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CULTE CHRETIEN

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Elles abondent aussi dans l’Apocalypse, d’ordinaire sous forme de doxologie, par exemple : Sedenti in throno et Agno : benedictio, et honor et gloria et potestas insæcida sæcidorum. Ainen{Apoc., 13, 14).

Les Pères apostoliques et les écrivains des premiers siècles, nous fourniraient une moisson abondante de foruiules. Nous nous contentons de renvoyer à nos Moniimenta Liturgica (t. I, Paris, igoo-igoa) où on les trouvera réunies par ordre chronologique (voyez notamment les n"’612, 627, 6^9, 653, 654, 656, etc. Cf. aussi notre Dictionnaire d’Archéologie chrétienne et de Liturgie, t. I, col. 61 4 et 654).

Des règles même furent fixées de bonne heure pour les formules où le Christ était invoqué. Fulgexce de Ruspeécrit : Benenosti nonnunquam dici : per sacerdoteni aeterniim Filium tiiiini D. N. J. C…, sed in conclusione orationis : per J. C, F. T. D. A. dicimus ; per Spiritum vero Sanctuni nullatenus dicimus… Cuni dicimus{Deo Patri) : qui tecum vivit et régnât, ostenditur Patris et Filii una non esse persona, cum vero in unitate Spiritus Sancti dicimus, unani naturani Spiritus Sancti cum Pâtre Filioque monstramus (Epist. XIV, P. L., t. LXV, col. 424, 426).

Le IIP Concile de Carthage (a. 897, c. 24) insiste sur la nécessité d’une règle en matière de doxologie : ut nemo in precihus s’el Patrem pro Filio, vel Filium pro Pâtre nominet. Et quum altariadsistitur, semper ad Patremdirigatur oratio{aj). Mansi, Concilia, t. III,

col.

i).

D’après la coutume la plus ancienne dans l’Eglise, comme on le voit dans saint Paul et dans les autres formules que nous avons citées, on s’adressait au Père par le Fils, on offrait à Dieu le Père toutpuissant per Filium. Les Ariens tirèrent avantage de ces formules pour s’efforcer de démontrer l’inégalité des personnes dans la Trinité. Fi’lgexce, que nous venons de citer, est obligé d’étal^lir contre eux que le sacrilice n’est pas offert seulement au Père, mais à toute la Trinité (Ad Monimum, 1. II, c. iii-v, P. L., t. LXV, col. 180, 183, 184). Néanmoins il est bien certain que, de bonne heure, on eut la coutume d’adresser directement des oraisons au Fils, comme avait fait déjà saint Etienne. Les vieilles formules mozarabes et gallicanes offrent surtout un grand nombre de ces exemples.

D’un autre côté, le concile d’Ephèsc, définissant l’unité personnelle du Christ dans la dualité de nature, défend de séparer dans l’adoration la nature humaine et de l’isoler en quelque sorte de la personne du Verbe. Mais il faut « honorer l’Emmanuel d’une seule adoration, et lui déférer une seule doxologie, puisque le Verbe s’est fait chair ». Le IP Concile de Constantinople revient dans ses analliématismes contre ces i erreurs sur le culte du Christ. (Sur ces questions des erreurs dogmatiques concernant le culte et sa nature voir A. CnoLLET, art. cité, col. 2416-2417 ; Denzinger, Enchiridion’", n. 216 (i"5) ; 221 (180) etc., et encore Dict. de théol. catholique, t. I, col. 1243, 1296-1299.) En vertu du même principe, et de l’égalité des personnes divines dans la Trinité, le Saint Esprit devint aussi rol)jet du culte clirétien. La formule du Baptême est donnée, on l’a vu. au nom du Père, du Fils et du Saint Esprit. Dans les doxologies, le Saint Esprit prend aussi j)lace à leur suite (voir Thimté).

A la messe, le.Saint Esprit intervient à VEpiclèsc (voir Euchahistie) où la troisième personne de la I Trinité est interpellée directement et appelée à parachever lesacriflce.

MgrDucHFSNK, dans ses Origines du culte chrétien, définit ainsi le rôle du Saint Esprit dans la liturgie primitive : « Après l’Eucharistie, des personnes inspirées prennent la pai-ole et manifestent devant l’assemblée la présence de l’Esprit qui les anime. Les

prophètes, les extatiques, les glossolales, les interprètes, les médecins surnaturels, s’emparent à ce moment de l’attention des fidèles. Il y a comme une liturgie du Saint Esprit après la liturgie du Christ, une Araie liturgie avec présence réelle et communion. L’inspiration est sensible : elle fait vibrer les organes de certains lidèles privilégiés ; mais toute l’assistance est émue, édifiée, et même plus ou moins ravie et transportée dans les divines sphères du Paraclet. Si fréquents que fussent ces phénomènes sacrés, ils n’en étaient pas moins exti*aordinaires… ils disparurent bientôt (dès le commencement du ii « siècle) », Origines du culte chrétien, éd. 1898, p. 47-48.

Les Montanistes qui, au W siècle, prêchèrent et attendirent l’avènement du Saint Esprit qui devait prendre la place du Fils et annoncer un évangile plus parfait, en firent l’objet d’un culte exagéré et exclusif, que l’Eglise dut réprimer. Mais elle revendiqua cependant l’adoration du Saint Esprit, et en 380 les anathématismes portés par le pape Damase dans le IV<’Concile romain, condamnent quiconque refusera de dire que le Saint Esprit doit être adoré comme le Elis et le Père, par toute créature. 5/ quis non dixerit adorandum Spiritum Sanctum ah omni creatura sicut Filium et Patrem. anathema sit. Denzinger, EJnchiridion, n. 80 (43). Ces anathématismes furent renouvelés par Célestix I" et Vigile, et en 38 1 le Concile œcuménique, dans son symbole qui prit place dans la liturgie, formula sa foi à l’Esprit Saint, qui cum Pâtre et Filio simul adoratur et conglorificatur, ’j-jij.-rrjOT/.-jv’^-Ju.vjyj y.y.l rjviîîla^oVsvsv. Ces expressions indiquent l’unité d’adoration du Père, du Fils et du Saint Esprit. C’est-à-dire que l’une ou l’autre personne dans la Trinité peut être adorée séparément, mais non pas à l’exclusion des deux autres.

IV. Influences juives et païennes. — Ces caractères, qui constituent au culte chrétien sa physionomie particulière, sont assez importants pour nous autoriser à conclure qu’il est original, autonome et, si l’on peut dire, autochtone.

Dès lors, on le comprend, les analogies que l’on pourra trouver entre le culte chrétien et les autres cultes n’auront pas la même importance ; elles ne porteront que sur des points de détail.

Les importations même et les emprunts n’auront pas la signification qu’on leur donne, et ne modifieront pas sensiblement le caractère du culte.

A. Influences juives. — On ne s’étonnera pas que l’Eglise ait gardé l’empreinte de la religion juive. La Synagogue en était une préparation. Le culte chrétien aura donc naturellement certains caractères communs avec le culte des juifs. Cependant il faut bien reconnaître que, même de ce côté, l’originalité et l’indépendance du culte chrétien s’afiirnient hautement.

D’abord l’Eglise rejeta la Circoncision, qui était le grand sacrenient du judaïsme, et comme son signe distinctif. Les prophètes, qui avaient attaqué tant de rites inutiles ou de pratiques étroites, n’avaient pas touché à la circoncision. On sait quil fallut vaincre des résistances acharnées, mais la circoncision n’en fut pas moins irrémédiablement condamnée, et dès le principe.

Le Temple de Jérusalem, capitale religieuse du judaïsme, fut aussi bien vite déserté par les chrétiens ; si quelques-uns y reviennent encore, le centre de leur culte est dans ces maisons privées, où l’on se réunit pour la prière, l’exhortation et la fraction du pain. Du reste, dès l’an 70, le Temple était brûlé, saccagé de fond en comble, et de ce côté, toute tentation de judaïser, supprimée.

Les fêles des juifs furent également condamnées.