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BAPTÊME DES HÉRÉTIQUES

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faut donc s’en tenir à la première date ; Firmilien écrivait en octobre "256.

Ce point fixe nous permettra d’en déterminer d’autres. Avant dépasser outre, constatons que l’ordre dans lequel ces lettres nous sont présentées parl’édition d’Oxford (1682), et que Hartel a suivi dans l’édition de Vienne (1871), est non seulement plausible, mais à peu près nécessaire. Ce groupe de neuf lettres se décompose en trois blocs, dont la succession s’impose. Le premier bloc, de trois lettres (Ep. LKVii-LXix’, précède l’ouverture de la controverse gé ; iéraletout au plus peut-on hésiter sur l’ordre dans lequel il convient de ranger ces trois pièces. Le second bloc, de quatre lettres (Ep. lxx-lxxiii), montre la question se posant de plus en plus aiguë, et Cyprien lui-même indique, avec toute la clarté possible (Ep. i.xxiii, 1. que ces pièces lurent i-crites précisément dans 1 ordre où nous les lisons. Le troisième bl ; ic, de deux lettres [Ep. lxxiv-lxxv), est postéi’ieur au rescril pontilical, dinic a fortiori aux lettres précédentes. Cette constatation nous a paru d autant plus nécessaire qu’en ces dernières années, Tordre traditionnel de Pearson et de Hartel a ététoi’turé à diverses reprises ; (voir RiTSCHL, Cyprian fon Kartlta^o iind die Verfassun ° ; der Kirclie, p. 112 et seq., 249 ; Nklke, Die Clironologie der Korrespondcnz Cyprians, p. 84 et seq. ; II. von" Soden, Z>jV Cyprianisrhc Briefsaminlung, Ge : .cltichte ilirer Entstehung und L’eherlieferung, Leipzig, 1904, p. 29-31) ; la critique plus conservatrice de BARDKMiE%YER et de Harnck V est revenue (0. Bardenhewer, Gesclàchte der altkirchlichen Litteratur^ t. II 1903, p. 400, 401, 437, 438, 680 ; A. Hariiack. Chronologie der nlicliristlichen Liiieratur his Eusebii/s, t. II, 1904, p, 356-361), et nous croyons qu’il faut absolument s’y tenir.

A la correspondance de saint Cyi)rien, on doit joindre le jugement du troisième concile réuni à Carthage au sujet du baptême des hérétiques.

10" Seiitentiae episcoporum nutiiero LXXXVll de liaereticis baptizandis. — -Ceprécieuxdocument, la plus ancienne pièce conciliaire qui nous soit parvenue, demande à être examiné de près, si l’on veut marquer avec précision sa place dans la controverse baptismale. Le concile d’où il émane ne saurait êtrcconfondu ni avec le concile de trente et un évéques d’Afrique proconsuluire, dont il nous reste une lettre aux évéques de Numidie(^^. lxx), ni avec le concile de soixante et onze évéques d’Afrique proconsulaire et de Numidie, dont il nous reste une lettre au pape Etienne (Ep. Lxxiij. Cette fois, nous voyons quatre-vingt-septe vêques d’.frique i>roconsulaire, de Numidie et de Maurétanie, siéger ensemble, et se prononcer unanimement pour la nécessité de rebaptiser les hérétiques. Il porte la date du l"8eptenibre.0r, sous le pontificat d’Etienne, nous n’avons le choix qu’entre trois années, 254, 255 et 256. L’année254 doit être immédiatement écartée, car, selon toute apparence, la question baptismale ne se posait jkis encore au mois de septembre de cette année. L’année 255 a ses partisans (ainsi Nelke, p. 121 sqq.) ; mais cette solution se heurte à des diûicultés presque insurmontables : on ne trouve pas place, avant septembre 255, pour les deux autres conciles, que nous savons d’ailleurs avoir siégé à Carthage au sujet du baptême des hérétiques, sous le pontificat d’Etienne, et qui sont certainement antérieurs à celui-ci ; par contrr, il y a pénurie d’événements pour remplir les deux années qui séparent le mois de septembre 25Ô de la mort d’Etienne (2 août 257). Reste la date de septembre 256, qui résout toutes les difficultés. Les deux conciles précédents ont dû siéger l’un à l’automne 255, l’autre au |>i-intemps 256 ; comme la controverse baj)tisotiale |>reiiait sans cesse de plus grandes ])roportions, on s’explique que la Numidie, puis la Maurétanie, soient entrées successivement dans le concert, et que le nombre des évéques soit allé croissant. Une question plus délicate est celle des relations de ce synode avec le rescrit d’Etienne. Nous aurons J » la discuter ultérieurement. Disons tout de suite que nous sommes d’accord avec Nelke (p. 142 et seq.) et autres, pour |)lacer ce synode après le rescril pontifical clXEp. i.xxiv de Cyprien, qui nous fnit connaître ce rescrit.

11* De rebaplistiiule. — Ecrit anonyme, <]ui soutientd’unc manière étran.-e el un ])eu confuse la doctrine lomaine, contre (Cyprien. Les hypothèses émises sur le lieu d’orig’ine et lu date de cet opuscule n’ont engendré jusqu’ici aucune certitude. L’auteur est sûrement un évêquc [De rebapt., 4, 10) ; on ne peut guère se le figurer à Home et dans 1 entourage du pap^ émettant ces idées bizarres sur

la distinction entre le baptême d’eau et le baptême de l’Esprit (confirmation), et développant le parallèle, tout au désavantage du baptême d’eau. Avec plus de vraiseml )lance, M. J. Erxst voit dans l’auteur anonyme un de ces évéques maurétaniens qui représentaient, avec plus de zèle que d’éclat, la tradition primitive : on aurait dans ce libelle un monument de sa foi sincère et de son inexpérience théologique. Quelques passages visent clairement sainlCyprien [De rebaptismate. 1). et paraissent répondre à un stade assez avancé de la controverse ; il serait difficile de placer cet écrit avant l’i’yj.LXXii. On a encore signalé dans les dernières pièces de la correspondance de saint Cyprien sur le baptême des hérétiques (£"/>. lxxui-lxxiv), la trace du De rebapiismafe. IjCS rencontres d’idées sont indéniables ; mais il n’est pas sûr que le hasard ne suffise point à les expliquer. L’auteur du De rebaptismale n’a pas tiré de son fonds toutes les raisons qu’il oppose à la thèse de Cyprien ; la plupart de ces idées étaient dans l’air, et l’on peut s’attendre à les retrouver dans les écrits |)artis des deux camps ; on prouverait difficilement que (Jyprien et Firmilien réfutent le De rebaplismate. — Avec M. Ernst, qui a étudié de très près l’opuscule, nous en placeri ms la rédaction un peu avant septembre 256, et probablement en.Maurétanie. M. Koch abaisserait cette date de quelques mois, de septembre 256 au début de la persécution de Valérien, 257.

12° et 13’. — Avec VEp. lxxiii, Cyprien adressait à son correspondant Juba’i’en son traité De bono patientiae, qu’il venait de composer. Le traité De zelo et lifore répond au même état d’esprit, et probablement ne doit pas être séparé du précédent. On j)eut rapporter 1 un à l’été 256, l’autre aux derniers mois de la même année.

14°. —.u septième livre de son Histoire ecclésiastique, Eusèbe mentionne une correspondance très active de saint Denys, évêque d’Alexandrie, avec les chefs de l’Eglise romaine, sur le baptême des hérétiques, et donne des extraits de cinq de ces lettres (Eusèbe, llisl. eccl., VII, ii-ix). La première lettre est adressée au pape (//. E., VII, v) ; Denys le Grand montre la concorde rétablie parmi les Eglises d Orient, après un moment de trouble causé par le schisme novatien ; il conjure le pape de ne pas compromettre cette paix. Ce langage nous reporte à la fin du pontificat d’Etienne et probablement aux premiers mois de l’année 257. Une deuxième lettre (//. £’., VII, y. vi) est adressée à Xyste ou Sixte II, successeur d’Etienne (30 août 257-6 août 258) ; une troisième au prêtre romain Philémon (H. £’., V1I, vu) : une quatrième à Denys (H. E., VII, viii), lui aussi prêtre romain, et futur pape ; Cyprien, qui a déjà correspondu avec ces deux prêtres sous le pontificat d’Etienne, date ces deux nouvelles lettres du pontificat de Sixte. Une cinquième lettre (H. E., VII, ix) expose à Sixte les perplexités qu’éprouve lui-même 1 évêque d’Alexandrie. Une autre lettre fort longue (Sik jxyy.pv : , KZoSîi^soii), écrite sur la question baptismale à Sixte et à l’Eglise romaine par Denys et l’Eglise d Alexandrie, est perdue, ainsi qu’une lettre écrite par Denys à son homonyme romain, après l’élévation de celui-ci au pontificat.

Ces docuiuoiils composent pour nous le dossier primitif de la controverse baptismale. Quelques traits nouveaux sont fournis parle diacre Pontius, biogra])lie de saint Cyprien, par saint Jérôme, et par saint Augustin, qui, un siècle et demi plus tarii. lit prévaloir la doctrine romaine contre le donalisme. Iiérilier de la thèse anabaplisle. Nous résumerons ici notre enciuèle ehronologicpu", sous hénéliee des eonlirmations et précisions que la suite du développement apjtortera sur quelques points.

Vers janvier 205, L’/J. lxvii, i.xviii.

Premiers mois de 255, L^p. lxix.

Automne 255, i" synode, Ep. lxx.

Vers janvier 250, L’p. lxxi.

Printemps 256, 2’^ synode, Ep. i.xxii.

Eté 256. Anonynu>, I)e rebaptismate : Cyprien, De boiw patientiae : Ep. lxxiii, et (après l’arrivée du rescril ])onlilical) Lxxiv.

I- septembre 256. 3^’synode, Sentenllae episcoporum /..VA A Vif.

Octobre 256, Ep. i.xxv.

Tin 256’.' /)e zelo et lifore.