Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/529

Cette page n’a pas encore été corrigée

1041

DIEU

1042

4° Elle a la ioule-piiissaiice créatrice : TEtre par soi, l’Être nièine, qui est cause propre, non pas de telle modalité de lètre (chaleur ou lumière), mais de l’être comme être, est cause de tout ce c]ui n’est pas être par soi, et peut être cause de tout ce qui est siisceptiltlc d’exister. L’être i)ar soi réalise, est cause propre de l’être, comme le feu^ cliaull’e. comme la lumière éclaire ; il peut réaliser tout ce qui n’implique pas contradiction, comme le feu peut cliaufl’er tout ce qui est susceptible de l’être (I », q. 20, et q. 4â, a. 5).

5^ Preuve par la contingence. — Nous venons de montrer que la source du devenir et de l’être doit exister par soi, mais on peut i>rouver a posteriori l’existence d’un être nécessaire, en prenant pour point de départ, non plus la dépendance du devenir ou de l’être à l’égard de ses causes, mais l’ctre considéré en lui-même comme contingent.

Nous Aoyons des êtres contingents, c’est-à-dire des êtres qui peuvent ne pas exister, nous avons un signe certain de leur contingence dans ce fait qu’ils n’existent pas toujours, mais au contraire naissent et meurent. Tels les minéraux qui se décomposent ou entrent en constitution d’un nouveau corps, tels les plantes, les animaux, les hommes. Voilà le fait.

De ce fait on s’élève à l’existence d’un être nécessaire, qui existe par soi dès toujours et ne peut pas cesser d’être. Des êtres pouvant exister et ne pas exister, n’existent en fait que i)ar un être Cqui existe par soi. Le principe de la ] » reuve est le principe métaphjsique de causalité, sous sa forme la plus générale : ce qui n’a pas en soi la raison suflisante de son existence, doit avoir cette raison dans un autre ; et cet autre, en fin de compte, doit exister par soi, car s’il était de même nature que les êtres contingents, l>ien loin de pouvoir les expliquer il ne s’expliquerait jias lui-même. Et peu importe, encore une fois, que la série des êtres contingents soit éternelle ou non, >i elle est éternelle, elle est éternellement insutlisanle, et dès toujours réclame un être nécessaire.

On objecte souvent : cette démonstration ne nous avance guère, elle n’établit pas que l’être nécessaire est distinct du monde et infiniment parfait, elle prouve seulement qu’il y a quelque chose de nécessaire. Ca-JETAN répond : à la rigueur cela sullit ; car les deux preuves précédentes ont établi que le premier moteur et la cause première sont distincts du monde (puisque le monde est sujet du devenir et que le ]iremier moteur et la cause première ne peuvent l’être), et la ]>rcuve suivante démontrera a posteriori l’unité, la simplicité et la perfection absoluede l’être nécessaire.

Il est j)ourtant facile d’établir a priori, dès maintenant, que l’être nécessaire, dont on Aient de prouver l’existence, n’est : r/ : ni la collection des êtres contingents ; b : ni leur loi ; c : ni un devenir sousjacent aux phénomènes ou une su])stance qui leur serait commune ; d : mais qu’il est l’Etre même, pur être, absolue perfection.

a : , L’ctre nécessaire n’est pas la collection des êtres contingents. Une série d’êtres contingents et relatifs fùt-clle sans commencement, étcriu-lle. ne constitue I>asplus un être nécessaire absolu, qu’une série innombrable d’idiotsne constitueraitnu hounne intelligent.

— « Mais, objecte-t-on, comment prouver qu’un être est vraiment contingent ? N’est-ce i)as une apparence, qui tient à ce que nous l’avons al)strait du tout continu ? » Lf. Rov, liev. de Met. et Mor., mars 1907, art. cit. — L’être dont on i)arle, la plante, l’animal, est au moins une partie de ce continu, ce n’est pas le tout ; de jjIus c’est une partie qui airive à l’existence

« l cesse d’être, donc une partie coutingente. Une collection, 

même infinie dans le tem])s et l’espace, de parties semblables ne peut faire un être nécessaire.

Il faudrait au moins y ajouter un principe dominateur, que ce soit leur loi ou le devenir qui les traverse (évolution créatrice) ou la substance commune à tous.

b : L’être nécessaire ne peut être la loi qui unit les éléments contingents et transitoires. Cette loi, pour être l’être nécessaire, devrait avoir en soi sa raison d’être et contenir la raison d’être de tous les phénomènes qu’elle a régis, qu’elle régit, qu’elle régira. Or une loi n’est qu’un rapport constant entre plusieurs phénomènes ou plusieurs êtres, et comme tout rapport suppose lesextrêmes qui le soutiennent, l’existence d’une loi suppose l’existence des phénomènes qu’elle unit, bien loin d’être supposée par eux. Elle n’existe que s’ils existent. La chaleur dilate le fer, s’il y a de la clialeur et du fer. L’énergie se conserve s’il j- a de l’énergie.

On objectera : assurément l’application d’une loi suppose l’existence des phénomènes qu’elle unit, mais l’existence d’une loi n’est-elle pas indépendante de son ai)]ilication ? — Ce qui est indépendant de cette ap|)lication. c’est l’existence idéale de la loi, existence dans un esprit à laquelle correspond une vérité o])jective hypothétique (ex. : s’il y a de la chaleur et du fer, la chaleur dilatera le fer). Mais on ne peut i>rctendre que l’existence actuelle d’une loi est indépendante de son application et de l’existence des phénomènes qu’elle régit ; or c’est de l’existence actuelle que parlent les panthéistes cjui prétendent que l’être nécessaire actuellement existant n’est autre que la loi des phénomènes. Supin-imcz l’existence contingente des phénomènes, cet être nécessaire qu’est la loi n’est plus qu’une vérité hypothétique, cpii demande à être fondée dans un Absolu existant en fait (preuve i)ar les vérités éternelles), mais qui ne peut être l’Absolu. Nous avons dit plus haut (col. 96^), pourquoi la chaleur en soi ne peut exister, à l’état séparé des individus ; elle implique dans son concept une matière commune cjui ne peut être réalisée sans être en même tenq)S individuée.

Mais, insistent les positivistes, il est une loi qui engendre les phénomènes par lesquels elle subsiste : la loi de la conservation de l’énergie est une nécessité primordiale et universelle cjui explique tout le reste. Si « rien ne se perd et si rien ne se crée ». comme l’afTirme cette loi, l’être nécessaire est le monde physique lui-même dominé par cette loi. — Nous avons cité plus haut (cf. col. 1026) la réponse faite à cette objection par M. BouTRoux dans sa thèse sur La contingence des lois de la nature, i" Cette loi, loin d’être une nécessité primordiale, est-elle même contingente ; elle n’a i)as en soi sa raison d’être, et à ce titre demande nue raison d’être extrinsèque, ou une cause. — Fùt-elle nécessaire comme le principe d’identité, elle n’existerait pas actuellement par soi, mais, comme toute loi, supposerait l’existence des êtres dans lesquels elle est réalisée, ici l’existence de l’énergie. — 2" Cette loi, loin d’être universelle, n’est même ])as susceptible de vérification rigoureuse dans le monde inorganicpie ; elle est inériliable en biologie et a fortiori en psychologie. — 3" D’elle ne se pcuvvni déduire les lois du vivant, du sujet sentant, de l’intelligence ; la combinaison d’éléuients d’où résultent la vie, la sensation, apparaît comme contingente et demande une raison d’être que la loi de la conscr ation de la force ne peut contenir.

c : L’être nécessaire ne peut être le de^-enir (l’évolution créatrice)qm traverse les éléments contingents, ni la substance qui leur serait commune. — On sait l’objection courante : « Supi)Osé que chaque être pris à part fût contingent, il faudrait montrer la contin-