Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

36^

BABYLOXE ET LA BIBLE

368

M. S.A. CooK, pensent que les parallèles et les analogies s’expliquent assez bien par la commune ori, i ; ine sémitique des Babyloniens et des Israélites. En particulier, la loi du talion, où les rapprochements sont frappants, s’appuie sur un principe trop ancien et trop général, pour qu’on puisse parler d’origine et d’influence babyloniennes. Suivant le P. R. Louis, O. P., « les deux législations sont venues par deux chemins difTérents d’une source commune » (La BibJe et les documents Assyro-Bahyloniens, II. La législation, dans Revue pratique d’Apologétique, vol. ii, 1906, p. 439). M. C. H. W. Jonxs se prononce pour une dépendance indirecte : « Ressemblances et différences prouvent une codification indépendante d’anciennes coutumes siu" lesquelles la loi babylonienne aurait exercé une profonde influence » (DBH, Extra vol., p. 611-612). La Aérité, encore ici, paraît être dans un juste milieu : « Gardons-nous de conclure trop vite d’une ressemblance, même frappante, à une dépendance, surtout lorsqu’il s’agit des codes des sociétés primitives » (Ad. Lods, Rev.Hist. des relig., t. LI, 1905, p. 101). D’autre part, ne redoutons pas d’admettre, comme probables ou prouvés, s’il y a lieu, quelques emprunts faits par l’auteur sacré. Le caractère inspiré des Livres saints n’en est pas compromis, comme le P. Ferd. Prat l’a montré, en apportant les ténîoignages des SS. Pères, dans ses savants articles sur « la loi de Mo’ise » (Etudes, 5 juillet 1898, t. LXXVI, p. 97).

Sans être obligé d’admettre, avec M. Coxder et M. Alfred Jeremias, que Moïse a écrit en cai-actères cunéiformes — hypothèse sans preuve, mais possible à la rigueur — on n’a plus le droit de traiter d’in-A’raisemblable son rôle de législateur. « Il ne faudra plus nier [avec Wellhausen et les critiques radicaux] la possibilité, la vraisemblance même d’une origine au temps de Moïse, ou à une époque voisine, pour un ensemble de lois comme le Livre de l’Alliance [Ex. XX, 23-xxiii, 33] » (S. Œttli, Bas Gesetz Hammurabis und die Thora Israels, igo3, p. 87). Enface du code de Hammourabi, on sent mieux l’arbitraire de certaines sentences pseudo-critiques, comme celle-ci : « L’erreur des écrivains de législation comparée, qui mettent en parallèle les lois du Pentateuque et celles des autres peuples, est de méconnaître ce point fondamental que les lois du Pentateuque ne sont pas des lois réelles, des lois faites par des législateurs ou des souverains, ayant été promulguées, connues du peuple, appliquées par des juges ; ce sont des rêves d’ardents réformateurs, des Aœux de piétistes. ..)i, etc. (Rexax, Hist. du peuple d’isiai’l, t. ii, p. 376-37’;).

Religion et morale. — L’histoire de la religion l)abylonienne à travers les siècles offre aux recherches un champ immense dont une petite partie seulement a été explorée jusqu’à présent, malgré des travaux assez nombreux. De toute nécessité il faut nous en tenir ici à quelques indications sur les points les plus importants.

Monothéisme et polythéisme. — Depuis la première conférence de Fried. Delitzsch sur Babel und Bibel (1902) une controverse intéressante s’est engagée sur la question de savoir si le monothéisme, que l’on n’avait pu découvrir encore parmi les religions anciennes en dehors d’Israël, ne se rencontrait pas, dans une certaine mesure, chez les Babyloniens. Sans l’afïïrmer catégoriquement. Delitzsch l’insinue ; il send)le admettre, en particulier, qu’à Babylone « les esprits libres et éclairés i^rofessaient ouvertement » cette croyance, tandis qu’a un polythéisme grossier se perpétuait pendant trois mille ans dans la religion de l’Etat », où les prêtres, dit-il, fortement

organisés et très puissants contribuaient à le maintenir {BB, I, p. 4g, 50). [Les prêtres cependant appartenaient à la classe la plus éclaii’ée ; et n’est-ce pas à eux que l’on doit la conservation, souvent même la composition des textes où Delitzsch voit des conceptions voisines du monothéisme ?] Dans une autre Ijrochure le savant assyriologue proteste contre les critiques et les théologiens qui l’ont accusé, bien à tort, dit-il, d’avoir représenté le monothéisme Israélite comme emprunté aux Babyloniens (BB, Ein Riichblick, 1904, p. 16-18. 23 ; cf. C.H.W.Johxs, dans l ! .rp.T., X, Y>. 44)- Enfin, dans un troisième tract, il reconnaît que, sur ce point du monothéisme, a Babylone et la Bible restent en opposition poiu" toujours ». Puis, quelques pages plus loin, il semble oublier cette affirmation si nette, et, comparant lahvé à Chamos, à Melchom, à Asour, il écrit : « Israël est le peuple élu de lahvé, mais pas de Dieu dans notre sens uni-Acrsel, pas plus que les Assyriens, parce qu’ils étaient le peuple d’Asoui", maitre des dieux, n’auraient pu prétendre au titre de peuple élu de Dieu » {BB, iii, 1905, p. 36-37, 39-41).

Sur de simples considérations a priori, Wixckler, en 1902, conclut en termes vagues à un certain monothéisme babylonien (KA T^, p. 208).

Un assyriologiie d’Amérique (quia publié en 1900 un ouvrage important sur l’histoire babylonienne des premiers temps), M. Hugo Radau, s’est avancé du premier coup incomparablement plus loin : il a découvert que « la religion babj’lonienne est une religion purement monothéiste » ou, plus exactement, « une religion monothéiste avec trinité » (préface d’un petit volume intitulé Bel, the Christ ofa/icient times, 1908, lequel est la simple reproduction d’un article iiublié dans The Monist, oct. 1903).

M, A. Jeremias a remarqué des courants monothéistes au sein de la religion babylonienne, dan-, la doctrine ésotérique des prêtres, dans les sentiments exprimés par quelques hjinnes, dans la coî : ception d’un dieu suprême avec lequel tous les autre -. dieux semblent s’identitier (Monotheistische Stromui : gen innerhalb der babylonisclien Religion, 1904). L a^oue pourtant n’avoir rien découvert qui puisse être mis en parallèle avec la foi des Hébreux en un seul Dieu. De même M. Baextsch a étudié ces faits dans leur rapport avec l’origine du monothéisme Israélite {Altorientalischer und israelitischer Monotheismus. 1906). Il admet qu’à Babylone les savants, les prêtres surtout, se sont élevés parfois à des conceptions plu> ou moins proches du monothéisme ; mais ces conceiitions sont restées dans le domaine de la spéculation, à l’usage exclusif des savants, et, par cela même, foncièrement différentes des crojances d’Israël qui s’adressaient à toutes les classes, au peuple tout entier.

Quelques mots, d’abord sur le polythéisme babylonien en général, puis sur les textes principaux où l’on a AU des tendances monothéistes.

Dans les temps les plus anciens la Babylonie n’étail pas un royaume un et homogène ; elle se pai-tageai ! « en une foule de petits royaumes indépendants formés par les diverses cités. Chacune de ces cités étai’consacrée à un dieu, qui était regardé comme sor Arai seigneur, et au nom duquel un roi ou pâtés exerçait le pouvoir » (Fr. Thureau-Daxgix, Bie Su mer. und Akkad. Kônigsinschriften, p. xiii). « Li dieu de la cité, dit à son tour l’assjriologue anglai L. W. KiNG, n’était qu’une image agrandie du patési.. Une nombreuse compagnie de dieux composaient s ; maison, étaient à ses ordres comme serAÎteiu-s oi officiers d’Etat. Des dÎA inités spéciales exerçaien auj^rès de lui les fonctions d’échanson, de gardien d ; < harem, de conducteur du char ; d’autres étaient mus -