Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/271

Cette page n’a pas encore été corrigée

525

CHINE

526

de Christianisme, furent balayées, au point qu’il n’en resta aucun vestige.

L’archevêché de Pékin, fondé en 1308, fut supprimé de fait en iSôg. l’archevêque et tous les chrétiens ayant été expulsés. L’évêché de Zayton, T’siuentcheou au Fou-kien, fondé en 1312, avait cessé d’être dès 1362, l’évêque ayant été tué et la chrétienté dispersée. — La dynastie chinoise Ming, qui remplaça les Yuen, ayant été fondée par un ex-bonze, les Bouddhistes firent florès à son début, naturellement. Des bonzes siégèrent dans le conseil impérial. Mais la position politique des Lettrés était solide. Charges et examens leur restaient. A leur requête, l’empereur bouddhiste T’cheng fit compiler et éditer la grande philosophie néo-confucianiste Sing-li-ta-t’siuen, par décret de l’an 1416… Sous l’empereur Ou, vers 1515, introduction des bonzes tibétains jaunes, de la réforme de Tsongkapa, dits lamas les excellents, lesquels absorbèrent en lô^i les bonzes rouges de Phags’pa… En 1522, l’interprétation tchouhiste des Classiques est de nouveau déclarée officielle… En 1552, SAINT François Xavier meurt dans l’île de Sancian, en vue de la Chine. En lôô^, établissement des Portugais à Macao. En 1582, entrée en Chine du Jésuite Mathieu Ricci, qui s’établit à Pékin en 1601, et y mourut en 1610. Le Christianisme rentra avec lui.

— L’ère de la dynastie tartare mandchoue T’sing, actuellement régnante, fut, de iG44 à igoS l’âge d’or des Lettrés. La famille impériale est bouddhiste lamaïque, mais, durant 250 ans, toutes ses faveurs furent pour les Lettrés. Ceux-ci la servirent bien, la sauvèrent plus d’une fois, lui firent partager leurs amours et leurs haines. En 1663, l’institution du système d’examens qui a fonctionné jusqu’en igo5, les rendit tout-puissants. Le Christianisme, qui n’avait déjà échappé à plusieurs crises que grâce à la faveur des Jésuites de Pékin, obtint en 1692 de l’empereur K’ang-hi un édit de tolérance. Mais, par peur des Lettrés, en 17 17 le même K’ang-hi le prohibe pratiquement. Poussé par les Lettrés, son fils Yong-tchexg le persécute franchement. K’iex-long, grand Lettré lui-même, continua la persécution, et fit des martyrs depuis 17/17. Kia-k’ing imita son père ; en 1814, édit portant peine de mort contre tout prêtre, et peine de déportation contre tout chrétien ; martyrs en 18 1 51819. Continuation de la persécution sous Tao-koang. Confucius n’a-t-il pas dit qu’il faut préserver le peuple des doctrines hétérodoxes ?… Après des guerres et des négociations, édits de tolérance de iSl^ ! ^-l8l^b. Après de nouvelles guerres et de nouvelles négociations, édits de protection de 1860 et des années suivantes. .. Les rebelles T’ai-p’ing, qui mirent la Chine à feu et à sang de 1850 à 1865, ne furent pas des chrétiens protestants comme on l’a prétendu, mais des sectateurs du Lotus blanc, qui arrangèrent à leur manière une Bible protestante. Les Lettrés sauvèrent encore la dynastie, en organisant la résistance. Aussi furent-ils, après la tourmente, plus choyés que jamais. Par suite, recrudescence de crédit et de faveur pour Tciiou-Hi. Le 18 juillet 189^, un décret impérial censura Mao-k’i-ling, son célèbre contradicteur, et ordonna aux examinateurs olliciels de « se conformer scrui)ul(usciiicnt à la loi établie, de tenir le commentaire ; de Tchou-hi pour la parole du Maître, de n’accepter aucune dissertation contenant des opinions différentes de celles de Tchou-hi ». Six ans plus tard, rébellion des Boxeurs. Ce furent encore les Lettrés diplomates qui tirèrent la dynastie d’affaire. Mais la secousse que le gouvernement éprouva cette fois, lui fll conq)rcndre enfin que la littérature ne peut pas tenir lieu (h ; tout. Les coups de canon tirés sur Pékin, ouvrirent une brèche aux idées modernes. Le 2 septembre 1905, décret abolissant les anciens examens

littéraires. Nouvelle organisation des écoles. Programmes et manuels scolaires, sur patron japonais. C’est la ruine de la caste des Lettrés, et l’aube d’une ère nouvelle. Puisse la période qui s’ouvre être celle du Christianisme. Humainement il y a peu d’espoir, mais Dieu peut tout.

Cet’article a été tiré tout entier des sources chinoises originales. Pour tout ce qui concerne les religions et doctrines de la Chine, presque tous les livres européens anciens ont fait leur temps, beaucoup des modernes ne sont pas au point. Peuvent être consultés avec fruit : Ph. Couplet S. J., Confucius Sinarum philosoplius. — J. Legge, Chinese Classics, et The Religions of China. — A. Zottoli S. J., Cursus litteraturae sinicae. — Prof. Ed. Chavannes, Mémoires Historiques de Se-ma-t’sien. — Ch. de Harlez, divers livres, opuscules et articles. — S. Couvreur S. J., Classiques chinois. — J. M. de Groot, The religious srslem of China. — St. Le Gall S. J., Tchou-hi. — H. Havret S. J., Stèle de Si-ngan-fou et T’ien-tchou ; et autres numéros des Variétés sinologiques. — Tous les textes relatifs aux questions touchées dans cet article, se trouvent, cités au long et commentés, dans les Textes historiques et les Textes philosophiques de l’auteur de cet article.

Léon WiEGER S. J,

CHINE (SAGES DE LA). — Lao-tse. — Le Vieux Maître, appellatif usuel de l’auteur du Tao-tei/ang, le plus ancien ouvrage philosophique chinois qui soit parvenu jusqu’à nous. L’espèce de panthéisme contenu dans ce livre a été exposé dans l’article Chine (Religions et doctrines), v. Reste à dire ici ce que nous savons de son auteur. — Il y a sur la personne de Lao-tse deux versions. La première version, plus historique, prétend que le Vieux Maître fut le grand archiviste de l’empereur Yeou des Tcheou, 781 à 771 avant J.-C, que les Annales appellent Pai-yang-fou. Le célèbre autevir taoïste du n"^ siècle Tchoang-tcheou raconte Cque le Vieux Maître mourut en Chine et dans son lit. Les philosophes néo-confucianistes, et les meilleures critiques de toute nuance, ont tous soutenu cette tradition. La seconde version, jjIus légendaire, prétend que le Vieux Maître fuL le grand archiviste de l’empereiu* King des Tcheou, 519 a ^76 avant J.-C, celui que le Li-ki appelle Lao-tan, le Vieux Tan, et que Confucius visita pour le consulter. Les textes sur lesquels cette opinion est assise, sont de basse époque. Ses soutenants sont des auteurs de moindre valeur. Elle est actuellement plus commune, ce qui ne prouve rien. L’identité du Vieux Tan que Confucius visita, et du Vieux Maître auteur du Tao-tei-king, n’a jamais été démontrée… D’après la légende, las de voir l’empire mal gouverné, Lao-tse serait parti pour l’Occident. On n’eut jamais plus de ses nouvelles. Il se fit bonze dans l’Inde, dirent les Bouddhistes plus tard. Il inventa le Bouddhisme dans l’Inde, dirent les Taoïstes. Lao-tse, l’auteur du Tao-tei-king, n’eut rien de conimun avec le Bouddhisme, mais il eut des accointances étroites avec le Brahmanisme. Pourra-t-on démontrer quekjue jour, qu’ayant fait un voyage dans l’Inde, il en rapporta en Chine le pantliéisme dualistique et autres nouveautés ? ou qu’il apprit ces choses, d’inconnus venus de l’Inde, et les vulgarisa en Chine ? C’est plus que probable… Alors seront expliquées, et la corruption de la religion chinoise primitive, et l’apparition d’une pliiloso{)hie qui ne fut certainement pas autochtone. Alors seront conciliés les traits en apparence disparates des traditions relatives à Lao-tse, son voyage en Occident et sa