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CŒUR DE JESUS (CULTE DU)

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Il y en a « la bagatelle de deux cent quarante en moyenne ».

Le journal ami des francs-maçons continue avec audace : « Tout commentaire enlèverait sa saveur à ce relevé de condamnations prononcées, dans l’espace d’une année (c’est le journal qui recourt aux caractères italiques), contre moines, frocards, Révérends Pères, curés et autres Jésuites. »

Or. qu’on relise nos tableaux : on verra que ce groupe a encouru durant les huit dernières années, 5^ condamnations, c’est-à-dire environ 7 par an.

Et, de plus, il est affirmé qu’en regard de ces prétendues 2^0 condamnations annuelles des gens d’Eglise, on ne trouve que 6 condamnations de maîtres laïques, quand, en réalité, contre 6 condamnations de maîtres laïques, le lecteur l’a vii, il n’y a qu’un instant, on ne relève que 4 condamnations chez les gens d’Eglise, pourtant deux fois plus nombreux.

Je dis 4 et non 2^0.

240 est un mensonge, dont on ne sait comment qualilier dignement l’énormité.

Vraiment il faut croire la cause que l’on soutient bien mauvaise pour s’abaisser à la défendre par des moyens si scandaleusement déloyaux.

VII. Conclusions

Quelles conclusions faut-il tirer de tout ce qu’on vient de lire ?

D’abord, c’est qu’on ne doit pas ajouter la moindre foi aux racontars des journaux sectaires, quelle que soit la précision des détails dont ils cherchent à les autoriser.

Et puis, c’est que la classe de ceux qui représentent l’Eglise ou la servent occupe, dans l’ordre de la moralité, d’après les renseignements mêmes empruntés à ses ennemis, une place éminente, qui la met l>ien haut au-dessus de toutes les autres. C’est ce qui permet de juger à sa valeur le reproche que ses adversaires opposent au célibat religieux, de provoquer l’inconduite chez ceux qui l’observent. Les faits répondent, et leur réponse est éloquente.

Ce qu’il faut reconnaître encore, si l’on est de bonne foi, c’est que, dans l’éternelle lutte contre les mauvais penchants de la nature, le sentiment religieux est poiu" Ihomme un auxiliaire sans égal. On ne dit certes pas qu’il supprime les inclinations perverses, ni qu’il les maîtrise toujours. De ces deux forces en présence, soit que, chez certains, la première ne se trouve pas assez déveh)ppée, soit que la seconde le soit trop, ou qu’enfln, toutes deux étant capables de se résister l’une à l’autre, la séduction de l’occasion <ju je ne sais quelle surprise fasse pencher malheureusement la balance, il peut arriver et il arrive que celle-là succoml)e, qui aurait dû triompher. Mais que de fois aussi elle l’emporte ! On vient de le voir.

Ce qui ressort entin, en plein relief, pour quiconque étudie loyalement les résultats comparés, dont on a observé ici l’ensemble, c’est l’iniquité ou l’ignorance de ceux qui attaf|uent le clergé et les congrégations, au nom justement de la morale, dont ils sont l’honneur.

Dans son livre Du Pape (1. III, ch. m), Joseph de Maistre écrivait, après Voltaire : x La vie séculière a toujours été plus vicieuse que celle des prêtres ; mais les désordres de ceux-ci ont toujours été plus remarquables par leur contraste avec la règle. »

Ce qu’il y a de certain, c’est que, depuis que la comparaison peut être faite avec sûreté, c’est-à-dire depuis qu’il existe des statistiques criminelles dans notre pays, le clergé et les congrégations forment ouvertement, ofTuiellement, et sans qu’aucune contradiction soit possible, l’élite morale de la France.

Bibliographie. — G. Bertrin : De la criminalité en France dans les congrégations, le clergé, et les principales professions, d’après les documents olTlciels. (Un vol. in- 16, Paris, Maison de la Bonne Presse, 1904.) Id. Enseignement chrétien, 14 octobre et i"^"" novembre 18g8.

Georges Bertrix.


CŒUR DE JÉSUS (CULTE DU). —
I. Objet de ce culif. — 11. Valeur symbolique du cœur. — III. l’adoration due au cœur corporel de Jésus-Christ. — IV. Si le culte du sacré Cœur est matérialiste. — V. Fruits et effets de ce culte. — VI. Sa portée. — VIL Approbation donnée par l’Eglise. — VIII. Si Benoit A’IV lui fut hostile. — IX. Ses origines. — X. Les promesses divines en sa faveur. — XI. Légitimité de son rayonnement social. — XII. Compromissions politiques.’I. Objet du culte du sacré Cœur. — Il est bien

entendu que tout culte d’adoration rendu à Jésus-Christ s’adresse à sa personne même. Toutefois la personne est susceptible d’être envisagée sous divers aspects, considérée dans diverses circonstances, dans l’accomplissement de telle ou telle action, dans la manifestation plus spéciale de l’une ou l’autre de ses qualités. De là vient la pluralité des fêtes de Notre-Seigneur dans la liturgie chrétienne, la pluralité des dévotions dont il est l’objet de la part des fidèles.

Or, un des traits dominants dans la personnalité du Sauveur, c’est l’amour. « Dieu est charité », et le Fils de Dieu s’est fait homme par amour et pour aimer, ne se proposant d’autre but que de vouloir et de procurer la gloire de Dieu et le l)ien de l’humanité. Par là nous nous trouvons invites à honorer Notre-Seigneur en tant que rempli d’amour pour nous, en tant qu’agissant sous l’empire de son amour pour nous. Et s’il est juste d’honorer cet amour en célébrant une à une, dans le détail, les actions qui en sont autant d’effets et de marques, ne sera-t-il pas également à propos d’honorer Xotre-Seigneur, ami des hommes, dans l’ensemble et la généralité de son amour pour nous ?

Toutefois cet amour de Xotre-Seigneur envers nous devra, pour constituer un véritable objet de culte chrétien, se présenter sous les dehors d’une expression sensible. Ainsi l’exige une loi foncière de la nature humaine, que la vraie religion ne saurait méconnaître : nous ne nous mettons en rapportavec le spirituel que par le moyen et le secours du sensible.

« C’est, remarque Bossuf.t, une loi établie pour

tous les mystères du christianisme qu’en passant à l’intelligence, ils se doivent premièrement présenter aux sens, et il l’a fallu en cette sorte pour honorer celui qui étant invisible par sa nature a voulu paraître pour l’amour de nous sous une forme sensible. » (Sermon sur la parole de Dieu, Œuvres oratoires, édit. Lebarq. t. III, p. 58 1.) Où prendre ce signe sensible de l’amour ? Il en est un tout indiqué, naturel, intelligible à tous, usuel : c’est le cœur. Le cœur de Xotre-Seigneur, son cœur corporel, son cœur de chair, voilà donc un objet matériel qui, en même temps qu’il peut être atteint parles sens et représenté dans l’imagination, suggère à l’esprit la pensée de l’amour qu’a éprouvé et dont s’est inspiré le Sauveur.

L’assemblage harmonieux dti cœur corporel de Jésus-Christ et <le son auu)ur pour les hommes — le cœur symbolisant l’amour, l’amour symbolisé par le cœur — tel est lobjct [jropre du culte du sacré Cœur de Jésus.

Mais, tout en étant cela essentiellement et en substance, le culte du sacré Civur, par une extension légitime et forcée, déi)asse ce domaine iirimordial. Il