avons décrites, des propriétés essentielles à la véritable Eglise du Christ, et, en même temps, des propriétés visibles. Leur absence permettra donc de refuser le caractère de véritable

Eglise du Christ à toute communion chrétienne qui serait dépourvue de ces quatre propriétés, ou même d’une seule de ces quatre propriétés. Au contraire, leur présence permettra d’affirmer avec certitude que la communion chrétienne qui réunirait ces quatre propriétés n’est autre que l’unique et véritable Eglise du Clirist, extérieurement manifestée comme telle par des signes distinctifs.

Mais, au point de vue de la démonstration positive, cliacune des quatre « notes », prise à part, n’est pas d’une égale valeur probante.

La sainteté pourrait suffire à elle seule etdispenser de l’examen de tout autre caractère extérieur. En effet, la sainteté, au sens où elleestune « note », accuse et atteste, d’une manière décisive, l’action privilégiée du Christ dans sa véritable Eglise. La « note » de sainteté fait reconnaître, non pas une vertu quelconque, mais la vertu supérieure, la Aertu héroïque, comme le bien social de l’Eglise, épouse du Christ. C’est le signe divin par la transcendance morale, existant d’une manière continue dans l’Eglise du Christ, au nom même des principes qu’elle professe.

L’apostolicité, Vanité, la catholicité, considérées chacune séparément, ne paraissent pas avoir une signification aussi péremptoire et décisive. Elles foui’nissent trois « notes » négatives, possédant une valeur d’exclusion contre toute Eglise chrétienne qui manquerait de l’un ou l’autre de ces trois signes distinctifs. En outre, au point de vue de la démonstration positive, chacune des trois « notes » en question apportera, par elle-même, un indice précieux, quoique non pas suffisant.

La preuve, toutefois, deviendra certaine si l’on constate e/isem^/e l’apostolicité, l’unité, la catholicité, réunies dans la même Eglise chrétienne. L’apostolicité manifestera la succession continue depuis les apôtres dans le gouvernement de l’Eglise. L’unité, la catholicité apporteront des garanties en faveur de la légitimité de cette même succession, car elles excluront pratiquement l’hypothèse d’une déformation essentielle, d’un schisme ou d’une hérésie qui aurait invalidé la juridiction transmise.

En effet, la catholicité prouve que telle Eglise, qui a conservé la succession apostolique matériellement continue, n’est pas l’Eglise d’une proA’ince, d’une nation, d’une race ou d’une civilisation particulière, mais une Eglise relativement et moralement universelle, 1 Eglise de « toutes les nations ».

Par ailleurs, l’unité prouve que la même Eglise, apostolique et catholique, conserve, dans sa longue durée comme dans sa vaste diffusion, l’un des caractères capitaux assignés à l’Eglise par l’Evangile (caractère bien peu réalisable humainement, au moins en de pareilles conditions) : la subortiination de tous les fidèles à une même juridiction spirituelle et à un même magistère enseignant.

Quand il y a pareille réunion de l’apostolicité, de 1 l’unité, de la catholicité dans la même Eglise chré- j tienne, l’hypothèse d’une déformation essentielle, d’un schisme ou d’une hérésie est pratiquement exclue ; la légitimité successorale est pratiquement garantie. Même sans recourir au critère moral de la sainteté, on possède, par les trois autres « notes », une preuve suffisante de « succession continue et légitime dans le gouvernement de l’Eglise » : bref un critère juridique.

(Et toute cette démonstration est faite sansallusion directe à la primauté de Pierre, ni surtout à la succession romaine de Pierre : mais elle repose sur des principes déjà nettement admis par les membres de toutes les Eglises hiérarchiques. Elle n’a donc pas une valeur et une utilité seulement spéculatives.)

Reste maintenant à es(7H/sse7’(carnous ne pouvons