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CLERGÉ (CRIMINALITE DU)

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On voit par ce tableau que les maîtres laïques ont encouru 691 accusations de crimes contre les personnes, ou, ce qui est équivalent, contre la morale, tandis que les maîtres des écoles rivales n’en encouraient que 187 ; c’est-à-dire qu’ils s’en sont vu intenter annuellement tout près de 18, tandis que les autres n’en subissaient qu’un peu plus de 5 1/2.

Donc, pour une accusation contre les instituteiu’s congréganistes, il y a eu, en moyenne, trois accusations, et plus, contre les instituteurs laïques : plus de trois pour une !

Il est vrai que les maîtres laïques sont plus nombreux. En tenant compte de ce fait, c’est-à-dire en prenant la moyenne par 100.000 individus, on trouve que les membres de l’enseig-nement laïque ont subi annuellement 22 accusations (en chillres ronds) contre les bonnes mœurs, tandis que les membres de l’enseignement congréganiste n’en subissaient que 9, 33. et le groupe clergé et congi’égations, 5, 09.

Que si l’on veut restreindre l’enquête à l’époque où le gouvernement s’est dépai’ti de l’impartialité, en faveur du groupe qui lui est particulièrement cher, on n’a qu’à prendre les résultats des huit dernières années, étudiées déjà plus haut, mais au point de vue de la criminalité générale, dans im double tableau quadriennal.

Ces résultats, les voici :

CRIMES CONTRE LES PERSONNES

DANS LE PERSONNEL ENSE16N.NT ET LE CLERGÉ ACCUSATIONS PORTEES DE 1894 A 1901

PROFESSIONS

Personnel laïq.

Personn. congr.

Cierge et Congr. (personnel enseig. compris).

ANNEES

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9

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15

1 1

12, 13

3, 50 10, 3 I 10.669 60.620

a32.44<

10, 95 4, 45 ;

Ainsi, dans ces huit années, pendant que les maîtres laïques étaient accusés de crimes contre la morale 97 fois, le personnel de l’enseignement chrétien était accusé 28 fois, c’est-à-dire que les uns encouraient en moyenne, chaque année, 12 accusations en chiffres ronds, et les autres seulement 3.

Si les journaux sectaires avaient recueilli également et publié, avec les mêmes détails, les accusations officielles contre la morale, encourues par le personnel de l’un et l’autre enseignement, même dans ces années où le gouvernement a fait preuve d’une évidente partialité, il leur aurait fallu quatre fois plus de place pour les scandales des laïques que pour ceux des autres, à propos desquels ils font cependant tant de bruit, comme s’ils étaient les seuls : en réalité, ils forment le quart de ceux qui concernent les maîtres des écoles rivales.

Quant à la moyenne annuelle, pour 100.000 individus, on a vu aussi le résultat. Mettons-le en relief.

Dans cette période, où ceux qui accusent étaient les ennemis déclarés du clergé et des congrégations et les protecteurs passionnés des instituteurs laïques, combien relève-t-on d’accusations contre les mœurs, par 100.000 membres de ces groupes ? Contre les instituteurs laïques ? — Près de 1 1. Contre les instituteurs congréganistes ? — Moins de 6. Contre le clergé et les congrégations réunis ? — Moins de 4 12.

Bref, même dans cette période, les instituteurs laïques ont subi environ, à nombre égal, près de deux fois plus d’accusations immorales que les instituteurs congréganistes. et deux fois et demie plus que le clergé et les congrégations réunis.

Et ce serait bien pis pour eux, si l’on considérait les résultats d’avant 1885. Mais, même si on étend l’enquête à tout le temps écoulé de 1867 à 1901, où sont comprises seize années f|ui vicient la comparaison, comme on l’a vii, que dis-je ? même en la limitant aux huit dernières années de la période, qui toutes ont vu les chiffres dénaturés par la partialité gouvernementale, on trouve toujours le même résultat : précisément au sujet du point spécial de la morale, où les adversaires de l’Eglise la détient d’oser faire la lumière, les congréganistes et le clergé l’emportent nettement sur la classe sociale, la meilleure en France après eux, d’après les chiffres de l’administration qui la protège passionnément.

Lui sont-ils deux fois, trois fois ou quatre fois supérieurs ? La réponse dépend des périodes que l’on considère. Mais ils le sont deux fois et plus quand ils le sont le moins.

V. La criminalité dans les professions non libérales

Si nous n’avons parlé jusqu’ici que des défaillances des professions libérales, c’est que nous avions pour but de marquer la place du clergé dans la moralité publique ; or, pour que la comparaison fût plus significative, nous l’avons dit, il fallait surtout comparer le clergé aux professions dont il fait partie. Indiquons maintenant, mais sans insister, la moralité des autres groupes professionnels.

Une distinction est nécessaire, au point de vue de la siireté des conclusions.

i" Comparaison sommaire et générale. — Pour être brefs, donnons d’abord un aperçu sommaire sur les deux dernières années de la période (i 900-1 901) ; les résultats sont d’ailleiu’s analogues à ceux des années précédentes..

Voici donc comment se répartissent, entre les diverses classes de la société groupées dans de larges catégories, les accusations criminelles pour 1900 et 1901.

1900 190 I

Agriculteurs 763 701

Industriels i.016 997

Commerçants 919 794

Domestiques 117 116

Gens sans aveu 289 268

Professions libérales. 176 140

Ce qui montre que, sur 100 accusations pour crimes : 23 en 1900 et 1901, concernent les agriculteurs ; 31 en 1900, 33 en 1901, les industriels ; 28 en 1900, 26 en 1901, les commerçants ;

4 en 1900 et 1901, les domestiques ;

9 en 1900 et 1901, les gens sans aveu ;

5 en 1900 et 1901, les professions libérales. Donc, parce que nous n’avons parlé dans cette

élude que des crimes commis par les professions libérales, il ne faudrait pas croire que les cours d’assises ne fonctionnent que pour les membres de ces professions. En réalité, elles jugent 5 de leurs membres contre 96 des autres : 5 sur 100 !

Faut-il aller plus loin ? Peut-on essayer d’indiquer la moralité des classes non libérales, en donnant la