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CRITICISME KANTIEN

cf. Maxdonxet, dans la Re<, -. Thomiste, 1886, p. 669) est le suivant : être par la puissance d’un autre, esse ah a/(o, admet-il Tidëe d’être toujours, esse ah aeterno, ou inclut-il l’idée d’être après n’avoir pas été, de commencer, esse post non esse^ ? Si l’on choisit la première alternative, il faut dire que Dieu, éternellement tout-puissant, a pu créer de toute éternité ; si l’on adopte la seconde, qu’il ne peut exercer cette puissance que dans le temps. Reste à justifier l’un ou l’autre parti.

Vouloir trancher ce problème par l’impossibilité d’un nombre infini, c’est prendre un biais : c’est arguer de l’impossibilité d’une conséquence (infinité du nombre des révolutions mondiales, des générations humaines, etc.) à l’impossibilité d’un principe (existence éternelle du monde). La méthode n’est pas illégitime, à condition que la possibilité ou l’impossibilité de cette conséquence ne soit ni plus, ni aussi obscure, que la question de principe. A chacun d’en juger.

Manifestement un nombre infini est un concept contradictoire dans les termes, si l’on entend une quantité d’unités à la fois comptée et infinie. Il est par contre bien clair qu’une série arrêtée par un bout au moment présent, mais dont l’origine esta l’in/ : ’ni, ne prête en rien à cette contradiction. Si on veut l’appeler un nombre, il faut le dire inépuisable, inexprimable à tout autre qu’à l’Etre infini. Proportion gardée, il en va de même de toute autre notion infinie, sagesse, bonté, puissance, que Dieu seul, en quelque sorte, peut mesurer. On rencontrerait donc, aussi loin qu’on remonterait dans le temps, des siècles et des jours précédents, jamais de premier. Dieu seul Aerrait^ cette série de jours réels, comme il voit bien certainement distinctement la série des jours possibles avant le commencement du temps, ou l’infinité des êtres possibles, que pourtant il ne l’éalisera jamais.

Cette dernière obsei-vation, nous l’espérons, déconseillera certaine solution mixte à laquelle, après DuRAXD et SuAREz, Bisp. Met. xx, sect. v, n. 4 sq., quelques-uns préfèrent s’arrêter. Pour éviter un nombre infini, ils excluent toute modification de la créature, qui pourrait occasionner une numération : ils professent donc la possibilité d’une création éternelle, pour un être immobile et immuable ; ils la rejettent, pour un être mobile. Or, observe justement S. Thomas, Sum. Theol., i, q. x, a. 4, 3°", le temps ne mesure pas seulement le mouvement, mais aussi le repos de l’être qui est apte au mouvement et ne se meut pas. C’est dire que, supposé un être lini quelconi (ue, parce que de ce chef il est, au moins de droit, passible et muable, on peut évakier sa durée réelle en fonction d’une unité empruntée à quelque être soumis de fait au changement. Si cet immobile est éternel, il existerait donc depuis un nombre d’unités de temps vraiment infini.

On le voit, s’il y a toujours intérêt à remettre les questions au point, cela fait, il n’y a pour aucun parti beaucoup à gagner ou beaucoup à perdre à l’une ou l’autre solution. Ce n’est pas sur l’impossibilité du nombre infini, ni sur le fait du commencement temporel du monde, que la théologie catholique appuie la preuve de la création. S. Thomas observe que la voie la plus sûre est celle qui démon 1. On voit ici l’importance de définir la création sans présupposer la question. Des deux définitions données, col. 723, II, c, l’accoption d’usage suflît chaque fois qu’on parle du fait ; l’acception rigoureuse peut seule être invo (iuée, quand on traite le problème de droit.

2. Mais Dieu ne pourrait expiitner cette série par aucun nombre intcUijrible à aucun esprit fini il faudrait une autre éternité pour le lui dire.

tre ce fait même dans l’hypothèse de l’éternité du monde. Physic., 1. viii, lect. i, éd. de Parme, t. XYII, p. 473. Nous avons suivi ce conseil ; voir col. 526, III, 3". Eternel ou non éternel, le monde change ; voilà la tare qui empêchera de le prendre jamais pour l’Etre nécessaire. Puisqu’il n’est pas Celui qui est, il a été fait de rien.

Bibliographie. — 1° Commentaires du Vatican : Granderath, Constit. dogmaticæ S. C. Vatican’, in-8°, Fribourg en Br., 1892, p. ^4 sq. ; cf. Geschichte des Vatic. Konzils, in-8% Fr. en Br., igoS, t. II, 1. I, c. VI ; 1. II, c. VI ; trad. franc, en cours ; Vacant, Etudes théologiques sur les Constitutions du C. du Vatican, in-8°, Paris, iSgS, !. I, p. 215 sq. ; Pinard, dans le Bict. de théul. cathol. de Vacant, art. Création, col. 2182 sq.

2° Etudes philos, et théol. : Acatholiques : J.Simon, La religion naturelle, in-12, Paris, 18y3, ; ’éd., p. 85 sq. ; Saisset, £’ssa /s de philos, relig., in-12, Paris, 1862, 3 éd., t. II, p. 51 sq. ; P. Janet, Le matérialisme contemporain, in-12, Paris, 1888, 5’éd. ; Maillet, La Création et la Providence devant la science moderne, in-8°, Paris, 1897.

Catholiques : Félix, Confér. de y.-l)., in-80, Paris, 1863, p. 51 sq. ; 1865 en entier ; Caro, Le matérialisme et la science, in-12, Paris, 1868 ; Monsabré, Confér de N.-D., in-8°, Paris, 18^3, p. 276 sq. ; 1874 » p. 269 sq. ; 1875 en entier ; d’Hulst, Confér. de N.-D., in-12, Paris, 1891, p. 117 sq., p. 376 sq. ; Mélanges philosophiques, in- 12, Paris, 1892, p. a45 sq. ; p. 293 sq. ; Kleutgen, La philosophie scolastique, in-8, Paris, 1870, t. IV, p. 432 sq. ; Scheeben, La dogmatique, in-8°^, Paris, 1881, t. III, p. 4 sq. ; J. Heinvich, Dogniat. Théologie, t. V, 1888, p. 16-279 ; Hontheim, Institut. Theodiceae, in-80, Fribourg en Br., 1893, p. 748 sq. ; Urraburu, Cosmologia, in-S"^, Valladolid, 1892, p. 156-292 ; Theodicea, 189g, t. II, p. 688 sq. ; Farges, L’idée de Dieu d’après la raison et la science, in-8°, Paris, 1894, p. 44^ sq. ; Villard, Dieu devant la science et la raison, in-80, Paris, 189^ ; Janssens, De Deo créante et élevante, in-8^, Fribourg en Br., 1906, p. I21-215 ; Dict. de théol., art ; cit., col. 2100 sq.

3’^ Etudes historiques : Acathol. : Zôckler, Geschichte der Beziehungen ztvischen Théologie u. Natumissenschaft, 2 in-8’, Giilersloh, 1877-9, et dans Herzog-Hauck, Realencyklopædie, art. Schbpfung, t. XVII, p. 689 sq. ; A. Weckener, Die monistiche U’ellanschauung u. das Religionsproblem, in-8°, Leipzig, 1908, pp. 36.

Cathol. : Vanhoonacker, De rernm creatione e.t nihilo, in-8°, Louvain, 1886 ; exposé des erreurs, Janssens, op. cit., p. 66-121 ; doctrine de la Bible et des Pères… Dict. de théol., art. cit., col. 20422100.

4* Apologie scientifique. Cf. Energie, Evolution’, Monde (Système du).

II. Pinard.


CRITICISME KANTIEN.

Article I. Exposé du criticisme.

Les deux sens du mot criticisme.

La Métaphysique. Esthétique transcendantale.

Analytique transcendantale. Dialectique transcendantale.

La Morale. Le problème. Première formule de l’impératif moral. Deu.vième formule : les fins en soi. Troisième formule : Vautonomie. L’objectivité du devoir.

La Métaphysique morale. Le primat de la volonté, f.a foi. Les postulats de la raison. Lm foi et la science.