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lippe lui avait léguée par testament « comme à sa très chère épouse >. (cf. Luchaire, Philippe-Auguste et Innocent III, à ?in ?, V Histoire de France cleE. Lavisse ; t.III(i), p. 144sq., et les auteurs auxquels il renvoie).

2, " Louis XII et Jeanne de Valois (i^gS). — Louis, duc dOrléans, avait épousé en 1476 Jeanne de France, lille de Louis XI ; la princesse, à laquelle ses rares Aertus ont mérité labéatilication, était contrefaite et d’une laideur repoussante ; Louis d’Orléans ne l’avait épousée qu’à contre-coeiu-, forcé par la terrible volonté du père de Jeanne. A peine sur le trône de Fi-ance (i^gS), il demanda au Pape Alexandre VI l’annulation de son mariage, fondant sa demande sur quatre chefs principaux : i-^ Sur ce qu’il était parent de Jeanne de France au quatrième degré ; 2’^ sur ce que Louis XI, père de Jeanne, ayant été son parrain, il y avait entre elle et lui une affinité spirituelle qui annulait le mariage ; 3’^ sur ce qu’il n’avait donné à ce mariage qu’un consentement forcé ; 4° sur ce que Jeanne était tellement contrefaite, que les médecins la jugeaient incapable d’avoir jamais d’enfants.

En ce qui regarde les deux premiers points, il est de fait que la parenté et l’affinité spirituelle constituaient des empêchements dirimants ; mais Jeanne prétendait que ces empêchements avaient été levés par une dispense. Elle ne put toutefois apporter qu’une copie de cette dispense, et le témoignage de l’évêque d’Orléans chargé de la fulminer. Celui-ci n’osa affirmer que la dispense d’aflinité spirituelle fût mentionnée dans la Bulle pontificale.

De tous les motifs présentés par Louis XII pour obtenir la déclaration de nullité de son mariage, celui sur lequel on insista davantage fut le motif de violence. Il convient de se défier des témoignages plus ou moins sincères, et des pièces écrites plus que suspectes, qui furent produits pour attester la violence dirigée contre le jeune duc d’Orléans dans la réalisation de son mariage ; néanmoins il reste probable, vu le caractère de Louis XI qui avait fermement voulu cette union, que le futur roi de France avait pu n’avoir pas toute la liberté nécessaire pour refuser la main de Jeanne. L’évoque d’Orléans assura que, lorsqu’il demanda au duc d’Orléans s’il consentait à épouser la princesse Jeanne, le duc lui avait répondu : « Hélas, monseigneur d’Orléans, mon ami, fjue ferai-je ? Je ne saurais résister, j’aimerais mieux être mort que de faillir à le faire ; car vous connaissez à qui j’ai affaire, il n’est force et n’y a remède. » Il aurait dit à d’autres personnes : « J’aimerais mieux épouser une simple demoiselle de Beauce. »

Sur la (jiu’stion d’inquiissance et de non-consommation, la reine répondait que sa conscience l’empêcliait d’en demeurer d’accord. Le roi, cependant, insistait fort de ce côté. Il fut produit une lettre de Louis XI au comte de Dammartin, ainsi conçue : « Je me suis délibéré de faire ce mariage de ma petite fille Jeanne avec le petit duc d’Orléans ; pour ce qu’il me scml)le que les enfants qu’ils auront ensemble ne leur coûteront guère à nourrir ; aous avcrtissant que j’espère faire ledit mariage ; autrement, ceux qui iraient au contraire ne seraient guère assurés de leur vie en mon royaume ; par quoi il me seml)le que j’en ferai le tout à mon intention. »

La reim- Jeanne se refusa constamment à la visite des matrones, alléguant que cette épreuve était contraire à la jjudcur, et au-dessous d’une personne de sa naissance. KHe finit i)ar déclarer s’en rapporter au serment du roi. Louis.II ])rèta le serment que les défauts cor|)orcls de Jeanne mettaient obstacle à la consounnalioii du mariage. La sentence de nullité

fut rendue à Amboise le 17 décembre 1498, et Louis XII épousa Anne de Bretagne.

Si la vertu de la reine lui mérite une sympathie que n’excitent à aucun degré les procédés du roi dans le procès, on ne doit pas, pour autant, taxer d’injustice la sentence rendue contre elle : d’abord parce que, dans cette affaire, il est essentiel de séparer la responsabilité des juges de celle des témoins ; ensuite parce (pi’on se trouvait en présence d’une de ces situations douteuses dont la solution s’impose au juge, quand cette solution est favorable au bien public (cf. de Maulde, Jeanne de France, Pavi>, 1883 ; — id., Alexandre VI et le divorce de Louis XII : Bibliothèque de V Ecole des Chartes, t. LVH, 1896). Il est, du reste, à noter que cette décision, légitime en somme, d’Alexandre VI, suscita un certain scandale parmi les contemporains, ce malheureux Pape ayant, en retour du service rendu, sollicité et obtenu pour son fils César un riche apanage français et le titre de duc de Valentinois (Pastor, Histoire des Papes, t. VI, p. 56 sq.).

4° Henri I"V et Marguerite de Valois (1099j 600). — Marguerite de Valois, sœur de Charles IX. épousa, le 18 août 15^2, à Notre-Dame de Pai-is, Henri, roi de Navarre. Les dispenses nécessaires à cette union, à cause de la différence de religion, de la parenté des deux fiancés, enfin de l’affinité spirituelle qui les unissait (Henri II, père de Marguerite, avait été le parrain d’Henri de Navarre), avaient été refusées par S. Pie V d’abord, par Grégoire XIII ensuite ; malgré ce refus, le Cardinal de Bourbon, peut-être trompé, croyant que le Bref de dispense avait été accordé par le Pape et arriverait prochainement, consentit à la célébration du mariage. Les dispenses ne furent concédées par Grégoire XIII que plusieurs mois après ; le mariage était donc nul, et les époux prétendirent, dans la suite, n’avoir ni renouvelé leur consentement, ni consommé leur union après la réception des dispenses. De plus Marguerite avait manifesté la plus vive répugnance du mariage, éprise qu’elle était alors du jeune duc de Guise ; elle n’avait cédé qu’à la pression de Catherine de Médicis et de Charles IX, qui voyaient dans cette union un gage pour la pacification de la France. Si l’on en croit Davila, lorsque le Cardinal de Bourbon demanda à la princesse si elle donnait son consentement,

« Madame Marguerite ne dit jamais aucun mot ; alors

le Roy son frère, luy ayant porté la main sur la teste, la luy lit pancher, et ceste action fut prise pour le consentement qu’elle prestoit, bien que toutesfois, et auparavant, et depuis, aux lieux où elle pouvoit parler librement, elle eut toujours déclaré ([u’elle ne sçavoit point accommoder son esprit, non seulement à se priver du duc de Guise, à qui elle avoit déjà engagé sa foy, mais encore à prendre pour mary un de ses plus grands ennemis » (Guerres ci-iles de France, t.I, p. 609 ; Paris 1O61). Les deux époux vécurent presque constamment séparés, menant, chacun de son côté, la vie la plus licencieuse.

Après (lu’IIenri IV lui dcNcnu le maître incontesté

« le la France, désireux d’avoir des héritiers légitimes, 

il ]tria Marguerite de consentir à introduire devant le Pai)e Clément Vlll une instance en annulation de mariage. Marguerite refusa, laiil (luelle crut que Henri voulait faire reinede FranceGalniellcd’Kslrees, duchesse de Beaufort ; celle-ci étant morte le 8 avril 1599, la fille de Henri H consentit, moyennant certains avantages, à demander au Pai)e l’annulation d’un uuiriage ipii lui avait élé iuq)osé. disait-elle,

« par force et contrainte >> ; Henri IV pourrait ainsi

rechercher l’alliance d’une i)rincesse étrangère. D’Ossat conduisit à Rome la négociation ; Clément A’III