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mort. Sous les Nan, leur crédit alla croissant d’âge en âge. En 165 avant J.-C, le magicien Sin-yuex-p’ing s’empare de l’esprit de l’empereur Wen. De 1 53 à 1 12, l’empereur Ou fut la dupe des alcliimistes Li-chao-KiUN. Chao-avong, Liuen-ta, et autres, qui lui promettaient la conversion du cinabre en or, et la drogue d’immortalité. Miao-ki lui lit introduire le culte du Suprême Un, équivalent taoïste du Sublime Souverain des Confucianistes. L’empereur chercha à se mettre en relations avec cette déité, sur la cime du mont Tai-chan, le 17 mai iio. Puis il éleva la Tour des communications célestes. La magie, l’alchimie, les évocations, les conjurations, les charmes, les maléfices et l’envoûtement, furent à l’ordre du jour durant tout ce long règne. Ce fut une fureur. Elle coûta à lempereur Ou son propre fils le prince Kiu, désigné pour lui succéder, et nombre de fidèles sujets. Assagi par le malheur, il finit par découvrir qu’on s’était joué de lui durant 02 ans. Son proche parent, le prince Lieou-nax, mort en 122, ajouta à la littérature taoïste l’important traité naturaliste et alchimique, connu sous le nom de Hoai-nait-tse, dont l’odeur est franchement exotique. En 61, l’empereur Siuen autorisa des pratiques taoïstes magicjues venues de l’Ouest. En 14. l’empereur T’cheng se convertit du Confucianisme au Taoïsme. En 5 avant J.-C, l’empereur Xai, le fameux sodomite, confirme 700 lieux saints, et autorise 87.000 sacrifices taoïstes par an. Des dcA ins taoïstes lancèrent la révolution qui renversa l’usurpateur Wang-mang, et rétablit les Han. Un prophète taoïste mit sur le trône, en 26 après J.-C, l’empereur Koang-Ou, qui se montra reconnaissant. En 166, l’empereur Hoan élève un temple à Lao-tse dans sa capitale, et lui sacrifie avec le rituel des sacrifices au Ciel. En 184. grande rébellion des Turbans jaunes, qui s’étaient associés et organisés petit à petit, comme l’ont fait presque tous les rebelles depuis lors, sous le couvert de dévotions taoïstes. Ils pratiquaient en commun certaines cérémonies superstitieuses, qui les liaient entre eux. Ils pratiquaient certaines bonnes œuvres, qui leur attachaient le peuple. Quand ils se crurent assez forts, ils tirèrent le sabre. Dans les années qui suivirent, les sectes analogues pullulèrent. Une surtout est à noter, non à cause de son importance, mais parce que c’est d’elle que date la fameuse légende du pape des Taoïstes. Il s’agit de l’aïeul de Tchang-lou, Tchang-ling dit Tchang-tao-ling, qui vécut à la fin du premier siècle de l’ère chrétienne, et fut favorisé d’apparitions de Lao-tse. Y eut-il dès lors, dans cette famille Tchang, une transmission héréditaire de certains secrets et d’une certaine autorité sur la secte ? le fait est douteux pour cette époque, mais plus tard il en fut ainsi. Vers ^23, un certain K’kol-k’ien-tcuk achèvera de faire du Taoïsme une secte hiérarchisée, puissante, malfaisante et redoutée. C’est lui qui fit conférer à feu Tchang-taoling, le titre de Docteur céleste, qu’ont porte depuis tous ses successeurs plus ou moins authentiques. Il mit en vogue la forme diététique du Taoïsme, gymnastique respiratoire, drogue d’immortalité, régime des Immortels, consistant à ne manger que des pétales de fleurs et à ne boire que de la rosée. Simagrées superstitieuses destinées à donner le change sur la nature révolutionnaire de la secte. Les devins taoïstes furent les principaux fauteurs des troubles qui agitèrent le commencement du 111° siècle. Aussi l’un des premiers actes du fondateur de la nouvelle dynastie Tsin, fut-il de prohiber leur métier.

3. CoNnciANisMi :. — Le soleil de la faveur ne luisit pas pour lui, durant cette période. Le foiulaleur des Han méprisa les Lettrés. En 191 avant J.-C, le décret prohibant les livres cessa d’avoir force de loi, sans

avoir été abrogé. En i^o, les harangues de Tong-TCHOXG-cHou à l’empcreur Ou, prouvent que les Lettrés ont fait du dualisme leur principe fondamental. De 155 à 130, le prince Hiex, frère de l’empereur Ou, recueille et restaure les vieux écrits échappés au désastre de l’an 21 3. Ils furent enfouis dans la bibliothèque impériale. En 51, on se souvint enfin de leur existence. En 7 avant J.-C, on les classa. En 79 après J.-C, on les revisa… Vers go après J.-Ç., mort du philosophe Wang-t’choxg, lettré transfuge, dont les attaques contre ses anciens confrères nous fournissent un très bon catalogue de leurs thèses. Incontestablement, à cette époque, les Confucianistes avaient subi l’influence du milieu taoïste dans lequel ils vivaient. Ils avaient oublié la notion anticjue du Ciel Sublime Souverain, que Wang-t’chong relève. Ils considéraient comme le grand pouvoir supérieur, le binôme ciel et terre, le ciel et la terre étant matériels, faits d’une substance ténue, semblable à la vapeur ou à la fumée. Ils attribuaient pourtant à ce binôme les attributs que les anciens donnaient au Ciel Souverain, le gouvernement, la Providence, la rétribution du bien et du mal. Ils l’interrogeaient par la divination. Ils lui faisaient des offrandes. Wang-t’chong attaque a’ec verve leur inconséquence. « Si le ciel et la terre sont matériels, avec quels j^eux nous voient-ils, avec quelles oreilles nous écoutent-ils, avec quelle bouche mangent-ils ?)i D’un autre côté, Wang-t’chong nous apprend que les Confucianistes croyaient encore à la survivance des âmes, que lui-même nie : <( Si les âmes survivaient, comme le veulent les lettrés, étant donné le nombre d’hommes qui ont passé sur la terre, à chaque pas j’en écraserais une. » — En 170, persécution sanglante des Lettrés, par les eunuques alors tout-puissants à la cour. Nombreuses victimes ; dix-mille, dit l’histoire officielle. — Vers le milieu du iii^ siècle, Wang-sou compile le recueil d’anecdotes confucianistes Kia-yu, et en 817 Mei-hi ajoute aux Annales ig chapitres qu il fabriqua en cousant ensemble des centons de toute provenance.

VIII. Les Tsin. Grande anarchie. Bouddhisme.

— Cette période s’étend pratiquement de 300 à 689 après J.-C. Tongouses du N.-E., Huns du N.-O., Tangoutains et Tibétains de l’O., se ruent à l’envi sur l’empire, et le refoulent peu à peu jusqu’au sud du fleuve Bleu, occupant tout le nord. Le Bouddhisme trouva en eux les protecteurs politiques, qu’il attendait depuis près de trois siècles. Ce furent surtout les princes huns de cette période, vers 330, Che-lei, Chehou et autres, ivrognes, débauchés, cruels, quelque peu anthropophages, qui le favorisèrent. Avec la faveur vint l’expansion. Cette expansion soudaine obligea les bonzes hindous débordés à s’adjoindre des bonzes chinois en nombre, ce qui accéléra encore la propagande. Mais n’allez pas croire que Che-lei et Che-hou furent dévots. Ils ne le furent pas du tout. Servis fidèlement par le bonze hindou Bouddha Jaxga, ils payèrent les services de cet homme, le premier par des honneurs personnels, le second par un édit en faveur de sa secte. « La faveur dont jouit ce bonze, dit l’histoire officielle, mit le Bouddhisme en vogue parmi le peuple. Des pagodes s’élevèrent de toute part, et grand fut le nombre des Chinois qui se firent raser la tête, et qui entrèrent dans les bonzeries, ce qui ne s’était jamais vu jusque là. Bientôt les bonzes chinois pullulèrent. » Ces bonzes chinois travaillèrent avec zèle à faire des prosélytes. En 372 le bonze Choex-tao introduisit le Bouddhisme en Corée, d’où il i)assa au Japon. — En liob, la faveur accordée au bonze hindou Kumarajiva, par’i ao-hing roi de T’sin, fut cause, dit l’histoire officielle. « que tout le nord de la Chine se couvrit de bonzcries, de