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DAVID

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tiquitc classique. Le fils d’Isaï ne fut d’ailleurs en maintes circonstances pas plus inaccessible à la clémence et au pardon qu’à la bonté et à la bienveillance. Au lendemain de ses razzias sur les tribus il savait rappeler à ses Gihborirn, enivrés de leur Aictoire, les principes de la justice et de l’équité (I Bois, xxx, 2 1-20) ; les bergers de Nabal, par exemple, lui en furent reconnaissants (IJtois, xxv, 1-17). Jamais du reste le fils d’Isaï ne trahit les siens ni ne tourna ses armes contre la patrie (xxviii, 1, 2 ; xxix, 9-1 1 ; xxx, 26-31) ; « il demeura toujours, écrit M. Dieulafoy (op. cit., p. 826), le capitaine victorieux et néanmoins assez patient, assez sage, pour attendre à Hébron la fin du règne de Saiil ». Aussi bien le Seigneur ne cessa-t-il d’intervenir pour le conseiller et le conduire pendant sa vie errante (I liois, xxii, 5, 15 ; xxiii, 2, 4, II, 12, 14. 27 ; XXIV, II, 13, iG ; xxv, 28-81, 38, 89 ; XXVI, 28 ; xxx, 6, 8 ; II JRois, 11, 1). Plus tard, dans ses Psaumes, David ne tarissait point en actions de grâces au Seigneur pour tant de bienfaits.

II. David roi. — 1) I.0 royauté de David à Hébron.

— A la mort de Saiil, le fils d’Isaï fut solennellement acclamé et sacré roi à Héljron par les hommes de Juda (II Rois, 11. 4 : I Par., xi, i-3). Mais en même temps Isboseth, lils de Saiil, l’était par Abner pour tout Israël (II Rois, 11, 8, 9). La guerre alors commença entre les deux maisons rivales (II Rois, iii, 1). Or il arriva que les ti-oupes d’isboseth furent vaincues dans un combat sanglant à Gabaon (ibid., 11, 12-17), défaite qui ébranla fort tout le parti, et Abner, passa au camp de David (ibid., iii, 9-28). Isl)oseth fut assassiné (iv, 6-8) ; Abner suspecté par Joab, un des capitaines de David, eut le même sort. Toutes les tribus d’Israël sans exception reconnurent David pour roi légitime (x, i-4), et il régna à Hébron sept ans et demi (I Par., iii, 4) Il faut remarquer que jamais monarque ne fut plus sympatliique que le nouveau roi d’Israël ; l’éloge de sa générosité et de son bon cœur était sur toutes les lèvres. Le chagrin qu’il éprouva en apprenant le double meurtre d’Isbosetli et d’Abner montre assez que ce prince, si vaillant, si fort à la guerre, possédait une âme des plus tendres, accessible à la clémence et à la pitié. C’est donc bien sans raison qu’on a voulu faire de lui un brigand sans entrailles, un assassin. — Ajoutons que le Seigneur ne cessa, nous l’avons déjà dit, d’étendre sur lui sa protection puissante (II Rois, iii, 18) ; si David établit son trône à Hél)ron en attendant que les portes de Jérusalem lui fussent ouvertes, ce fut parce que Dieu en avait ainsi ordonné (II Rois, 11, 1) ; toutes choses cjui témoignent en faveur du l)on droit et du noble caractère du fils d’Isaï.

2) Le rèf, ’iie de David à Jérnsalem. — A Jérusalem David régna trente-trois ans(I Par., iii, 4 ; II Rois, v, 5). Il n’entra dans la ville sainte qu’après avoir assiégé et pris d’assaut la forteresse de Sion (ibid., 7-9). Bientôt le ]>ruit se répandit de cette victoire, lliram, roi de Tyr, pour le féliciter lui envoya des présents (II Rois, V, II ; I Par., xiv, i, 2). Toutefois les Philistins, les Moabites, les Syriens de Damas et d’autres peuplades voisines s’agitaient encore ; DaA’id finit par les soumettre (II Rois, v, 17-21 ; 22-36 ; viii, i-if)) Le pieux monarque crut que le temps était venu de transférer l’arche de Cariathiarimà Jérusalem ; une grande fête fut organisée à cet effet (II Rois, vi, 1-28). David étailà l’apogée de sa gloire(II/rt/-., xvi, i-48 ; xvii, 1-27). Dieu lui donna de nombreux enfants (II /^/.s-, v, i/J-iG) ; tout lui était prospère. Un seul point noir restait à l’horizon, l’insoumission des Ammonilesqu’on n’avait pas pu réduire jusque-là. Contre eux David envoya ses meilleures troupes et ses plus habiles généraux

qui à la fin les domptèrent (II Rois, x, 7, suiv. ; I Par. XIX, 6, suiv.). C’était la paix, semblait-il, pour toujours.

Mais dans cette guerre contre les Ammonites David aurait commis d’inexcusables atrocités, absolument indignes d’u*i roi dont la Bible dit qu’il « fit le bien aux yeux du Seigneur, et ne s’écarta jamais en sa ^ie entière des préceptes de Dieu, excepté dans l’alTaire d’Urie l’Héthéen » (cf. III Rois, xv, 5). Nous lisons que David, lors du sac de Rabbath-Ammon, « fit sortir les habitants, les coupa avec des scies, fit passer sur eux des traîneaux bardés de fer, les tailla en pièces avec des couteaux et les jeta dans des fours à briques ; qu’il traita d’ailleurs ainsi toutes les villes des Ammonites » (II Rois, xii, 31). Jusqu’à ces dernières années on ne cherchait guère à disculper le monarque Israélite. Très généralement on répondait que ces cruautés s’expliquent par les mœurs barbares de l’époque. Dans l’espèce, cette solution suffit-elle ? Je ne le pense pas. On a déjà vu que David se distingua justement de ses contemporains par la clémence, par des mœurs plus douces, par une sage modération à la guerre, et que c’est tout à fait à faux que Renax le traite de « bandit « et de « brigand ». HoFFMAXX, suivi par nombre de critiques, a proposé une solution autre et qui paraît fondée. Le texte, d’après lui, devrait être légèrement corrigé et traduit ainsi : « Il fit sortir les habitants de la ville prise et les mit aux scies (pour scier la pierre), aux pics de fer, aux haches de fer. et les fit travailler au moule à briques ». Cette traduction a été adoptée récemment par l’abbé Crampon. Dans cette hypothèse, la dilliculté disparaît ; les atrocités prétendues de DaAÎd reposeraient uniquement sur la distraction ou l’inexpérience d’un copiste, qui écrivit un ^ au lieu d’un - ;. L’exégèse catholique n’y a peut-être pas assez pris o-arde ; quant à l’exégèse rationaliste, elle a, ici comme en beaucoup de cas, trop vite et trop bruyamment triomphé (cf. /^ei’HC biblique, 1898, pp. 253-258).

La paix que présageait la défaite des Ammonites n’allait pas durer ; des jours mauvais vont se lever pour le monarque.

3) Les crimes et les épreuves de David ; sa mort.

Pendant le siège de Rabbath, le roi eut la faiblesse

de commettre l’adultère avec Bethsabée, femme d’Urie (II Rois, XI, 1-5) ; premier crime qui fut suivi d’un second : le meurtre d’Urie lui-même (ibid., 6-24). Epouvanté par les justes reproches de Nathan (xii, 1-12). David comprit l’énormité de sa faute (xii, 13). Dieu eut égard à son repentir ; Salomon lui naquit de Bethsabée (ibid., 24, 26). Mais le prince devait expier durement son double crime en de successives épreuves. Il eut à pleurer d’abord sur l’inceste d’Amnon, son fils (II Liois, xiii, 1-21) ; i)uis sur le meurtre de cet enfant « fu’.Vbsalom, un autre de ses fils, ordonna d égorger (xiii, 22-81 ; 86-87) ; ensuite sur la révolte d’Absalom (xv, 1-12) qui le força à s’enfuir de Jérusalem sous les huées de l’ingrat Séinéi (xv, 16, suiv. ; XVI, 5-7, 18) ; enfin sur la mort d’Absalom, tué ]>ar Joali au grand désespoir de David (xviii, 14, 15, 32, 33 ; XIX. 1-4). Le pauvre roi faillit même voir son propre trône tomber ; heureusement Joab apaisa la rébellion (xx, 1, 2, 8-12).

Après tous ces chagrins David mourut. Sa dernière consolation fut de faire proclamer roi Salomon son fils, auquel il adressa avant de mourir des rccominandations qui témoignent de la plus haute piété (III 7^/5, II, 1-9 ; I Par., xxii, 6-19 ; xxiii, 1).

4) Caractéristique du règne de David à Jérusalem.

— On a violemment attaqué les mœurs de David ; on a contesté sa piété ; même ses vertus naturelles de bonté, de clémence, de générosité, on les a niées (voir Renan, op. cit., t. I, pp. 4^0-’i^’ ; Piepenbhing,