Page:Adhémar d'Alès - Dictionnaire apologétique de la foi catholique, 1909, Tome 1.djvu/121

Cette page n’a pas encore été corrigée
225
226
APOLOGÉTIQUE. APOLOGIE


sciences religieuses, la méthode à suivre, etc.) ; O. Zôckler, Geschiclite der Apologie des CJiristeiKums, Guterslop, 1907.

ir Pautii : l"apologktiqce classique

I. Objet propre de l’apologétique classique ; la crédibilité rationnelle. — Sous la dénomination dapologétique classique on désigne couramment l’apologétique doctrinale, dont les grandes lignes se retrouvent dans les traités techniques De era leligione et de EcclesUi, qu’ils portent ce titre ou quelque autre équivalent. Son ])ut proi)re et en quelque sorte inhérent, finis operis, est d'établir par des preuves rationnelles le fait de la révélation divine dont Jésus-Christ a été le héraut et dont rE<'Iise reste l’organe autorisé. La révélation ellemême, ordonnée qu’elle est à fournir à notre foi son aliment, emporte dans l’objet révélé une propriété qui, mieux que toute autre, met en relief l’objet précis d’où la science apologétique tire son caractère spéciOque et son unité formelle, à savoir la crédibilité ou aptitude de l’objet révélé à être cru de foi divine. Aussi l’apologétique, entendue au sens restreint du mot, peut-elle se définir indifféremment : la science qui a pour objet propre la preuve du fait de la révélation divine, considérée comme fondement de la Araie religion, ou la science de la crédibilité de la religion chrétienne et catholique.

La crédibilité rationnelle n’est donc pas l’assentiment surnaturel et liln-e de la foi ; elle le précède comme une condition nécessaire, et se formule dans

: e qu’on appelle le jugement de crédibilité. En dépit

le certains modernistes qui ne voient là qu’une conception « intellectualiste >', il importe de distinguer lettement l’ensemble des actes, multiples et complexes dans la réalité, qui concourent à la genèse ntégrale de l’acte de foi. Rappelons-les, en remonanl de cet acte à ses antécédents logiques et psychoogiques, sans aller toutefois jusqu'à un émicttement t une classilication trop rigides. L’acte de foi dans i doctrine catholique ne j>eut pas s’identitier avec n acte d’expérience ou d’intuition ; c’est une conaissance d’un ordre tout différent, un acte d’assenment libre à la a érité révélée à cause de l’autorité 2 Dieu révélant. (Concile du Vatican, Constitiitio de fie catliolica, c. iii, a^ec les canons 2 et 5 corresjndants. Denzinger-Bannwart, Enchiridion, n. 1 'j8g,

II, 1814 (1638, 1658, 1661).) Si la foi d’autorité

nsiste, j)ar notion générique, non pas précisément

se lier sans vue directe au témoignage de qui sait,

ais à tenir quelque chose pour Arai, sans Aue

irectc, en se liant au témoignage de qui sait ; la foi

rétienne consiste, par notion spéciii([ue, à tenir

lU" vrai ce que Dieu a révélé, parce qu’il l’a révélé,

ne sans vue directe, mais en se liant au témoi age souverainement autorisé de Celui <[ui, étant

Vérité et la Véracité suprême, ne peut ni se trom ' ni nous tronq)er : propler uuctorilatein ipsiiis

i revelaitlis, qui ncc falli iiec fallere potest.

ùet assentiment de foi présujjpose ou implique

3 libre détermination de la volonté, que les docu nts ecclésiastiques ont coutume d’appeler pia

iiitas, pins cieditlilalis af/'cclus, iinperium fidei ;

srinination d’où rasscnliment de foi, pris dans sa

llilé concrète, lire son caractère d’assentiment

e : qno homo libeiaiii pracslul ipsi Deo ohedien Et parce que cet assentiment, intellectuel et

I « e, doit être en même temps surnaturel et méri .jj BC, opus ad saliilein pertiiiens, il présuppose

't W^^ l’intervention innnédiate de Dieu ipii, par des

f’pm^^ actuelles prévenantes, a non seulement solli Armé* il.c-' U’iss'" cité la volonté, mais illuminé l’intelligence en A^ue de l’assentiment de foi chrétienne qu’il s’agit de produire. Toutefois cette illumination et cette inspiration ne sont pas dans le sujet une création pure et simple. L’inspiration surnaturelle n’infuse pas nécessairement toute bonne Aolonté ; elle peut supposer et, communément parlant, suppose plutôt une certaine bonne Aolonté déjà en acte, dont elle s’empare en la suréleant et en sollicitant, par un attrait positif, son acquiescement tinal. A son tour, l’illumination surnaturelle n’a pas, communément parlant, le caractère d’une rcA'élation intérieure, immédiate et proprement dite, mais elle suppose la mise en contact préalable de l’intelligence aACC l’objet que le magistère extérieur propose à notre foi, et la connaissance rationnellement acquise du fait de la réAClation diA’ine initiale. Et c’est précisément pour nous permettre d’acquiescer d’une façon salutaire à la prédication éA angélique, que l’illumination et l’inspiration du Saint-Es])rit sont nécessaires : nemo tamen e^'Ciiigelicae prædicationi coiisentiie potest, sicut oportet ad salutein consequeiidain, ohsgiie illumiiiatioiie et iiispiratione Spiritus Saiicli, qui dut omnibus suayitateni in consentiendo etcredendo veritati. A ces présupposés de la part de l’intelligence et de la Aolonté se réfère le rôle propre de l’apologétique ; car là se place le jugement de crédibilité où elle aboutit et où elle s’arrête : La révélation chrétienne est éA’idemment croyable de foi divine, et je dois la croire. Jugement coiuplexe qui, dans le premier membre, ne sort pas de l’ordre spéculatif, et, dans le second, passe à l’ordre pratique, par l’obligation qu’il énonce. D’où la distinction courante entre jugement spéculatif et jugement pratique de crédibilité. Jugement Ay^ecf/Zfl///', qui énonce la crédibilité sim[)le, ou l’aptitude d’une chose à être crue de foi diA’ine, par rapport à son fondement ou antécédent rationnel, le fait de l’attestation diA’ine : ce fait étant, par hypothèse, établi aA ec certitude, la chose attestée dcvient du même coup croyable de foi diA’ine, c’est-à-dire digne pour nous d’une adhésion proportionnée à l’autorité suprême du témoin diAÏn, donc souverainement ferme.

iw^aiweni pratique, qui énonce la crédibilité comme s’imposant au sujet et créant pour lui l’obligation morale de passer à l’assentiment de foi : lioc credenduni est (crédentité). Par le caractère d’obligation morale qu’il énonce, ce second jugement dépasse l’intelligence et atteint la Aolonté ; il faut donc qu’il soit en rapport avcc un ordre de motifs non plus intellectuels, mais alïectifs. L’obligation morale ne pourra s’inq)oser à la Aolonté qu’en fonction d’un bien, d’un bien réel et qui la concerne, ou, j^lus généralement, d’un moyen nécessaire en Aue de notre tin dernière, notre bien suprême. Mais cette condition est déjà contenue en réalité dans Vauditus fidei ou, corrélativement, dans la proposition objectiA’e de la réA'élation, telle qu’elle est faite dans les Ecritures par Notre-Seigneur ou ses apôtres, et, au cours des siècles, par l’Eglise porte-Aoix de NotreSi’igneur et des apôtres : Qui crediderit et baptizatus fæiii, salsus erit ; qui vero non crediderit, condemnabitur. Me. xai, 16. La révélation se présente ainsi comme un moj’en obligatoire en Aue d’une lin obligatoire ; ou, pour mieux dire, comme le moyen nécessaire en Aue de l’unique nécessaire, l’obtention de la lin dernière ou du salut éli-rnel.

One ces diverses considérations, pour avoir prise sur le sujet, reciuièrent en lui une certaine éducation intellectuelle et morale, antérieurement actpiise ou suppléée en tenqis opportun, rien de plus éA ident et, nous l’ajouterons ])ienlôt, rien de plus digne d’attention à notre époque. Autre chose, toutefois, est

8

jDOli »  »