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CELTES RELIGION DES]


Kn Armorique, Ses derniers druides semblent avoir disparu avant l’arrivée des Bretons. Bn gallois et eu breton, les noms désignant les druides sont des m >U de fabrication relativement récente Le nom des druides n’apparaît pas dans les lois galloises (II. d’Ahhois du Juuainvillk, Lc.v druides, p.81).

C’est en Irlande qu’ils se maintinrent le plus longlemps. On en trouve de fréquentes mentions dans les textes. Patrice les combattit sans relâche. « Il guerroya contre les druides au cu-ur dur ; il écrasa ces orgueilleux, grâce au secours que lui donna Notre-Seigueur, |le maitrej du beau ciel. Il purilia l’Irlande aux vertes plaines de la race puissante », lit-on dans une ancienne prière (Frisli I.il/er Uymnortiiit, I, p. 5).

Mais le druide irlandais, tel que nous le présentent les récits épiques ou hagiographiques, ne ressemble guère au druide gaulois du temps de César. Les textes dont nous disposons pour l’Irlande ne nous le montrent jamais exerçant le ministère sacerdotal. Il ne prenait pas part aux sacrilices. Il présidait peut-être aux funérailles des héros. Les druides du continent étaient prêtres et, de plus, juges, professeurs, devins et, sur la iili surtout médecins vétérinaires et sorciers. En Irlande, la compétence judiciaire leur échappait ; elle appartenait aux filid, ou poètes. Nous trouvons deux druides chargés de l’éducation des ti 1 les de Loegaire, roi d’Irlande contemporain de S. Patrice ; mais nous ignorons si le professorat était toujours attaché aux fonctions druidiques. Le druide d’Irlande ressemble plutôt au druide gaulois de la décadence. II est surtout prophète et magicien. Leschrétiens eux-mèmescroyaient à la puissance prophétique des druides.

Au temps de Pline, la magie était en grande faveur en Bretagne (llist. nul., XXX, 4, l3). Cet auteur appelle les druides inagi, nom qui leur est aussi toujours donnédans les textes latins irlandais. Il est l’équivalent de l’irlandais drui. C’est comme magiciens qu’ils (igurent le plus souvent dans l’ancienne littérature du pays. Ils passaient pour avoir le pouvoir de produire d’épais brouillards, de faire pleuvoir des averses de feu ou de sang, de faire tomber la neif. re en plein été, de soulever des tempêtes sur terre et sur mer, de rendre les hommes déments. Adamnan, biographe de Columba, nous montre le saint luttant de prodiges avec les druides, dont il triomphe (lue. cil.)

Le pouvoir de la magie fournira encore le fonds le plus durable des superstitions Irlandaises de l’époque chrétienne. Au viii c siècle, un recueil pénitentiel ne juge pas inopportun d’édicler une sévère pénitence contre le péché de « druidisme » (ilruideclita ), où il faut évidemment reconnaître la pratique des arts magiques (An Old Irisli Treatise de Avreis, éd.Ivuno Meyer, dans //évite celt., XV, 189, 4, p. j^-Set ^97. Cf. Chrétientés celtiques, p. a’|, n. : >).’i. Les idoles et les sacrifices humains. — Nous avons vu que S. Samson, au vie siècle, abolit un culte litholatriquc en Grande-Bretagne. Les Irlandais avaient aussi leurs idoles. S. Patricb, dans sa Confessio (c.’, i, éd. N. J. I). White, p. ly) et son biographe MoiRCUO (éd. YVhiiley Stokes. p. v.j~>) en font foi. La plus célèbre était une pierre levée nommée Cenn Cruai : ii, que l’on couvrait d’or el d’argent et qui se dressait dans la plaine de Mag Sleclit, « la plaine des génuflexions ». Elle était entourée de douze autres idoles de pierre que l’on garnissait de cuivre ( Vie tripartite de S, Patrie », i il. YVh. Stokes, p. 90-99), Le Dindslttnchas, traite de géographie dont les parties les plus anciennes remontant au xi c siècle, parle encore, dans l’article

Consacré à Mag Slecht, de cette idole, < la principale idole d’Erio i, qu’il appelle Cromm Cruaick.

Il dit qu’elle fut adorer jusqu’à l’arrivée de S. Putrice (432) par tous les peuples établis en Irlande. On allait jusqu’à immoler des enfant-, a c » tte pierre pour obtenir du lait et du blé (Dindshenchaa, éd. W’hilh y Stokes, dans Rev.cell., XVI, l805, p, .5-16, ! 63). Sur une autre idole irlandaise, également ornée d’or et d’argent, voir le Martyrologe d’Œngus (éd. Wli. Stokes, p. 186, 187, ^78).

C’est là le plus net des textes qui font mention de sacrilices humains en Irlande, texte tardif, à la vérité, mais qui peut être l’écho d’une vieille tradition. D’autres textes irlandais semblent faire allusion à l’usage du sacrilice humain soit pour ren ! rune terre fertile, sort pour assurer la solidité d’un édilice en voie de construction (Voir Ku.no MtVKii, Humait Sacrifice amung t ! ie ancient Irish. dans Eriu, II, [>. 86 ; F. X. Robinbon, lluman Sacrifiée [Voir la Bibliographie]). L’ide d’immoler un enfant pour ce dernier motif se rencontre chez Ni. (c. 4<J-4 1 > éd. Mommsen, p. iSi-iiS’i).

Aussi bien les Anciens nous montrent-ils dans les Bretons de cruels Immola leurs d’hommes. Suivant Dion Cassius, ceux de Boudicca massacraient avec des rallinements île cruauté les femmes captives en l’honneur de la déesse Adraslè (llist. rom., LXII, 7) : et Tacite rapporte l’horrible superstition des habitants de Mona, qui regardaient comme un acte religieux de répandre sur leurs autels le sang devictimes humaines et de consulter les dieux dans leurs entrailles (Annales, XIV, .)o). Il semble qu en l’an y-de notre ère la coutume des sacrilices humains subsistait encore dans certaines régions de la Bretagne (Plixb, llist. nul., XXX.’, , 13).

5. L’immortalité de lame ; l’autre mende. — Un témoignage de Tiki.ciian, auteur de récits sur l’apostolat de S. Patrice, se rapportant à la sépulture du roi suprême d’Irlande, Logeaire, qui demeura réfrælaire au prosélytisme du saint, nous laisse entrevoir, chez les païens irlandais, la croyance à la survivance de l’âme après la mort Cet écrivain raconte, en eflet. que le roi exigea qu’on l’enterrât debout et armé, car, dit Tireclian. les p ont coutume d’attendre tout armes, dans leurs tombes, le jour appelé erdathé parles druides, autrement dit le jour du jugement du Seigneur (éd W’b. Stokes, p. 308),

Il faut du reste faire observer que « loin d’être le résultait des méditations des philosophes de Grande-Bretagne, la croyance à la survivance des âmes est indo-européenne ; on la trouve déjà dans les Védas. Hérodote l’a signalée chez les Egyptiens et les Gèles. Les Perses étaient convaincus de leur résurrection. Elle ne constitue donc pas une croyance religieuse propre aux Celtes. » (Don iii, Manuel, p.

Quant à savoir quel était le s il réservé, par delà la tombe, soit aux héros, soit aux simples mortels : quant à décrire l’Elysée celtique et à expliquai comment il peut s’accorder avec la croyance à la métempsycbose, qu’on a aussi signalée chez les anciens Irlandais païens, nous croyons prudent dalandonner l’exposé de ces questions aux spécialistes de la littérature d’imagination tant irlandaise que galloise, car c’est cette littérature seule qui peut fournir quelques notions, d’ailleurs très vagues, sur ces divers problèmes, lesquels, vu la nature des sources, relèvent plutôt de la légende et du folklore que de l’histoire de la religion des Celles, Voir à ce propos nos Chrétientés celtiques, p -t les

sources et travaux indiqués là, ainsi que les articles (Indiqués dans la Bibliographie du présent