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APOTRES (SYMBOLE DES]

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l’Esprit-Saint, ils composent ce bref résumé de leurs l’ulures prédications, bree istiid futurae prædicationis iiidicium. mettant en commun ce que chacun pensait, et décidant que telle devra être la rèj> : le à donner aux croyants. Pour de nmltiples et très justes raisons ils voulurent que cette règle s’appelât Symbole. « Comment, in Srmbolum apostol., Migne, P. L., t. XXI, col. 33^.

La tradition à laquelle Ruiin fait appel regarde à la fois la date de la composition du Credo et le titz-e qui lui fut donné. L’application du mot Symbole au Credo baptismal ne paraît pas remonter, d’après les documents que nous possédons, plus haut que saint Cypricn. £p. lxix, 7, « c ? Ma<> ; num. Au iv^ siècle il est d’usage courant. Saint Ambroise rend hommage à l’autorité irréfragable du Symbole des Apôtres si bien gardé par Rome : Srmbolo apostolornm quod Ecclesia Romana intemeratnm semper custodlt et servat. Ep. xui, Migne, P. L., t. XVI, col. 1125. Un peu plus tard le Sacrantentaire gélusien. saint Jérôme, Ep. ad Pammacliiiim.P. L., t. XXIIl, col. 380, Cassien, saint Léon et VE.rplanatIo Symboli ad initiandos qu’on attribue soit à saint Ambroise. soit à un de ses disciples ou à saint Maxime de Turin, conlirmenl le sentiment de Rutîn sur l’origine apostolique du Credo romain. Dans la Préfcicek la Traditio Symboli tlu Sacramentaire géUtsien (qui pourrait liienètre des environs de l’an ^oo), nous lisons : « Recevez le ^Vmbole évangéliqiie, qui a été inspiré par le Seigneur et institué par les Apôtres, dont les paroles sont brèves et les mystères sont grands. Car le Saint-Esprit qui l’a dicté aux maîtres de l Eglise a renfermé la foi du salut dans cette brièveté. » Migne, P. L., t. LXXIV, col. 1089. Saint Jérôme déclare pareillement que le synibohim pdei de l’Eglise romaine est ab apostolis traditum ; et Cassien, De Incarnat Domini, lib. VI, cap. 3, estime que les Apôtres l’ont tiré de l’Ecriture : ex scriptis Beiper Apostolus Dei conditus. Saint Léon fait allusion au nombre des articles :

« Elle est courte et parfaite, la confession du symbole

catholique, rédigée, signata, en autant d’articles qu’il y a d’Apôtres. » Ep. xxxi, n » ^ 4 ? P-i-i t. LXV, col. ig4. Explanatio Symboli résume toute la tradition antérieure en ces termes : « Les saints Apôtres se sont réunis pour conqjoser le bréviaire de notre foi… Comme il y a douze Apôtres, il y a douze articles. Ce symbole composé et transmis par les Apôtres est celui que tient l’Eglise romaine, où siégea Pierre, le prince des Apôtres, qui apporta avec lui la doctrine rédigée en commun. >- P. L., t. XVI, col. 1 1 20.

Lorsque la tradition, ainsi formulée, eut passé les Alpes et les Pyrénées, elle prit, en cours de route, ]>lus de précision encore. Fauste de Riez (-7 après 485), saint Isidore (-f G46) et saint Ildephonse de Tolède (-j-G6g) se contentent de conunenter le texte de Rutin. Mais les auteurs d’un ou rage contre Elipand, Etherius. évècpu-d’Osnui, cl le prêtre Bcalus cxpli(pu’nt la légende de la nuinière suivante : « Pour donnei- à l’Eglise une foi ferme, le Christ a choisi douze apôtres. Bien qu’il fût leur chef, saint Pierre n’osa composer seul le synd » ole, qui fut rciligé par les douze Apôlres, a ce le plus grand soin, et remis aux croyants. Doiiz<’étaient les disciples du Christ et les docteurs des natit)ns ; comme tous ils ne faisaient qu’un, ils couq)osèrent aussi un seul synd)ole ; chacun d’eux dit son mol et ces nuits s’accordèrent en une seule foi, et il n’y eut que douze mots ou articles. » I’. /.., t. XGVI, col. 1026. Suit un commentaire sur le nombre douze. Ceci s’écrivait en’784.

A cette date, la légende s’était encore mieux prc(îisée en Gaule. Certains comnuntateurs du synd)ole avaient entrepris d’assigner à clia(pu" apôtre sa part

dans la composition du Credo. Cette combinaison fut appliquée non seulement au sjinbole romain primitif, tel tjue le transmettait Rulin, mais encore au texte amplifié déjà en cours, et devenu depuis le Textus receptas, comme nous l’expliquerons plus loin. On connaît plusieurs manuscrits de sermons qui suivent ainsi la liste des Apôtres dans l’ordre indiqué par saint Matthieu, x, 2-4, plaçant en regard de chaque nom un article déterminé du Credo romain. Tels sont les manuscrits cotés Sangallensis 40 ; Vatican. Palat., 220 ; Sessorianus, 52 (B). Saint Pierre y est censé proclamer le premier article ; saint André, le second ; saint Jacques, le troisième ; saint Jean, le quatrième ; saint Philippe, le cinquième ; saint Barthélémy, le sixième ; saint Thomas, le septième ; saint Matthieu, le huitième ; saint Jacques, fils d’Alphée, le neuvième ; saint Thaddée, le dixième ; Simonie Cananéen, le onzième ; saint Mathias, le douzième. Le nombre des commentaires consacrés de la même manière au Textus receptus est plus considérable. Les uns, notamment le pseudo-Augustin, Serm. 241, P-L-, t. XXXIX, col. 2190, et saint Pirmin, P. L., t. LXXXIX, col. io34, ne suivent plus l’ordre de saint Matthieu, x, 2-4, mais celui des Actes, I, 13. D’autres, par exemple le pseudo-Augustin (Serm. 240), reproduisent l’ordre du canon romain de la messe.

Tout le moyen âge vécut sur ces légendes. Mais la tradition, dont l’essentiel remontait au iv= siècle, fut interrompue au xv^, à l’occasion de la tentative d’union faite entre l’Eglise latine et l’Eglise grecque au concile tle Florence. Dès le début des négociations, en 1 438, pendant que les Pères siégeaient encore à Ferrare, comme les Latins invoquaient l’autorité du symbole des Apôtres, les théologiens grecs, notamnu’nl Marcos Eugenicos, archevêque d’Ephèse, s’étonnèrent de cette référence et dirent nettement : « Pour nous, nous n’avons pas et nous ne connaissons pas de synd>ole des Apôtres. » Cette déclaration fut un coup de surprise. Tombée dans le domaine public, elle fut recueillie et exploitée par le fameux sceptique Laurent Valla, qui écrivit un libelle, d’ailleurs dépourvu de science et de critique, contre l’origine apostolique du Credo latin. La question fut, depuis lors, reprise et discutée. Au xvii^ siècle le savant Jacques Usher inaugura la critique historique de la légende, en groupant les textes les plus anciens qu’il put recueillir et en publiant deux numuscrits importants du synd>ole, l’un grec, l’autre latin, tous deux ai)parentés au texte du Credo ronuiin que Rulin nous a transmis. Le xix° siècle entin a essayé de résoudre nuHliodiquement et délinitivement le problèuïe des origines du symbole. C’est cette solution que nous allons exposer.

La préhistoire du Credo. — Le Credo comporte trois grandes divisions, qui regardent la première Dieu le Père et ses opérations ad extra : la seconde. Dieu le Fils et son œuvre de rédemption ; la troisième. Dieu le Saint-Esjiiit et son (tuvre de sanctilication. On jx-ut dire tpie tous ses articles fiu-ent groupés auloui-de la formule que le Sauveur, d’après saint Matthieu (xxvui, 19), a dictée à ses Apôlres quand il leur icconnnanda d’enseigner toutes les nations, i( les baptisant au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit » . Mais par tpii et à qucUe date se lit ce groupeuu’ul, tel que nous l’a transmis le Credo baptisnuil romain primitif’.' C’est ce qu’on ne saurait établir avec une précision absolue. Cepemlant tous ou à peu près tous les critiques sont d’accord pour lixer cette date aux environs de l’an 100.

D’aucuns ont pensé ({u’un symbole baptismal assez tlével()pi)é, d’où seraient sortis plus tard le Credo