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ÉGLISE (QUESTION DES NOTES)

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(/3) La Sainteté est une propriété essentielle à l’Eglise. — L’Eglise, essentiellement visible et hiérarchique, constituée par le Sauveur, a pour raison d’être, poui’fin immédiate, de procurer la sanctification des âmes, en A’ue de la gloire éternelle. Donc, s’il est vrai que Jésus-Christ demeure au milieu de son Eglise pour lui faire atteindre ellicacement son but, il est également vrai que lEglise chrétienne procure, tl’une manière très réelle, la sanctification des âmes.

Nous avons noté plus haut (col. 1226) que l’aspect intérieur ou spirituel du « royaume de Dieu », l’amour filial envers le Père céleste, bref la sainteté la plus haute et la plus excellente, est l’élément spécifique, le caractère distinctif de l’Evangile de Jésus.

Le sermon sur la montagne, qui expose méthodiquement les principes moraux du « royaume de Dieu », dans les conditions de la vie présente, recommande les vertus supérieures et même héroïques : chasteté, humilité, charité, abnégation, amour des ennemis. La différence essentielle entre l’ancien ordre de choses et l’ordre de choses que vient établir Jésus-Christ, c’est que l’ancien ordre de choses comportait surtout la conformité extérieure avec la Loi mosaïque, tandis que la morale chrétienne comportera surtout la perfection intime de l’àme, la sainteté intérieure.’( Je vous déclare que si votre justice n’excelle pas a plus que celle des scribes et des pharisiens, vous

« n’entrerez pas dans le royaume des cieux. » 

(Matth., V, 20.)

Au même enseignement, il faut rattacher le passage du discours après la Cène, où le Sauveur parle de la consécration privilégiée des apôtres, en vue de leur mission auprès des âmes : « Sanctiliez-les [mes

« disciples] dans votre A’érité : votre parole est vérité.

" Comme vous m’avez envoyé dans le monde, je les << ai aussi envoyés dans le monde. Et je me sanctifie

« moi-même pour eux, afin qu’eux aussi soient sanctitiés

en vérité. » (Joan., xvii, i’y-21.)

L’Eglise du Christ est donc essentiellement une Eglise sa/Ai^e. Rappelons les paroles célèbres de l’apôtre Paul aux Ephésiens : « Maris, aimez vos femmes,

« comme le Christ a aimé l’Eglise et s’est livré lui-même

pour elle, afin de la sanctifier par la parole.

« après l’avoir purifiée par le baptême d’eau, en vue
« de se la présenter à lui-même. Eglise glorieuse, 
« n’ayant ni tache ni ride, mais sainte et iramaculée.

» (Eplies., v, 22-27.) ^^ même doctrine se retrouve ailleurs sous d’autres formes non moins expressives. (77/., 11, i^ ; I Petr., ir, 5 et g.)

La sainteté des principes et des membres est une propriété indispensable, essentielle à l’Eglise du Christ, pour vérifier sa raison d’être, pour réaliser sa fin immédiate, pour continuer d’être l’Eglise même du Christ.

(y) La Sainteté de l’Eglise est une propriété visible.

— (^)ue la sainteté des principes soit chose api)arentc et visible ; qu’on discerne facilement si une Eglise chrétienne enseigne, recoiiimande, favorise la sanctification intérieure, la pratique dos vertus supérieures et des vertus héroïques, personne, évidemment, ne peut en disconvenir. Aucun doute ti cet égard.

Mais on discute plus volontiers sur la sainteté des membres : cette sainteté est-elle chose apparente et visible ? Le motif de douter est que la sainteté consiste proprement dans les dispositions mêmes de la conscience, dans l’état intérieur de l’àme : par conséquent, elle n’est apparente et visil)le qu’au seul regard de Dieu, et non pas au regard des liommcs. Néanmoins, il faut ré[)()iHlre que, considérée directement et en elle-même, la sainteté est apparente et visible au seul regard de Dieu ; mais que, considérée indirectement et dans ses effets extérieurs, la sainteté est apparente et visible au regard même des hommes.

La sainteté intérieure de l’àme se manifeste par diÛérents actes extérieurs : de piété envers Dieu, de charité envers le prochain, d’abnégation envers soimême, en un degré supérieur ou héroïque ; et de pareils actes peuvent porter avec eux des signes spécifiques de sainteté véritable : pai’leur transcendance, leur constance, les conditions où ils se produisent, notamment par leur caractère authentique d’humilité. Il devient clair, en pareil cas, que de tels actes de vertu supérieure ou héroïque ne s’expliquent sérieusement par aucun amour humain, par aucun motif mondain, et qu’ils attestent l’intervention sanctifiante de Dieu même : Digitus Dei est hic.

Répétons-le : une précieuse garantie contre l’erreur en cette matière, c’est que la constatation des actes de vertu, le discernement de la sainteté véritable, est l’œuvre de celle des facultés humaines qui est la plus droite et la moins accessible aux méprises et aux sophismes : la conscience morale. Tout homme, d’àme quelque peu honnête, qui aura connu de près l’existence d’un saint François Xavier ou d’un saint Vincent de Paul, reconnaîtra parfaitement la vertu héroïque, et il discernera fort bien la sainteté authentique. Même s’il veut s’obstiner à disputer en paroles, il saura, au fond de son cœur, à quoi s’en tenir. La conscience morale est perspicace et ferme.

De la sorte, la sainteté, considérée indirectement et dans ses effets extérieurs, est chose apparente et visible au regard même des hommes. Aussi l’Evangile nous propose-t-il la vertu supérieure ou héro’ique des disciples du Sauveur comme un signe distinctif auquel on devra reconnaître et discerner (en ce monde) la société fondée par Jésus-Christ, le groupe authentique des fidèles du « royaume de Dieu «.

« Vous êtes la lumière du monde. On ne peut
« cacher une ville située au sommet de la montagne.
« On n’allume pas une lampe pour la mettre sous le
« boisseau, mais sur le chandelier, et elle éclaire
« tous ceux qui sont dans la maison. Qu’ainsi votre
« lumière brille devant les hommes, afin que, voyant
« vos bonnes œuvres, ils glorifient votre Père qui est
« dans les cieux. » (Mattli., v, 14-16.)

Même enseignement à propos du contraste entre les prédicateurs de l’Evangile du « royaume » et les prédicateurs de mensonge. (.l/rt/ZA., vii, 1D-20.) Citons enfin la prière sacerdotale du Sauveur : « Je ne prie

« pas pour eux seulement | les Douze |. mais aussi’( pour ceux qui, par leur parole, croiront en moi, 
« pour que tous soient un, comme vous, mon Père, 
« vous êtes en moi et moi en vous ; pour que, eux
« aussi, ils soient [un] en nou<, , afin que le monde
« croie que vous m’avez envoyé. Et je leur ai donné la
« gloire que vous m’avez donnée, afin qu’ils soient
« un comme nous sommes un, moi en eux, et vous
« en moi, afin qu’ils soient consommés en un, et que
« le monde connaisse que vous m’avez envoyé et qiu^
« A^ous les avez aimés comme vous m’avez aimé. » 

(Joan., XVII, 20-23.)

Propriété essentielle, propriété visible, la sainteté des principes et des membres est donc un signe extérieiu

  • et distinctif, une véritable « note » de l’Eglise

lia (Christ. « Note » bien apparente et persuasive : Aon potest abscondi civitas supra montent posita.

c) l’Apostolicilé

(a) Qu’est-ce que l’apostolicité ? — L’apostolic en tant que « note » de l’Eglise, peut se définir d les termes suivants : Succession continue depuis apôtres dans le gouvernement de l’Eglise.

Nous ne parlons donc que iVunc apnstolicité succession, et non pas d’une apostolicité de doctr En effet, Y apostolicité de doctrine reviendrait

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