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jiistes, des drnamistes. Le prétendu postulat du morcelage. Conséquences de cette preuve. Première réfutation du panthéisme : le premier moteur, qui ne peut avoir en lui de devenir, est essentiellement distinct dumondequi, lui, est toujours changeant. — i° Preuve par les causes efficientes. La cause productrice et conservatrice de Vètre. — ï>° Preuve par la contingence. L’être nécessaire n’est ni la collection des êtres contingents, 7Il leur loi, ni le devenir ou une substance qui leur serait commune. L être nécessaire est l’être souverainement parfait. Cette preuve n’implique aucun recours dissimulé à Vargument de S. Anselme. — 6’^ Preuve par les degrés des êtres. Réalisation hiérarchisée des transcendantaux. Le premier être. Deuxième réfutation du panthéisme : le premier être est distinct du monde, de par son absolue simplicité. La première intelligence. Cette preuve se précise par trois autres : a) preuve par les vérités éternelles, la suprême vérité, le premier intelligible ; b) preuve par l’aspiration de l’âme vers le bien absolu, premier désirable ; c) preuve par le caractère obligatoire du bien, le premier et souverain bien. Rapport de cette preuve avec celle par la nécessité d’une sanction pour assurer l ordre moral. — 7° Preuve par l’ordre du monde. So71 point de départ : toute multiplicité ordonnée. Son rapport avec la précédente. Sa rigueur absolue.

IVe Partie. — La Nature de Dieu. — 1° Quel en est le constitutif formel : l’asêitê ou l’intellection ? — 2° Les attributs divins se déduisent de l’aséité. — 3° L’intellection divine. — 4° La vie divine. — 5° La volonté et la liberté divines.


Ire Partie

Enseignement de l’Eglise sur l’existence et la nature DE Dieu, et sur la connaissance que nous en pouvons avoir par la lumière naturelle de la RAISON humaine.

i"" Définition du Concile du Vatican sur 1 existence et la nature de Dieu. —

La sainte Eglise calliolique, apostolique, romaine, nous dit le Concile du Vatican (Const. Bei Filius, cap. i), croit et confesse qu’il y a un seul Dieu Arai et vivant, Créateur et Seigneur du ciel et de la terre, tout-puissant, éternel, immense, incompréhensible, inlini en intelligence, en volonté et en toute perfection ; qui, étant une substance spirituelle unique par nature, absolument simple et immuable, doit être déclaré distinct du monde en réalité et par son essence, bienheureux en lui-même et par lui-même et élevé au-dessus de tout ce qui est et peut se concevoir en dehors de lui. » (Traduction de Vacant.)

Pour préciser ce qui, dans ce paragraphe, est de foi catholique, nous résumerons les conclusions établies sur ce point par Vacant dans ses a Etudes théologiques sur les Constitutions du Concile du Vatican, d’après les Actes du Concile ». — Après avoir affirmé notre foi en Dieu, en le désignant par les principaux noms que l’Ecriture lui donne, le Concile déclare quelle est la nature de Dieu, quels sont les attributs constitutifs de l’essence divine. L’éternité, l’immensité et l’incompréhensibilité nous montrent que l’essence divine est au-dessus du temps, de l’espace, et de toute conception des créatures. L’éternité signifie qu’il n’y a et ne peut y avoir en Dieu ni commencement, ni fin, ni changement ; l’absence de toute succession, admise par l’unanimité des théologiens comme élément du concept d’éternité, est une vérité certaine qui approche de la foi, mais ne semble point encore un dogme de foi catholique. — L’immensité divine définie signifie que la substance de Dieu est et

doit être tout entière présente à toute créature qu’elle conserve dans l’être, et à tout lieu existant. — L’incompréhensibilité divine signifie que Dieu ne peut être pleinement compris par aucun autre que lui-même, la vision intuitiAC de Dieu accordée aux bienheureux ne peut elle-même aller jusqu’à cette plénitude. — En définissant que Dieu est infini en toute perfection, le Concile précise en quel sens il faut entendre ici le terme infini. Les anciens philosophes ont souvent appelé infini ce qui n’est pas achevé, ce qui n’est pas complètement déterminé. Lorsque l’Eglise dit que Dieu est infini, elle veut dire au contraire qu’il possède toutes les perfections possibles, que sa perfection est sans limite aucune, sans borne, sans mélange d’imperfection, de telle sorte qu’on ne peut rien concevoir qui le puisse rendre meilleiu". Le Concile écartait par làTeri-eur hégélienne, d’après laquelle l’être infini formé de toutes les perfections possibles est un idéal qui tend à se réaliser, mais qui ne pourra jamais l’être. En ajoutant en intelligence et en volonté, le Concile condamne le panthéisme matérialiste suivant lequel la divinité n’est qu’une nécessité aveugle et impersonnelle, une loi fatale sans intelligence ni volonté. — Quant aux autres perfections qui peuvent être attribuées à Dieu, et dont le Concile ne parle pas, ce sont seulement celles dont la notion n’implique aucune imperfection ; et toutes ces perfections absolues (simpliciter simplices ) s’identifient dans une éminence absolument simple, dont elles constituent comme les aspects virtuels et qui est à proprement parler la Déité.

2° Sens et portée de la définition sur la distinction de Dieu et du monde. — Le Concile aborde ensuite la question de la distinction de Dieu et du monde. Dès 1215, le IV’Concile de Latran avait condamné le panthéisme d’AMAURV de Chartres, comme une folie plutôt que comme une hérésie. La réapparition et les progrès de cette erreur exigeaient une définition plus explicite et motivée. Le Concile définit donc la distinction de Dieu et du monde, et indique les principales preuves de cette doctrine. Ces preuves sont réduites à trois : « Deus qui cum sit una singularis, simplex oninino et incommutabilis substantia spiritualis, prædicandus est re et essentia a mundo distinctus. » — l’J Dieu est unique par nature ; c’est-à-dire que la nature divine ne peut se multiplier en plusieurs êtres, elle ne peut être réalisée qu’en un seul Dieu ; l’être de Dieu est donc réellement et essentiellement distinct du monde où l’on trouve la multiplicité des genres, des espèces, des individus. — 2’^ Dieu est absolument simple ; l’être de Dieu est donc réellement et essentiellement distinct du monde, où l’on constate soit la composition physique (parties physiquement distinctes les unes des autres dans les corps), soit la composition métaplnsique (essence susceptible d’exister et existence), soit la composition logique (genre et différence spéciflque). — 3° Dieu est immuable, l’être de Dieu est donc réellement et essentiellement distinct du monde, 0Il l’on constate partout le changement ou la possibilité du changement. — Le Concile précise la distinction : « re et essentia a mundo distinclus ». Ce n’est pas une distinctioa de raison, ni une distinction virtuelle comme celle qui existe entre deux attributs divins, c’est une distinction réelle, en vertu de laquelle Dieu et le monde ne sont pas une chose, mais deux choses. Cette distinction n’est pas seulement réelle, comme celle qui existe entre deux individus de même espèce, elle est encore essentielle. Dieu est distinct du monde par essence. Le canon 3° précise encore, en écartant le panthéisme en général, qui conçoit Dieu comme une substance immanente au monde et les choses finies comme les accidents de cette substance. « Anathème