Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/315

Cette page n’a pas encore été corrigée

613

CONCILES

614

les empêchements de mariage ; enfin, il impose à tous les lidèles l’obligation de la confession annuelle et de la communion pascale, double prescription dont l’expérience a montré et confirme aujourd’hui encore les avantages.

j3" Le 1" concile de Lyon, en I245, sous Innocent IV, porte une sentence de déposition contre l’empereur Frédéric II. usurpateur des biens et oppresseur de la liberté de l’Eglise, règle la procédure à suivre dans les causes ecclésiastiques, décrète l’envoi de secours aux chrétiens orientaux et contribue ainsi à susciter les deux expéditions du saint roi Louis IX.

14° Le Ll^ concile de Lyon, convoqué en 1274 P^i’Grégoire X, rétablit une première fois, à la demande de Michel Paléologue, l’union avec les Grecs, qui reconnaissent la vérité et la légitimité du Filioque, ainsi que la primauté du pape, avec le droit imprescriptible d’appel à son tribunal suprême. Il prend de nouvelles mesures en vue d’une croisade.

150 Le concile de Vienne, en 1311-1312, condamne la secte des Dulciniens, définit, à l’encontre des erreurs de Pierre-Jean Oliva, que l’àme raisonnable est la forme substantielle du corps humain, et insiste encore sur la nécessité d’une expédition contre les Turcs ; en outre, cédant surtout aux instances obsédantes de Philippe le Bel et à la crainte de plus grands maux, il décrète la suppression de l’ordre des Templiers, sans pouvoir toutefois obtenir de l’impérieux monarque qu’on suivît dans l’interrogatoire et le jugement des principaux accusés les règles de la justice ni même celles de la procédm-e ordinaire.

lô*^ /.e concj/e rfei^/ore « ce, assemblé par Eugène IV, a duré six ans, de i^Sg à 1445, y compris ses deux dernières années, pendant lesquelles il siégea en réalité à Rome. Son objectif était double : la réforme de l’Eglise et un nouvel essai de réconciliation des Grecs de Constantinople, retombés ofiiciellement dans leur schisme dès 1282. Il ne put s’occuper efficacement de la première pai-tie de ce programme. Quant aux Grecs, ils rentrèrent, en effet, une seconde fois dans le giron de l’Eglise catholique, l’accord ayant pu heureusement s’établir tant sur la primauté romaine que sur le purgatoire, le moment initial de la vision béatifique, l’emploi des azymes ; et leur retour fut suivi de celui des Arméniens, eu 1489, des Jacobites, en 1442, des Mésopotamiens d’entre le Tigre et l’Euphrate, en 1444. des Chaldéens ou Nestoriens et des Maronites de l’île de Chypre, en 1445.

l’j" L.e V* concile de /, a<ran, convoqué par Jules II en 1512, et continué jusqu’en ibi’] par son successeur Léon X, avait pour but primaire la réforme du clergé et des fidèles ; mais soit à cause du petit nombre de ses membres (envii-on une centaine de prélats, et presque tous Italiens), soit par suite d’autres circonstances, il laissa, lui aussi, le gros de cette tâche à celui qui devait venir ensuite. Il publia néanmoins quelques décrets utiles concernant les nominations aux charges ecclésiastiques, le genre de vie des clercs et des laïques, les moyens de prévenir les abus des exemptions, les taxes à percevoir, etc. Il condamna d’ailleurs deux erreurs naissantes, dont l’une aboutissait à nier ou à révoquer en doute soit l’individualité soit l’immortalité de l’àme humaine, tandis que l’autre airu-mait l’indépendance respective de la vérité philosophique et du dogme révélé.

18" Le concile de Trente, convoque par Paul III et ouvert dans celle ville en 1545, transféré deux ans plus tard à Bologne, suspendu bientôt après, réinstallé à Trente par Jules III en 1551, interrompu de nouveau l’année suivante, repris enfin par Pic IV en 1562 et heureusement terminé en 1563, est justement célèbre par tout ce qu’il a fait pour déterminer et

défendre contre les novateurs le dépôt des vérités traditionnelles et aussi pour opposer une véritable et sage réforme de l’Eglise aux lamentables excès de la pseudo-réforme. Les décrets dogmatiques et disciplinaires portés dans ses vingt-cinq sessions sont à la fois trop connus, trop nombreux et trop importants pour que nous essayions de les résumer ou de les analyser en quelques lignes. Ils ont infusé au catholicisme une sève et une vigueur nouvelles, dont l’influence ne tarda pas à se faire sentir dans toutes les parties de l’organisme ecclésiastique.

190 Le concile du Vatican, réuni par Pie IX, inauguré le 8 décembre 1869 et suspendu le 20 octobre 1870, n’a pu tenir que quatre sessions, qui ont toutefois été aussi fécondes que laborieuses. On lui doit deux constitutions dogmatiques d’une portée capitale : la constitution Dei Filins, solennelle condamnation des négations radicales de notre époque contre la foi et la révélation ; et la constitution Pastor aeternus, qui définit, outre la primauté ecclésiastique divinement instituée dans l’apôtre saint Pierre et perpétuée de droit divin dans les pontifes romains, l’infaillibilité personnelle de ceux-ci lorsqu’ils enseignent ex cathedra. Je ne parle pas de ces nombreux schemata disciplinaires, qu’il avait élaborés et partiellement discutés. Encore peut-on noter qu’ils ne resteront pas complètement inutiles, car ils fourniront au moins des indications précieuses pour cette revision générale du droit canon que Pie X a courageusement entreprise.

VI. Difficultés diverses. — A propos soit des conciles en général, soit des conciles œcuméniques, différentes objections, tant d’ordre doctrinal que d’ordre historique, ont été produites. Les plus sérieuses se trouvent au moins implicitement résolues par l’exposé qui précède. Il suffira de reprendre ici quelques-unes des principales, pour préciser quant à chacune la portée des principes et l’ensemble des faits constatés.

i « On a cherché à déprécier la dignité et l’autorité des conciles en exagérant le côté humain et libre de leur institution. Ces réunions, a-t-on dit, n’ont rien de sm-naturel dans leur origine ni, conséquemment, dans leurs effets. N’est-ce pas une idée toute naturelle, déjà appliquée dans le bouddhisme, conservée par les schismatiques et les protestants après leur séparation d’avec Rome, que celle de se réunir pour traiter en commun des points de croyance et de discipline religieuse ? S’il y a des congrès scientifiques, politiques, littéraires, il doit y avoir, au même titre et dans le même but, des congrès ecclésiastiques et catholiques. Le christianisme a bien pu, d’ailleurs, se donner des étals généraux, comme plus d’une société civile. Mais, finalement, ce qu’un congrès décide n’a pas de force obligatoire au regard des consciences, et, à supposer que les conciles aient eu l’autorité des parlements dans un Etat constitutionnel, une assemblée subséquente peut toiijours abroger ou modifier les décisions de ses devancières.

J’ai montré plus haut que les conciles, sans être absolument nécessaires, peuvent être et sont souvent utiles au but de l’Eglise, et que cette utilité se transforme même parfois, vu les circonstances, en nécessité relative. Cela seul prouverait que, dans un sens très vrai, ils sont voulus par le Christ et rentrent dans le développement normal de la société fondée, sur son initiative divine. Faut-il rappeler ensuite l’exe.uple des Apôtres, convoquant, dès les premiers jours, l’assemblée de Jérusalem et déclarant y jouir de l’assistance et de la coopération elTcctive de 1 bspril de Dieu : <. Il a paru bon au Suint-Esprit et a nous >. (.-Ic^.xv. 28) ? Faut-il redire avec quelle promptitude et quelle unanimité cet exemple fut mute par