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CANON CATHOLIQUE

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du Nouveau Testament, cli !-ting : ue très nettement la classe des ca^ùv/<> ; j-vjot. ou livres controversés encore, bien qu’ils fussent reçus par le plus grand nombre. H. E., 1. III, c. XXV, ibid., col. 228. Ce sont les deutérocanoniques, sauf l’Apocalypse qu’il place, soit parmi les ô//o/o/ovar.’a, soit parmi les vo^y. ou apocrj’phes. Ces divergences des Eglises persévèrent au n’siècle. A Alexandrie, saint Athan’ase dresse une liste complète, comprenant tous les deutérocanoniques, même l’Apocalypse. Epist. fest., XXXIX, /. 6’.. t. XXVI, col. i i^ô. DiDVMK 1 Aveugle savait cependant que la //* Pétri n’était pas au canon, bien qu’elle fût lue en public. Comment, in Epist. catliol., P. C, t, XXXlX, col. 1774-L’Apocalypse, reçue à Alexandrie, était rejetée ou discutée en Orient. Le concile de Laodicée, Mansi, Conc’L, t. II, col. oj ! i, le 85* canon apostolique, P. G., t. CXXXVII. col. 2 1 1, le canon grec des soixante livres bibliques, Preuschex, Analect(i, j). ; 59, saint Grégoire DE Nazianze et saint Amphiloqle d’Iconium, P. G., t. XXXVlI, col. 4/3) 1.537, saint Cyrille de Jérusalem, Cat., ïv, 22, P. G., t. XXXIII, col. 664, n’admettent pas l’Apocalypse. Saint Epiphane la défend contre les aloges, Hær., lxxai, P. G., t. XLII, col. 500. Cependant, saint Grégoire de Nazianze et saint Cyrille de JÉRUSALEM la citent, ainsi que saint Basile et saint Grégoire de Nysse. Saint André et saint Arétas, évêques de Césarée, la commentèrent plus tard. Seule, l’Eglise dvntioche semble l’avoir rejetée aussi bien que les quatre Epitres catholiques. Les Constitutions apostoliques, 11, 5 ; , ne les mentionnent pas. P. G., 1. 1, col. 728, 729. Théodore de Mopsueste les rejetait au témoignage de Léonce de Byzxce, Coni. Nestor, et Eutych., VI, P. G., t. LXXXVI, col. 1366. Saint ChrysosTOME et TnÉODORET ne les ont jamais citées. La Synopse, attril)uée à saint Chrrsostome, n’en fait pas l’analyse. P. G., t. LVI, col. 308, ’|j4- La Peschiio ne les contenait pas traduites en syriaque. ApHRAATEne I les cite pas. La Doctrine d’Addai, édit. Philipps, 1876, p. l(S. ne les mentionne pas plus que le canon [ syriaque, des environs de 400, publié par M’^'^ Lewis, I Studia Sinaitica, Londres, 1894, t. I, p. 11-14. Toutefois, saint Ephrem les connaissait.’. L’Eglise occidentale conservait ces écrits. Elle n’hé1 si-tait qu’au sujet de l’Epitre aux Hébreux, qui n’était If pas reçue en Afrique ni à Rome. Le canon de Ghel] tenham ne l’a pas, ni le canon du codex Claromonii taHM.s.Mais I’Ambrosiaster, In II Tim., 1, P. L., t. XVll, i col. 485 ; PELAGE, In Boni., P. L., t. XXX, col. 667 ; li saint HiLAiRE de Poitiers, De Trinit., iv, 11, P. L., ’, ! t. X, col. io4 ; Lucifer de Cagliari, De non conv. cuni , i hæreticis, 10, édit. Hartel, Vienne, 1886. p. 20, 22 ; le

! | prêtre Fausti.n, De Trinit., 2, P. I., t. XIII, col. 61 ; 

saint Ambroise, De fw^a sæc, 16, P. L., t. XIV, col. 577, citent cette Epitre comme Ecriture. Saint Philasthe, IIapr., SS, P. L., t. XII, col. 1199, omet l’Epître aux Hébreux et l’Apocalypse. Ruein reproduit un canon complet du Nouveau Testament, Exposit. symb., 87, P. I.., t. XXI, col. 374. Saint Jérôme connaît très bien la situation des écrits contestés dans les différentes Eglises ; pour lui, il les admet tous, et il reconnaît, sur l’autorité des anciens, l’Epître aux Hébreux, malgré les doutes des Latins, et l’Apoca-’j lypse, contrairement à l’opinion des Grecs. L’Eglise 1 ! ’ï^^frique et l’Eglise de Rome, comme nous l’avons -> déjà dit, ont au iv’siècle un canon complet du Nou-’J veau Testament. Les hésitations ont cessé partout, et aucune discussion ne se produisit plus à ce sujet avant le XVI siècle. Le canon du Nouveau Testament était fixé délinitivement et le concile de Trente n’a fjiit que sanctionner ce qui était établi depuis douze siècles. Loin d’avoir innové, il a donc conlirmé de son autorité l’ancienne tradition ecclésiastique à rencontre des novateurs.

3" les apocryphes. — Durant les premiers siècles de l’Eglise, quelques livres non canoniques ont été regardés comme inspirés par plusieurs Pères ou écrivains ecclésiastiques ; mais ils n’ont généralement pas été reçus dans l’usage public et olliciel des Eglises. Saint Iréxée, qui méprisait les apocryphes, a cependant cité le Pasteur d’Hermas comme Ecriture. Cont. liær., ï-, 20, P. G., t. VII, col. io32. L’auteur du traité De aleatoribus, 4, P- J-, t. IV, col. 830, allègue aussi le Pasteur à ce titre et il cite la Didaché au milieu de textes de saint Paul. Le canon de Muratori rejetait déjà le Pasteur, mais il acceptait l’Apocalypse de saint Pierre, tout en ajoutant que quelques Romains refusaient de la lire à l’église. Clément d’Alexandrie, ffui n’est pas un écho lidèle de la tradition, recevait comme Ecriture l’Epître de Barnabe et l’Apocalypse de Pierre, et il les avait commentées dans ses Ilypotrposes : il appelait saint Clément de Rome un apôtre et il citait aussi beaucoup d’apocryphes. Etant encore catholique, Tertullien était favorable au Pasteur et il ne blâmait pas ceux qui le croyaient inspiré. Devenu montaniste, il le traita d’apocryphe ; il semble même dire que l’Eglise catholique l’avait récemment exclu officiellement du canon. Cf. De oratione, 16, P. L., t. I, col. 1171 ; De pudicitia, 10, ibid., t. II, col. 1000. Au rapport d’EusÈBE, H. E., 1. VI, c. XII, P. G., t. XX, col. 545, Sérapion, évêque d’Antioche, avait trouvé à Rossos l’Evangile de Pierre entre les mains des chrétiens ; il permit d’abord sa lecture, mais il l’interdit dès qu’il remarqua des tendances hérétiques. Au témoignage de saint Denys DE CoRiNTHE, la lettre de saint Clément de Rome aux Corinthiens était lue publiquement ; et l’évêque voulait faire lire de la même manière la lettre qu’il venaitde recevoir du pape Soter. Eusèbe, //. £"., 1. IV, c. xxiii, P. G., t. XX, col. 388. Si donc les apocryphes proprement dits, ou la littérature pseudo-apostolique, étaient universellement rejetés, quelques livres chrétiens étaient, en certains milieux, traités comme Ecriture divine. Le crédit du Pasteur baissa vite, et au iv° siècle, aucun de ces écrits édifiants n’était plus nulle part regardé comme inspiré. Ainsi le canon du Nouveau Testament s’était formé graduellement par l’admission successive de tous les deutérocanoniques et par l’élimination de tout écrit non inspiré. La tradition primitive avait réussi à pénétrer partout, pure de tout élément étranger.

Bibliographie. — Les Introductions générales à l’Ecriture sainte et beaucoup d’Introductions spéciales à l’Ancien et au Nouveau Testament traitent la question du canon des Livres saints, dans son ensemble ou pour chacun des deux Testaments. Il n’y a pas lieu de signaler ici les ouvrages spéciaux des protestants et des rationalistes qui attaquent plus ou moins directement le canon de l’Eglise catholique. Nous indiquerons seulement ceux des catholiques, qui justifient le décret du concile de Trente par polémique directe contre les adversaires, ou qui exposent exactement l’histoire du canon biblique.

i" Ouvrages polémi(iucs : J. Bianchini, Vindiciae canonicaruni Scripturaruni Vulgatæ latinæ editionis, in-fol., Rome, 1740, t. I (seul paru) ; Vincenzi, Sessio quarta concilii Tridentini i-indicata, seii Introductio in Scripturas deuterocanonicas Veteris Testamenti, 3 in-8°, Rome, 1842-1844 ; Mgr Malou, La lecture de la Bible en langue vulgaire, Louvain, 1846, t. H, p. 1-201 ; Vieusse, l.a Bible mutilée par les protestants, publiée par Mgr d’Astros, in-8°, Toulouse, 1847

2" Etudes historiques : A. Loisy, Histoire du canon de r Ancien Testament, in-8*, Paiis, 1890 ; Id., Ilis-