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DOGME

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une note de Cambatérès, porta les sentences des deux olttcialités à la connaissance du public. Le même jour, le Journal des Curés annonçait qu’elles avaient reçu l’approbation unanime du Comité ecclésiastique réuni à Paris. L’archevêque de Vienne, avant de procéder à la célébration du mariage de Marie-Louise avec Tarchiduc Charles, qui représentait Napoléon, manifestalintention d’examiner les sentences parisiennes ; sur la protestation de l’ambassadeur de France, il s’en rapporta à la pai-ole de celui-ci, qui attestait

« qu’il avait vu et lu les originaux des deux sentences

des deux olBcialités diocésaines de Paris… et qu’il résulte de ces actes que, conformément aux lois ecclésiastiques catholiques établies dans l’empire français, ledit mariage a été annulé de toute nullité x. Le second mariage de Napoléon fut célébré à Vienne le 1 1 mars 1810.

Pie VII, par contre, lorsqu’il connut à Savone les événements, protesta, devant les Cardinaux qui l’entouraient, contre l’illégalité des sentences rendues par les oflicialités parisiennes en une matière qui n’était pas de leur compétence.

Cette protestation du Pape, connue des Cardinaux qui se trouvaient à Paris, fut cause d’un grave inci<lent lors de la célébration du second mariage au Louvre, le 2 avril 1810. Treize cardinaux sui- Aingt-sept refusèrent d’y assister. Bien que, dans une note remise quelques jours après à l’Empereur, ils aient déclaré « qu’ils n’entendaient pas s’immiscer dans le fond de lalTaire, et statuer sur la validité ou sur l’invalidité du premier mariage, par conséquent sur la justice ou l’injustice des causes du second, que leur désir était de ne point léser les droits du Saint-Siège, qui, à leur a^is, devait être le seul juge compétent dans cette affaire », ils reçurent la défense de porter les insignes de leur dignité, et furent dispersés en diverses villes de France et soumis à la surveillance le la police jusqu’à la chute de l’Empire.

Mais pourquoi le Saint-Siège n’a-t-il pas protesté plus tard ?

On peut donner plusieurs raisons de son silence. La première, c’est que la cause ne lui fut pas officiellement déférée par Joséphine, et que, dans ces sortes de causes, le Pape n’intervient que sur la demande de la partie lésée. La seconde, c’est qu’au fond l’iniquité du jugement pouvait paraître douteuse. La troisième, enfin, est un motif d’opportunité : le Pape était resté en dehors de toute cette affaire ; le doute subsistait sur le fond de la cause, personne n’en réclamait la revision ; le silence du Saint-Siège devait donc passer, auprès des esprits sincères et réfléchis, pour un acte de prudence, et non pour une approbation de l’injure faite à la sainteté du mariage.

A consulter : H. Welscui-nger, Le du’orce de Napoléon, Paris 1889. — B. Duiiu, S. J., Divorce et second mariage de Napoléon A (allein.), dans Zeilschrift fiir Kathol. Théologie, 1888, 4 Heft.

Sur la question du divorce en général, on consultera avec fruit : J. Cauvière, Le lien conjugal et le Divorce, Paris, Thorin. Et voir ci-dessous l’arliclc M.A.niAGE.

[P. GCILLEUX], J. DE LA SeRVIÈRE.


DOGME. —
I° Partie (historique) :
I. Le mot et

.sort liistoire. — II. Sommaire de la doctrine catholique. — III. Aperçu sur les théories modernes : A. catholiques, B. hétérodoxes.

II° Partie (dogmatique) : Existence ET OBJET DU DOGME :
IV. Existence du dogme. — V. Trois classes de dogmes. — VI. Valeur de vérité. — VII. Valeur de vie. — VIII. Dogme et théologie. — IX. Dogme et formules dogmatiques.

IIIe Partie (dogmatique) : Développement du dogme :
X. Notions de l’implicite et de l’explicite. — XI. Germe primitif. — XII. Plénitude apostolique. — XIII. Immutabilité. — XIV. Objet du développement. — XV. Facteurs.— XVI. Phases.— XVII. Critères. — XVIII. Avenir du dogme.

Conclusion : XIX. Economie de la révélation. — XX. Bibliographie.

Ie Partie. — Historique

I. Le mot. — Dans le langage chrétien, le mot dogme désigne une vérité qui appelle un assentiment de foi.

Histoire du mot : Dérivés du même verbe ôîzé&j, les mots 05 ; a elôe/u-a ont eu une fortune différente.

Dans le langage platonicien et aristotélicien, ôd^x désigne, par opposition à la science, qui démontre, le jugement ou opinion, que fondent les apparences sensibles.

Dans le vocabulaire stoïcien, ocr/ucn désigne une opinion arrêtée, un jugement, principe d’action, Travri yxp oiiziov rsO — pK77ïev rt ôî’/yK, Epictète, Dissent. III, c. ix, ii, 12, vice ou perfection de l’esprit, fii^’^ii [^’-’àxaSa^TiK C15-/y. « T «  r.o-j-npv., Dissert. IV, c. xi, n. 8 ; Cicéron, Academ. post., 1. II, c. ix ; Marc Aurèle, Comment., 1. II, n.3 ; 1. III, n. 13. etc.

Dans le grec du X.-ï., ôsfa est réservé au sens de gloire ; ôd-/ixcf. signifie le placet ou décret administratif du pouvoir civil, Luc, ii, 1 ; Act., xvii, 7, ou de l’autorité apostolique, Act., XVI, 4, ou encore les prescriptions de la loi mosaïque, Ephes., III, 15 ; Col., 11, 14.

Chez les Pères, sous l’influence du langage stoïcien, le mot ôdy ; i.oL se restreint à exprimer les vues chrétiennes en matière de foi, ou, si l’on veut, les divers jugements qui s’imposent à la foi et caractérisent la philosophie nouvelle, celle du Christ. S. Justin, I Apol., n. 26, P. G., t. VI, col. 3(59 ; cf. n. 20, col. 357 ; S. Irénée, Èpist. ad Florin., P. G., t. VII, col. 122.5. L’usage s’accentue chez les Pères alexandrins. Clément d’Alex., Strom., 1. VII, P. G., t. IX, col. 544. Le mot, employé encore, par opposition à jtWov/ua, l’enseignement ecclésiastique, pour désigner les prescriptions rituelles, cc/is -/ùp ôd-/ij.y. /.vX v.)lo x » ; /5v/aa, par S. Basile, De Spir. Sancto, c. xxvii, n. 63, P. G., t ! XXXII, col. 188, 189, est réservé expressément à la doctrine dans S. Grégoire de Nysse, Epist. xxiv, P. G., t. XLVI, col. 1089. C’est le sons qui a prévalu : Cælestis pîdlosopliiæ dogniata, Vincent de Lérins, Contmon. I. c. xxii, P. L., t. L, col. 668.

On éclairera encore le sens du mot, en étudiant l’expression voisine, « article de foi >>.

S. Thomas nomme article la vérité de foi que caractérise une difficulté spéciale. L’artifle a donc une certaine individualité : celle d’un membre, ti.oOcw, dans le corps de la doctrine chrétienne. Ainsi la passion, la mort, la sépulture du Christ, présentant au fond la même difficulté, se rapportent à itn article, bien qu’elles donnent lieu à plusieurs propositions, dont chacune exige l’assontimenl du croyant. In IV Sent.. 1. III, dist. 25, q. 1, a, 1, q. 1, sol, ; Sum. t/ieol., II, n. q. 1, a. 6, c ; S. Bonaventure, In IVSent., 1. iii, dist. 25, éd. Quaracchi, t. IIJ, p, 525.

Dogme et article de foi. on le voit, ont été définis par leur rapport avec rintelligence.

II. Sommaire de la doctrine catholique. — L’enseignement de l’Eglise, sur le sujet i)résent, est résumé dans les textes officiels suivants. Ils forment la base de cette élude et le lecteur voudra bien s’y reporter.

1° Fin du dogme. — La raison d’être du dogme est celle de la révélation. Le concile du Vaticah la définit ainsi :

a. Il faut attribuer à cette divine révélation, que les vérités qui, dans les choses divines, ne sont pas de leur nature inaccessibles à la raison humaine, puissent, même dans la condition présente du genre humain, être connues de tous, sans difficulté, avec une ferme certitude, et sans mélange aucun d’erreur.

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