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pensée déprimante qu’ils vont étouffer un élan essentiellement vital et que semblable tentative doit faire courir à la santé certains risques, que va-t-il advenir ? Ce sera, ou bien l’échec lamentable, ou bien un état de surexcitation cérébrale, d’inquiétude morale, de « neurasthénie » en un mot, se surajoutant au déséquilibre premier. La faute toutefois n’en est pas à la chasteté, mais au manque de logique avec lequel fut envisagée sa conquête et tentée sa réalisation. Car pour un individu normal ou susceptible d’être ramené à la normale par une hygiène rationnelle, l’observation rigoureuse de la chasteté est compatible avec une pleine santé d’àme et de corps. C’est ce qu’atteste, avec l’expérience des chastes conscients et sincères, le témoignage des médecins psychologues et neurologues le plus compétents.

II s’est trouvé, dit Cli. Férk, médecin de Bicêtre.

« des médecins pour considérer la continence comme
« physiologique, d’autres l’ont accusée des maux les
« plus divers et en particulier de nombreuses névropathies.

Cette opinion est sui’tout basée sur la fréquence relative de la folie chez les célibataires. Eu

«. réalité, comme l’a bien montré Verga, le célibat, 
« qu’il ne faut pas confondre avec la continence, n’a
« sur la folie qu’une inlluence api^arente. Le céUbat
« est plus souvent la conséquence que la cause de’( l’anomalie. Il a moins de part dans les aliénations
« mentales des célibataires que le mariage dans les

(( aliénations des gens mariés, soumis à une multitude de soucis évités aux célibataires. La continence réalise une réserve de forces. L’économie

« sexuelle favorise la longévité et les diverses formes

de l’activité intellectuelle. » (Ch. Fkré, L’Instinct

« sexuel : éi’olution et dissolution, p. 315. Alcan, édil.)

Le D’Dubois, professeur de neuropathologie à la Faculté de médecine de Berne (Suisse), s’exprime dans le même sens : « L’exemple des prêtres dignes de ce

« nom montre que la chasteté n’a pas ces dangers. Il
« y a plus de neurasthéniques parmi ceux qui laissent
« libre cours à leur sensualité que parmi ceux qui savent

pour des raisons morales altruistes et aussi

« longtemps que ces motifs existent, échapper au
« joug de l’animalité. » (D"" Dubois, Les PsycJwnévroses

et leur traitement moral, p. Sgo. Masson, édit.)

Voici maintenant le vœu adopté à l’unanimité par la conférence de Prophylaxie sanitaire et morale (Congrès de Bruxelles, 1902), vœu qu’ont signé plus de 150 sommités médicales du inonde entier (D" Gailleton, Laxdouzv, Lassar, Neisser, etc.) : « Il faut a enseigner à la jeunesse masculine que non seulement la chasteté et la continence ne sont pas nuisibles, mais encore que ces vertus sont des plus

« recommandables au point de vue piu-ement médical

et hygiénique. »

Conséquences néfastes de l’impureté pour l’individu et la société. — Nous ne proposerons à personne le culte de la chasteté pour elle-même. Ce serait verser dans ce dilettantisme mystique de mauvais aloi qui attache à l’union des corps — même légitime et conclue en vue de fonder famille — je ne sais quelle signification diinpui"eté et de faiblesse. Cette conception nous paraît tout aussi malsaine que la conception inverse qui fait consister dans l’amour physique le but suprême de la vie.

La chasteté rationnelle — revendiquant le respect pour la Beauté féconde dont la femme est le vivant symbole — nous parait par contre répondre aux aspirations les plus hautes du cœur humain, à ce désir d’intégral enrichissement de l’individualité, à cette soif de paix sociale qu’a de tout temps noui’rie l’àme des philanthropes authentiques et qu’une demimoralité ne saurait satisfaire. Car les morales subversives qui, par une fausse interprétation de la

nature, tiennent pour raisonnable la thèse du bon plaisir, supposent toujours, avec l’avilissement du corps et de l’àme, l’écrasement des faibles par les forts. En effet, tant pour l’individu que pour la société, les conséquences de l’impureté sexuelle de l’homme sont désastreuses ; une seule les résume toutes : la Prostitution.

La Prostitution, source pour l’individu, sa descendance et son milieu, de maladies redoutables (péril vénérien), maintient dans un état d’esclavage les femmes qui en assurent le recrutement ; car celles-ci sont à la merci d’une police, dite « des mœurs », véritable régime d’arbitraire dont l’organisation constitue tout à la fois un crime juridique, une injustice sociale, une erreur hygiénique, un ferment de gangrène morale, et qui trouve un adjuvant inévitable dans le honteux traiîc de la traite des blanches.

Prostituer, c’est participer plus ou moins à toutes ces iniquités, et courir à sa propre ruine en ruinant le bonheur des autres.

Ces considérations, même dans ce qu’elles peuvent avoir d’étroitement utilitaire, ne sont-elles pas une triste et pressante justification de la chasteté ? Il serait, sans aucun doute, exagéré de prétendre que la venue d’un état social meilleur est tout entière subordonnée à celle de la moralité masculine. Mais le plein épanouissement des sentiments de pureté contribuerait à coup sûr très puissamment à faire régner parmi les hommes plus de concorde profonde, tant leur conscience régénérée par la vie chaste supposerait chez eux et dicterait à tous un respect plus scrupuleux de la Justice.

N. B. — Le cadre essentiellement apologétique dans lequel nous avons dû nous renfermer, ne nous permettait lias un exposé complet de la question sexuelle. Le lecteur soucieux de connaître les poignants problêmes de droit, d’hygiène et d’éducation qu’elle soulève trouvera d’utiles documents dans les ouvrages dont voici le titre :

Contre la Police des mœurs, chez P. Mouillot, 13, quai Voltaire, Paris ; La Femme esclave, par T. Fallot, chez Fischbacher, 33, rue de Seine, Paris ; L’Ecole de la Pureté, par Mme E. Piczinska, chez Fischbacher, 33, rue" de Seine, Paris ; Comment j’ai instruit mes filles des choses de la maternité, par Mme J. Leroy-AUais, chez Maloine, Paris, rue de l’Ecole-de-Médecine, i franc ; Comment mon oncle le docteur m’instruisit des choses sexuelles, chez Payot (Lausanne, Suisse), i fr. 26.

D’Paul Go Y.


CHINE (RELIGIONS ET DOCTRINES). —

I. A l’origine. — II. Avant les Tcheou, religion primitive. — III. Sous les Tcheou, innovations. — ÏV. Sous les Tcheou, adultérations. — V. Fin des Tcheou. Lao-tse et Confucius. Dissidents. — VI. Sous les T’sin. Destruction des anciennes archives. — VU. Sous les Han. Taoïsme magique, alchimique, diététique, politique. — VIII. Les Tsin. Grande anarchie. Bouddhisme. — IX. Soei et T’ang. Restauration. Jeu de bascule. — X. Sous les Sang. Taoïsme héroïque. Xéo-confucianisme. — XI. Sous lesSong. Le Tchouhisme. — Xll. Yuen, Ming, T’sing. Temps modernes. Règne des Lettrés.

I. A l’origine. — Ceux qui, vers l’an trois mille avant J.-C, ou plus tôt, fondèrent dans le bassin du fleuve Jaune ce qui est devenu depuis l’empire chinois, arrivèrent-ils par le nord-ouest ou par le sudouest, vinrent-ils de la Chaldée ou de l’Inde, étaient-