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CANOSSA

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toire du canon du Nouveau Testament, in-8°, Paris, 1891 ; Magnier, Etude sur la canonicité des saintes Ecritures, in-12, Pai-is, 1882 ; P. Batiffol, L’Eglise naissante. Le canon du Nouveau Testament, dans la Revue biblique, 1908, t. XII, p. 10-26, 226-233 ; F. Vigouroiix, Canon des Ecritures, dans le Dictionnaire de la Bible, t. II, col. 134-184 ; E. Mangenot, Canon des Livres saints, dans le Dictionnaire de théologie catholique, t. II, col. 1550-1605 ; C. Julius, Die griechischen Daniel Zusàtze und ihre kanonische Geltung, Fribourg-en-Brisgau, 1901 ; U. Fracassini, Le origini del canone del Vecchio Testamento, dans Rivista storico-critica délia scienze teologiche, 1909, p. 81-99, 2^9 ; Id., Le origini del canone del Nuovo Test., ibid., p. 249-268 ; P. Dauscli, Der Kanon des Neuen Testamentes, Munster, 1908. Pour le Nouveau Testament, on consultera avec fruit les ouvrages suivants d’auteurs non catholiques : B. J. Westcott, A gênerai survey ofthe history ofthe canon ofthe Aeiv Testament during the first four centuries, in-12, Cambridge, 1855 ; 6’édit., Londres, 1889 ; Th. Zabn, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, 2 in-8’^ en plusieurs parties, Erlangen et Leipzig, 1888-1892 ; Id., Grundriss der Geschichte des Neutestamcntlichen Kanons, in-8^ Leipzig, 1901 ; 2eédit., 190^ ; C. R. Gregory, Canon and Text of the New Testament, in-S », Londres, 1907 ; J. Leipoldt, Geschichte des Neutestamentlichen Kanons, 2 in-S", Leipzig, 1907, 1908,

E. Mangenot.


CANOSSA. —

Le fait de Canossa, qui met en présence le pape et l’empereur, l’empereur dans la posture humiliée du pénitent, le pape dans l’attitude d’un juge inflexible, forme une scène souvent reproduite pour montrer les excès du pouvoir spirituel dans le passé. Ce fait révèle un état aigu dans la longue crise des Investitures, mais n’implique de la part de Grégoire VII aucune violation du droit chrétien qui était aussi, à cette époque, le droit des peuples.

Henri IV avait pratiqué la simonie sous les prédécesseurs de Grégoire VII, dépouillé les églises et donné le scandale d’une vie licencieuse ; après sa victoire sur les Saxons, ses excès ne connurent plus de bornes. Alors la voix des évêques dépouillés se joignit à celle des Saxons opprimés pour ol)tenir justice à Rome. Grégoire VII cita Henri IV à comparaître devant lui pour se justifier. Henri répondit à cette injonction en faisant déposer le pape par un conciliabule tenu à Worms (24 janv. lO’jG). A son tour, Grégoire prononça l’anathème contre l’empereur dans un concile de cent dix évêques. Les effets de l’excoiumunication furent terribles pour Henri. Abandonné de ses vassaux, des évêques eux-mêmes qui l’avaient d’abord secondé dans sa résistance, il se vit condamné, dans la diète de Tribur, à s’abstenir de l’administration du royaume et à se faire relever de l’anathème dans le covu-ant de l’année.

L’excommunication n’était que suspensive de son pouvoir ; mais, d’après la discipline en vigueur, si au bout d’une année il n’aA’ait pas obtenu la levée de la sentence, la déposition était définitive et son pouvoir perdu pour toujours. Henri avait un moyen de remédier à cette triste situation, c’était de se rendre à Augsbourg et de comparaître devant la diète qui s’y devait tenir le jour de la Purification à l’effet d’examiner sa cause sous le contrôle et l’autorité du pape. Mais, soit qu’il n’eût pas confiance dans ses moyens de défense, soit pour tout autre motif, Henri jugea prudent de ne pas aller à Augsbourg ; il préféra trailer avec le pape directement. Il ramassa, non sans

peine, l’argent nécessaire pour le voyage et se mit en route suivi de peu de monde, avançant péniblement à travers les neiges, sous un froid rigoureux. Le pape était lui-même en chemin pour se rendre à Augsbourg, lorsqu’il apprit que Henri IV était en Italie. Ne sachant dans quel dessein ce prince était venu, il se retira, sur les conseils de la comtesse Mathilde, dans une forteresse qu’elle possédait en Lombardie, le château de Canossa, près deReggio. C’est là qu’il fut rejoint par plusieurs évêques et laïcs allemands qui venaient solliciter l’absolution, et bientôt par l’empereur en personne.

Il existe un récit très complet de ce qui se passa dans les pourparlers et dans les entrevues qui eurent lieu entre l’empereur et le pape, c’est celui de Lambert DE Hersfeld, qui a inspiré tous les récits postérieurs.

L’empereur obtint les bons offices de la comtesse Mathilde et des personnes de son entourage qui avaient quelque crédit près du pape. Le pape répondit qu’il était contre les lois de l’Eglise d’examiner un accusé en l’absence de ses accusateurs ; et que, si l’empereur se confiait en son innocence, il ne devait pas craindre de se présenter à Augsbourg au jour indiqué, où il lui ferait justice sans se laisser circonvenir par ses adversaires. Les députés dirent que Henri ne craignait point de subir le jugement du pape en quelque lieu que ce fût, mais qu’il était pressé par l’expiration prochaine de son année d’excommunication ; que les seigneiu-s n’attendaient que cette échéance pour refuser de l’écouter et le déclarer déchu à tout jamais du pouvoir. C’est poiirquoi il sollicitait instamment le pape de lever seulement l’excommunication, s’obligeant dans la suite à se soumettre à tel tribunal, à telle sentence que Grégoire lui imposerait.

Le pape résista longtemps aux sollicitations ; il n’avait que peu de confiance dans la sincérité de Henri. Il dit à la fin : « S’il est véritablement repentant, qu’il nous remette la couronne et les autres marques de la royauté. » Les députés pressèrent le pape de ne pas pousser à bout le prince excommunié : ’.

« Qu’il vienne donc, répondit le pape, et qu’il répare

par sa soumission l’injure faite au Saint-Siège. » L’empereur entra à Canossa, et, laissant dehors toute ; sa suite, obtint accès dans la forteresse.

Cette forteresse avait trois enceintes. Henri fut autorisé à franchir la seconde. Il était vêtu de laine, pieds nus, nudis pedibus, d’après Lambert, déchaussé, discalceatus, d’après Grégoire lui-même. Là il passa, ] le premier, le second, et le troisième jour d’attente, sans manger jusqu’au soir. Enfin, le quatrième jour, le pape l’admit en sa présence. Après des pourpar lers, Grégoire VII proposa labsolution à l’empereur aux conditions suivantes : Henri comparaîtrait à la diète générale des seigneiu’s allemands, aux jour et lieu qui seraient marqués par le pape, et y répondrait aux accusations portées contre lui. Le pape lui servirait d’arbitre, s’il voulait. Suivant le jugement qui serait rendu, il garderait le pouvoir ou y renoncerait, sans tirer aucune vengeance. Jusqu’au jugement de la cour, il ne porterait aucune marque de la dignité royale et ne prendrait aucune part au gouvernement de l’Etat ; seulement, il pourrait exiger des services, c’est-à-dire les redevances nécessaires pour l’entretien de sa maison. Il éloignerait pour toujours de sa personne Robert, évêque de Bamberg, dont les conseils lui avaient été funestes. Il promettrait obéissance et soumission au pape pour l’avenir. Ces conditions fm-ent consignées sur un acte authentique et reçurent la signature de Henri (28 janv. 1077). Le pape prit ses cautions pour la signature et leva alors la sentence d’excommunication ; après quoi, il célébra la messe. A la consécration, il invita

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