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CHASTETÉ

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Bautain, 18 novembre 1835.) Et le Concile du Vatican a porté le canon suivant : « Si quelqu’un dit que le Dieu un et véritable, notre Créateur et Seigneur, ne peut, à l’aide des choses créées, être connu avec certitude par les lumières de la raison humaine, qu’il soit anathème ! » (Constitution de Fide, can. i de lievelatione. )

2) L’anti-inlellectualisme, qui exagère la part de la volonté et du sentiment dans la foi, a reçu un blâme sévère et une condamnation formelle dans l’Encyclique Pascendi (18 septembre 1907) contre le modernisme. Voir à l’article Foi.

P. Geny.

Bibliographie. — Mercier, Critériologie générale, ou théorie générale de la certitude, Louvain, 1899 ; OUé-Laprune, La certitude morale, 3’édition’. Paris 1898 ; Farges, La crise de la certitude, Paris 1907 ; Newman, Grammaire de l’assentiment, trad. fr., Paris 1907 ; de Tonqucdec, Za Notion de vérité dans la « philosophie nouvelle », Paris 1908 ; Harent, ai-ticle Croyance, dans le Dictionnaire de théologie catholique.


CHASTETÉ. — Parmi les vertus que la religion catholique honore d’un culte particulier et qu’elle recommande à ses fidèles, la chasteté tient évidemment l’un des premiers rangs. Historiquement, le fait ne peut guère être contesté ; mais à cet idéal que le catholicisme maintient en dépit des passions, on reproche tantôt son élévation même, tantôt sa stérilité. Ceux qui tiennent tous les instincts de la brute humaine pour sacrés, doivent logiquement maudire la contrainte exercée sur ces instincts au nom d"une loi supérieure. Nous ne nous attarderons pas à justifier cette loi : il suffît de croire au droit souverain de Dieu sur l’humanité pour admettre qu’il a pu et dû lui prescrire des devoirs touchant les actes qui intéressent au premier chef le gouvernement moral de l’individu et la conservation de l’espèce.

Les dispositions les plus universelles de la législation chrétienne sur la chasteté tendent à protéger la famille ; d’autres dispositions plus spéciales tendent à constituer, par la pratique de la chasteté intégrale, une réserve d’énergie morale profitable à la société tout entière. Ceux qui se vouent à la pratique de cette vertu sont à la fois les témoins d’un idéal très élevé et souvent, à raison des œuvres quils entreprennent, les serviteurs les plus actifs de cet idéal dans l’ordre des faits : de là même procèdent trop souvent les haines qu’ils suscitent. Quant aux principaux devoirs de la chasteté chrétienne, nous renverrons aux articles : Famille, Mariage, Monacuisme, Sacerdoce CHRÉTIEN, Vœu. Mais les objections de ceux qui accusent l’Eglise catholique d’imposer des fardeaux intolérables ou inutiles, ne doivent pas rester sans réponse. Tel est le but du présent article. Du seul point de vue rationnel et physiologique, la législation chrétienne sur la chasteté apparaît bonne et salutaire. C’est ce que nous nous sommes proposé d’établir en donnant la parole à un médecin expérimenté. Son exposition volontairement incomplète mettra le lecteur sur la voie de développements qui ne pouvaient trouver place ici, et fera entendre, sans qu’il y ait heu d’insister davantage, tout ce que les individus et les sociétés gagneraient à rapprendre l’Evangile.

N. D. L. D.

Bienfaits de la chasteté considérée au point de vue rationnel et physiologique. — I. La Psychologie DE l’Instinct sexuel, base logique de la Chasteté. — Les lâches compromis et les désordres sociaux qu’implique le dérèglement sexuel sont pour

tout esprit droit un sujet de révolte. Le plus élémentaire respect de la justice semblerait exiger que tout jeune homme apporte dans le mariage une moralité au moins égale à celle de la vierge qu’il prendra pour femme : les libertins eux-mêmes se rangent théoriquement à cet avis. Mais il y a, prétend-on, entre nos aspirations morales et certaines manifestations de la physiologie masculine un antagonisme irréductible, et le jeune homme doit, sous peine de voir sa virile santé compromise, jeter sa gourme avant les justes noces !

Ces assertions sont fausses ; un tel conflit n’est en cITet qu’apparent ; il résulte tout entier d’une éducation mal conduite et de notions incomplètes à l’endroit des fonctions sexuelles ; car l’observation psychologique la plus désintéressée, jointe à l’expérimentation scientifique la plus rigoureuse, permettent de proclamer que : La chasteté avant le mariage et la vie durant, quand l’exigent certaines circonstances ou des engagements spéciaux, est chose physiologique et de réalisation facile, si l’adolescent reçoit en temps voulu de judicieux avertissements. La physiologie comparée permet d’étayer notre affirmation sur des données précises :

§ I. L instinct sexuel chez l animal. — Chez les animaux — à moins que le contact de la civilisation I n’ait modifié trop profondément leurs conditions d’existence, — les instincts n’ont point dévié et se peuvent observer encore à l’état de primitive pureté. L’instinct sexuel est resté pleinement chez eux l’instinct de la reproduction : Dès que la maturité des organes reproducteurs permet la perpétuation de l’espèce, mâles et femelles s’accouplent, mais dans des conditions déterminées en dehors desquelles toute activité sexuelle est, chez le mâle, rigoureusement suspendue ; à certaines époques de l’année, les femelles deviennent aptes à recevoir la semence qui les rendra mères ; des émanations spéciales avertissent le mâle de cet état de réceptivité et les sensations olfactives par lui perçues (et ces sensations seulement) lui dictent l’acte générateur qu’il ne peut ni éluder, 7Il adapter à d’autres fins, en raison de l’instinct aveugle et sur aux lois duquel il est soumis. Mais si le mâle ne peut éluder les fonctions de reproduction quand la nature les lui impose, il observe sans dommage pour sa santé physique et pour l’intégrale conservation de ses attributs reproducteurs une continence rigoureuse jusqu’au jour où les hasards de sa vie errante le mettent en présence d’une femelle placée dans les conditions voulues pour être fécondée (le lecteur désireux d’avoir sur ce point de psj’chophysiologie des renseignements plus techniques, les trouvera relatés dans notre travail sur La pureté rationnelle, Maloine, éditeur, prix : o fr. 40, au chapitre

« psychophysiologie de l’instinct sexuel »).

Il existe donc chez l’animal une pureté sexuelle qui, dans sa brutale inconscience, n’en est pas moins rigoureuse ; et c’est se tromper très fort que reprocher au libertin de descendre au rang de la bête quand il cède sans mesure à certaines sollicitations. Certes il serait à souhaiter que les êtres humains des deux sexes apportassent dans les relations sexuelles toute la pureté d’intention, si réelle dans son inconscience, que les animaux y apportent, et l’idéal en matière de morale sexuelle nous paraît précisément de redonner aux fonctions créatrices toute leur portée logique, n Mariage » n’en devient point pour cela synonyme de sélection artificielle. La manifestation prosaïque et brutale à quoi le réduirait cette conception darwinienne à l’excès, ne serait plus conforme aux caractères de spontanéité et d’abandon qui sont partout ailleurs les caractères distinctifs do