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COLIGNY (AMIRAL DE)

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paragraphe de son Orpheus (Paris, igog, ch. xii, n. 72) consacré à dénaturer le culte du sacré Cœur, M. Salomon Reinach s’est borné à répéter quelques-unes seulement des « inexactitudes » capitales déjà conniies.

R. DU BOUAYS DE La BÉGASSIKRE.


COLIGNY (AMIRAL DE). — On a beaucoup écrit sur Gaspard de Cliàtillon, seigneur de Coligny, qu’on a regardé souvent comme le chef austère du protestantisme français ; et il a été représenté tantôt comme un rebelle, tantôt comme une victime du devoir et de la vertu. Au fond, celui qu’on appelait d€ son temps « l’amiral » ne fut qu’un chef de parti, très personnel, très ambitieux, et que les circonstances, plus que les convictions, jetèrent dans la lutte.

Il n’est pas d’historien aujourd’hui qui ne reconnaisse que le meurtre de Coligny fut un crime purement privé et que si l’assassin payé par les Guise avait réussi du premier coup, la Saint-Barthélémy n’aurait pas eu lieu. Ce fut une vieille querelle politique, une haine ou vengeance de famille, qui dégénéra en fanatisme religieux, en exécution générale, favorisée par le pouvoir, organisée en partie par lui, si bien qu’on a pu dire plus tard que Coligny était mort martyr pour sa foi, quand, en réalité, la religion n’était pas en cause.

Comment les Chàtillons devinrent-ils protestants ? Furent-ils choqués des abus qui s’étaient introduits dans le culte catholicfue ; voulurent-ils protester contre les mœurs relâchées des moines ou du clergé ? Nullement. Il leur aurait fallu d’abord renier leur frère le cardinal, qui jusqu’au bout, apostat et marié, resta titulaire de ses nombreux bénéfices ecclésiastiques. Ils se séparèrent de leurs compagnons d’armes, d’une partie de leur famille, qui était certes illustre, par dépit de ce qu’on ne reconnaissait pas leurs }nérites et qu’ils n’obtenaient pas la première place, f’e fut la coupure en deux factions rivales de la vieille noblesse française : ils allèrent du côté des Bourbons et des Condé, quand la cour abandonna le gouvernement aux représentants de la maison de Lorraine, le duc de Guise et le cardinal de Lorraine, oncles de la jeune Marie Stuart.

C’est au commencement de 1560 que Coligny passa au protestantisme, dont il resta le chef un peu plus de dix ans. Quelle fut alors sa conduite ?

Il ne semble pas avoir trempé dans la conjuration d"Amboise et se tint prudemment à l’écart. Mais, dès la première guerre civile, son but avoué est de s’emparer du roi et de la reine mère pour conquérir ainsi le pouvoir. Battu à Dreux, il n’a jamais pu se disculper de sa complicité dans l’assassinat du duc François de Guise devant Orléans. Ayant obtenu pour lui et ses coreligionnaires une liberté de conscience, très large pour le temps, pourquoi a-t-il deux fois recommencé la guerre ? Quel motif avait-il de surprendre Charles IX et la cour à Meaux ? Pourquoi laissa-t-il ses partisans saccager les églises, brûler les objets d’art et les monuments, provoquant les représailles des catholiques ? Au fond, comme tous les hommes de son époque, il n’avait aucune idée de la tolérance et de la liberté. Il combattait pour la domination aussi bien religieuse que politique. La patrie pour lui n’existait pas davantage, puisqu’il ne cessa de faire appel à l’étranger et que sa correspondance révèle ses rapports de chaque jour avec la reine Elisabeth et les Anglais, — alors les plus grands ennemis de la France, — auxquels il a livré le Havre, et dont il reçut des secours en soldais et en argent ; avec les Allemands du duc Casimir de Bavière, que deux fois il fit entrer en France accompagné de ses reîtres.

Quand les Lorrains et Catherine de Médicis le firent tuer à Paris, il était sur le point de s’emparer de l’esprit de Charles IX et de prendre sa revanche. Et ce fut même la raison déterminante d’un « conseil né de l’occasion », comme dit Tavannes.

L’amiral de Coligny ne fut ni un grand guerrier, ni un grand caractère. Il se montra chef de parti tenace, hautain, sans générosité : ce qui n’excuse pas les violences de ses adversaires ; mais ce qui explique les malheurs que les uns et les autres causèrent à la France, et dont tant de traces subsistent encore. — Voir l’article Barthélémy (la Saint).

On peut consulter sur Coligny, dans le sens catholique et dans le sens protestant : L’histoire de Coligny, par le comte de Laborde, 3 vol. ; L’amiral Coligny, par Jules Teissier ; Gaspard de Coligny, par M. de Caraman-Chimay ; Coligny, amiral de France, par M. A. -M. Whitehead ; L’amiral de Coligny. La Maison de Châtillon et la révolte protestante, par M. Ch. Merki ; Le Correspondant du 26 février 1876.

Comte G. Baguenault de Puchesse.


CONCILES. — I. Notion et division. — II. Conciles oecuméniques. — III. Leur convocation, leur présidence et leur confirmation. — IV. Leur utilité et leur nécessité. — V. Leurs résultats. — VI. Difficultés doctrinales et historiques.

I. Notion et division. — Pour pouvoir porter sur les conciles un jugement quelconque, la première condition est assurément de savoir non seulement quel est le sens exact du mot, mais aussi quels sont les l)rincipes théologiques et canoniques qui règlent le but, la nature, les droits et les devoirs des organismes conciliaires. Nous commençons donc par définir et diviser.

Un concile, appelé indifféremment concilium ou synodus par les anciens auteurs, est proprement une réunion d’évéques solennellement assemblés pour délibérer et légiférer sur des questions doctrinales ou disciplinaires ressortissant au domaine religieux. Il faut se garder de confondre les conciles ecclésiastiques, les seuls dont nous ayons à nous occuper ici, avec d’autres qui sont connus dans l’histoire sous le nom de conciles royaux. Ceux-ci étaient des réunions mixtes, concilia mixta, auxquelles prenaient part, outre les évêques et les prélats ecclésiastiques, des comtes, des ducs, les princes séculiers en général, et où tous édictaient, d’un commun accord et sous la direction du souverain, des mesures d’ordre tant civil que religieux. On en rencontre en Espagne à partir du milieu du vu siècle. Thomassin, dans son traité De vetere et nova Eccl. disciplina, part. II, l. 11, c. 36, constate que les conciles mixtes furent de bonne heure fréquents à Constantinople ; mais, selon la remarque de Baluze (Capitularia Regain Francorum, t. II, col. 1028), ils furent encore plus fréquents en France, car les rois très chrétiens avaient l’habitude de ne prendre aucune décision grave sans consultation préalable des évêques et des grands du royaume ; c’est ce qu’atteste cette formule, très usuelle dans leurs diplômes : Nos una cum apostolicis viris patribus nostris episcopis^ optiniatibus cæterisque palatii nostri ministris, etc.

On divise les conciles en universels ou œcuméniques et particuliers, suivant qu’ils représentent, par le nombre et la qualité de leurs membres, l’Egliso entière ou une partie seulement de l’Eglise. Les conciles particuliers se subdivisent spécialement en diocésains, provinciaux et nationaux. Inutile de nous arrêter aux conciles diocésains, plus communément dits synodes, d’autant plus que l’évêque seul y a