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DÉCRÉTALES (FAUSSES)

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Hist. du peuple d’Israël, p. iG5 ; etc.). Ce sont des calomnies qu’il faut repousser.

David sans doute pratiqua la polygamie (II Rois, v, 13 ; I Pur., s-iy, 3). mais cette licence, tolérée par la Loi, était consacrée en quelque sorte, il faut le reconnaître, par les usages du temps. D’ailleurs la Bible fait observer qu’il était chaste(lll liais, i, i-4), et c’est fausser l’histoire qne de donner à ce prince un « harem », comme en possèdent les sultans de nos jours. David eut pourtant le malheur de tomber dans l’adultère ; mais quel homme sur terre ayant péché avoua plus humblement sa faute et l’expia plus amèrement ? Combien grande ne fut pas sa résignation dans l’épreuve ! (II Rois, xv, 25, 26, 30 ; xvi, 10-12 ; III Rois, II, 7.) — Quant à sa piété, elle fut sincère, profonde, intelligente (cf. DinuLAFOY, 0/ ?. c/7., pp. 98, on, 118, 119, 2 1’ ; , 218, 33^), et non pas « extérieure seulement et formaliste » comme on l’a dit. Il fit tout ce qu’il put pour organiser le culte à Jérusalem ; même il aurait bâti un temple au Seigneur, si cet honneur n’eut pas été réservé au pacifique Salomon. Nombreuses sont dans la Bible les preuves de sa haute piété : Il Rois, vi, 9-10 ; 12-14 ; i"-18 ; 21-22 ; vii, 1-2, 18-29 ; VIII, 1 1 ; XXII, i-51 ; xxiii, 16 ; xxiv, 10. On ne s’explique donc point ce mot de Rexan : <> Peu de natures paraissent avoir été moins religieuses » (op. cit., p. 449)- — Quant aux vertus naturelles, David en déploya comme peu de princes à son époque ou même après lui en déployèrent : sa bonté (II Rois, IX, i-13 ; x, 5 ; xix, Si-Sg ; xxiii, 17) ; son amour du peuple (xix, 12) ; sa reconnaissance (II Rois, X, 2 ; I Par., xix, 2) ; sa fidélité à ses promesses et à lafoi donnée (iiRois, xxi, 7) ; sa clémence enfin pour Saiil et pour ses ennemis (II Rois, xix, 22, 23, 27-30 ; XXI, 12-14) se révélèrent en maintes circonstances. — Son gouvernement, quoi qu’on en ait dit, fut sage, juste, modéré (II i ?o/s, a’III, 15 et suiv. ; XIX, 1 i-14 ; XXI, 3 et suiv.). Aussi le peuple lui était-il profondément attaché (II Rois, xix, 40-43). — Une fois sans doute David céda publiquement à l’orgueil et par là offensa le Seigneur (II / ?o/s, xxw, i et suiv.), mais avec quelle humilité n’accepta-t-il pas la punition du ciel ! (II Rois, xxrv, 10 et suiv.) Aussi, le Seigneur se plut-il à protéger de façon visible un monarque si exemplaire jusque dans ses égarements passagers (II Rois, y, 10, 12, ig, 20, 23-25 ; vii, 8-16 ; ivii, 14 ; XXIII, 2).

Conclusion : David fut un pieux Israélite, un habile capitaine, un grand roi. — Sur David psalmiste et PROPHÈTE de l’Ancien Testament, voir Psaumes.

Bibliographie. — Outre les commentaires sur les livres des / ?o /s et des Paralipomènes, outre les dictionnaires de la Bible (Kitto, Cyclopædia of biblical Literature ; Vigouroux, Dict. de la B. ; Hastings, Dictionary of the B.), on peut consulter Meignan, Das’id, roi, psalmiste, prophète ; Renan, Hist. du peuple d Israël, t. I ; Ledrain, Hist. du peuple d’Israël, t. I ; Danko, Histor. di’in. révélât. Vet. resf. ; Zschokke, Histor. sac. Ant. Test. ; Vigoureux, Les Livres saints et la critique rationaliste, t. IV ; Piepenbring, Hist. du peuple d’Israël ; Pelt, Hist. de l’Ane, Test., t. II ; Schlatter, Introd. à la Bible ; Dieulafoy, Le roi David ; etc.

C. Chauvin.


DÉCRÉTALES (FAUSSES).—
I. Composition des Fausses Décrétales. — II. But poursuivi par Vauteur. — m. Date. — IV. Patrie. — V. Accueil fait aux Fausses Décrétales. — VI. Bibliographie.

I. Composition des Fausses Décrétales. —

Les Fausses Décrétales sont une collection canonique, qui parut au ix’siècle dans l’Empire franc ; son auteur s’est dissimulé sous le nom énigmatique d’IsiDO-Rus Mercator. Il en a fait connaître les idées dominantes dans la préface qu’il a placée en tête de sa collection. La collection est composée de trois parties. La première est faite des canons des Apôtres et de soixante lettres de Papes, depuis S. Clément jusqu’au pape Melchiade, mort en 315 ; toutes ces lettres sont apocryphes. La seconde partie comprend les canons des conciles, tels qu’ils se présentent dans le recueil canonique ancien connu sous le nom d’HisPANA, c’est-à-dire les canons des conciles orientaux, africains, gaulois et espagnols. L’auteur s’est servi de la forme de cette collection dite Gallica : M. Ma.vssen a démontré qu’il avait employé une forme de la Gallica remaniée et interpolée de son temps, sinon par lui. Les textes faux sont d’ailleurs peu nombreux dans cette partie de son œuvre. — Enfin la troisième partie, faite d’après le plan de Vllispana, comprend un grand nombre de décrétales authentiques, empruntées à des collections antérieures et notamment à VHispana ; on y trouve aussi trente-cinq lettres apocryphes attribuées à divers Papes. Les documents qui constituent cette troisième partie, authentiques et apocryphes, se répartissent entre les divers pontificats de la période qui commence à S. Silvestre (mort en 335) et se termine à Grégoire II (mort en 73 1).

Tous les manuscrits ne contiennent pas la collection du faux Isidore au complet ; on remarque entre eux des différences considérables. C’est en se fondant sur ces différences que Hinschius a entrepris, après avoir énuméré un grand nombre de manuscrits isidoriens, d’en établir le classement. Les deux catégories les plus importantes sont celles auxquelles il a donné les désignations de A’et de A-. Les manuscrits A’comprennent les trois parties qui ont été mentionnées ci-dessus ; on ne trouve dans les manuscrits A2 que les décrétales depuis S. Clément jusqu’au pape Damase ; j’ajoute que dans les manuscrits de cette classe A’^, les décrétales sont divisées en chapitres, formant pour chaque pontificat une série continue. Il ne paraît pas d’ailleurs que la classe A^ représente la forme primitive de la collection : de graves raisons donnent à penser que les manuscrits de la classe A* contiennent bien l’œuvre telle qu’Isidore l’a voulue et l’a réalisée. Toutefois la classe A^ est aussi très ancienne.

Les œuvres apocryphes ne sont pas, il s’en faut de beaucoup, inconnues dans l’histoire du droit. A ne considérer que le droit canonique, nous en rencontrons plus d’un exemple antérieur à l’époque d’Isidore ; l’histoire connue des apocryphes symmachiens suffirait à le démontrer. Toutefois la compilation du faux Isidore est une des falsifications les plus considérables qui aient été commises. Elle n’est d’ailleurs pas isolée : les faux isidoriens constituentun groupe, où l’on peut compter, avec les Fausses Décrétales, les Faux Capitulaires, portant le nom de Benoît le Diacre, la petite collection, où sont résumés les principales idées d’Isidore, dite les Capitula Angilramni, et enfin la forme particulière de la recension de VHispana dite Gallica où, comme Maassen l’a démontré, on remarque, à plus d’une reprise, des interpolations isidoriennes.

II. But poursuivi par l’auteur. — Sans doute, on rencontre dans les Fausses Décrétales un certain nombre de textes d’intérêt purement dogmatique, destinés à maintenir l’enseignement orthodoxe, sur la Trinité et l’Incarnation, contre les doctrines hétérodoxes qui avaient cours dans la première moitié du ix’= siècle ; mais c’est surtout par l’examen des nombreux textes canoniques qui y sont contenus

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