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CELTES (RELIGION DES)

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Les Gaulois avaient aussi une grande variété de divinités locales, génies des eaux, des bois, etc. De plus, un grand nombre d’objets et de plantes étaient sacrés à leurs yeux, tels les œufs de serpent, la verveine, le sélage, la saumole et surtout le gui (C. Jullian, Hist. de la Gaule, II, p. 165-169 ! ^- Dottin, Manuel, p. 368).

Pline l’Ancien a décritle rituel suivi dans la cueillette du gui et noté la singulière vénération dont les Gaulois entouraient ce parasite, auquel ils reconnaissaient des vertus bienfaisantes. « Les druides, dit-il, n’ont rien de plus sacré que le gui et que l’arbre sur lequel il pousse, si toutefois cet arbre est le rouvre ». Le gui, auquel les Gaulois donnaient un nom qui signifiait « remède universel » (omnia sa n an le m appellant suo iocabulo) était un remède contre le poison et donnait la fécondité à tout animal stérile. La cueillette du gui se fait le sixième jour de la lune. Après avoir préparé, selon les rile=, sous l’arbre, des sacrilices et un repas, on faisait approclier deux taureaux de couleur blanche, dont les cornes étaient attachées pour la première fois. Un prêtre vêla de blanc montait sur l’arbre et coupait le gui avec une serpe d’or. On le recevait dans une saie blanche, puis on immolait les victimes en priant que le dieu rende le don qu’il faisait propice à ceux auxquels il l’accordait » (Hist. nat., XVI, 95, a’1 <). Cf. H. Gaidoz, La religion gauloise et le gui du chêne, dans la Rev.de ihist. des religions, 11, 1880, p. 68-82).

Les Celtes du continent attachaient certaines idées religieuses à la croix gammée, ou, svastika, et à la rouelle, qui figurent sur plusieurs monuments. Le symbolisme primitif de ces deux signes serait identique ; l’un et l’autre seraient l’emblème du soleil en mouvement (J. Déchhlbttf, Manuel d’archéologie préhistorique, celtique et gallo-romaine, 11, Paris, 1910, p. 453-454). Les Celtes avaient aussi la notion des ex-votos (G. Dottin, Manuel, p. 331-332 et 345).

III. La religion des Celtes païens insulaires

— ». Les dieux. — Au dire de Tacitb, il était facile de retrouver chez les Bretons insulaires les cultes et les superstitions de la Gaule (Agricola, 11). On a trouvé des traces du culte de Lugus et d’Ogmios aussi bien dans les lies que sur le continent. En revanche, d’autres divinités ne semblent avoir été connues que des insulaires ; telles Nodons, Briganti, Dagda, Mider. Mais, comme elles ne nous sont guère révélées que par les légendes épiques, nous ignorons si elles furent vraiment l’objet d’un culte populaire. Pourtant, on a retrouvé en Grande-Bretagne quatre dédicaces à la déesse Briganti, devenuccn latin liriguntia, et, en Irlandais, lirigit, « la mère des dieux » (II. d’Arbois db Jubainville, Les Cilles, p. 33-3 ;  ;).

Les Romains n’ayant jamais pénétre en Irlande, il n’est pas étonnant qu’on n’y découvre aucune trace de leurs dieux. Il en va autrement de la Bretagne. Non seulement les cultes de Rome, mais ceux de l’Orient, y furent importés par les légionnaires et les colons. Dans une île voisine de la Bretagne, on célébrait, d’après Ahtbmidoiib, des rites qui rappelaient en tous points ceux que l’on accomplissait en l’honneur de Démêler et de Corè dans l’Ile de Samothrace (Strabon, Orographie, IV, 4, 6), Les inscriptions nous apprennent que Jupiter, Sérapis, Hercule, Sul, Diane et Mithra eurent des adorateurs sur divers points du territoire de la Grande-Bretagne ( [Ruiner, Intcriplioncs lirttanniac latinae : Corp. inscrlp. lat., .. Vil, N * 316, aj>, ^4", 32, 236, 914, etc. ; Fr. Cumont. Textes et monuments figurés relatifs aux mystères de Vithrç, Bruxello", 18y<j. Voir la carte en

tète du t. I er)- A en croire M. Donald A. Mackenzik, . le bouddhisme aurait aussi tu des adeptes dans la Bretagne pré-chretiennne ; mais son livre sens ;. tionnel, Buddhism in Pre-Chritt/an Britain (London, 1928), est loin d’être convaincant.

a. Cultes naturistes. — On voit les Irlandais du temps de S. Patrice, décerner aux sources des honneurs divins et leur faire des offrandes (Tiueciian, éd. Whitley Stokes, p. 323, et Vie Iripartite, p. 123). Le culte des sources apparaît de même chez les Pietés (Abamnan, Vita Columbæ I, 11, éd. Fowler, p. 81) et chez les Bretons. Ces derniers retendent au cours d’eau que la source produit et à la montagne d’où elle jaillit (Gildas, De excidio, éd. H. Williams, p. 16).

Les arbres, if, frêne et chêne, et les pierres étaient aussi vénérés. Les pierres servant de bornes aux terres sont appelées dans la loi desBrehons lia adartha,

« pierre d’adoration ». Une Vie de S. Samson,

rédigée probablement au viie siècle, nous montre les paysans du Pagus Tricurius, en Bretagne insulaire, dansant, au vie siècle, autour d’une pierre levée sur laquelle le saint sculpta une croix (Vita Samsonis, I, 48, éd. R. Fawtier, p. 143-144) On a cru reconnaître dans un cercle dessiné sur une pierre orientée portant une inscription ogbamique et trouvée à Drumlusk près de Kenmare (Kerry) la trace d’un culte rendu au soleil. De fait, le glossaire deCormac (ixe -xe siècle) nous apprend que les païens d’Irlande avaient coutume de tracer sur leurs autels les formes des éléments qu’ils adoraient, notamment une représentation du disque solaire (Ed. Whitley Stokes et J. O’Donovan, p. 94) ; et S. Patrice fait allusion au culte du soleil dans sa Confessio (60, éd. Newport J. D. White, 1918, p. 25). Les populations primitives d’Albion fêtaient aussi par des transports sacrés les mouvements constants de l’astre du jour (Diodore de Sicile, Bibl., II, 47, 2, d’après Hécalée d’Abdère). Le I er mai, les Gaëls célébraient la fête solaire de Beltane en allumant de grands feux autour desquels ils dansaient.

3. Les druides et la magie. — On a vu que, suivant une opinion rapportée par César, la doctrine des druides passait pour avoir pris naissance en Grande-Bretagne et que les druides gaulois franchissaient la mer pour aller l’étudier plus à fond. Mais est-ce la Bretagne qui a produit le druidisme ? Ou bien est-il originaire d’Irlande ? Ou bien l’institution a-t-elle pris naissance chez les prédécesseurs des Gaëls et des Bretons ? En guise de réponses à ces diverses questions, on n’a pu hasarder que de vagues hypothèses. Ce qui est certain, c’est que la discipline druidique était particulièrement florissante en Bretagne vers l’an 53 avant notre ère, époque à laquelle nous reporte le témoignage de César. Pline l’Ancien constate que de son temps, c’est-à-dire vers l’an 77 de l’ère chrétienne, elle y conservait encore son éclat (Hist. nat., XXX, 13). Nous trouvons des druides dans l’île de Mono (Anglesey) en 61 av. J.-C. (Tacitb, Annales, XIV, 30), et une inscription oghamique révèle leur existence dans une autre île de la mer d’Irlande, à Man (Kendrick, The Druids, p. io<>). Le » oi quelque peu mythique des Bretons, Vortigern (ve siècle), aurait encore, à en croire Nennius, entretenu des relations avec les druides (c. !, éd. Mommsrn, p. 181-1^ 1)-Après Vortigern, il n’y a plus trace de druidisme dans le sud ni dans l’ouest de l’Ile. Mais, au siècle suivant, S. Columba, abbé d’iona, en pénélrantrhez les Pietés, en rencontra encore (Adamman, VitO’lumbæ I, 3^ ; II, 33).