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xv… EXTRAIT DE LA PREFACE DE LA PREMIÈRE ÉDITION

de la défense, allère ou abandonne com ne insoutenable un point quelconque, même secondaire, des doc. Irines nue l’Eglise impose à la croyance de ses enfants, renverse par la base toute la démonstration de la foi catholique. Bn effet l’Eglise se proclama établie de Dieu pour enseigner la vérité religieuse et infaillible dans l’exercice de cette mission ; si donc l’on concè le que l’un des points de la doctrine qu’elle impose à la foi de ses enfants est une erreur, on concè le par là-même qu’elle n’est pas infaillible, qu’en s’attribuent I fl privilège elle se trompe ou bien elle nous trompe, et que, par conséquent, elle ne vient pas de Dieu. En matière apologétique s’applique rigoureusement la parole du Seigneur : « Qui ergo solverit unum de maiidati 3 istis minimis, et docuerit sic bomines, miniums vocabitur in regno cu-lorum. » (Malt, v, 19.)

Mais si c’est une loi inviolable pour l’apologiste de n’abandonner aucun des points de doctrine imposés par l’Eglise à notre croyance, c’est aussi pour lui une règle stricte de ne rien ajouter à cette doctrine de son propre fonds ou sur l’autorité de qui que ce soit. La violation de cette loi constituerait de sa part une faute très grave. En effet, il usurperait un p >uvoir qui ne lui appartient pas, en présentant comme une vérité certaine de la foi catholique une doctrine que l’Eglise ne propose pas comme telle, et il jetterait une regrettable confusion dans les esprits, en défendant comme également incontestables des propositions dont les unes sont garanties par une autorité infaillible et les autres par son propre jugement privé. Agir ainsi, c’est défendre, non pas la foi de l’Eglise, mais les croy.inces personnelles de l’apologiste, deux choses qu’il importe de ne pas confondre. C’est donc une règle sacrée pour le défenseur de la foi de ne jamais soutenir, comme faisant partie du dogme catholique, aucune proposition qui n’ait été l’objet d’une définition infaillible de l’Eglise, ou qui n’appartienne incontestablement à son enseignement ordinaire et universel.

Toutefois la tâche de l’apologiste n’est pas limitée à la défense des vérités que l’Eglise impose à notre foi ; elle comprend encore d’autres objets. C’est d’abord la défense des doctrines qui, sans appartenir incontestablement à la foi catholique, sont communément reeues dans l’Eglise, que le Saint-Siège favorise en les faisant enseigner dans ses écoles et en censurant les opinions opposées, comme fausses ou dangereuses. L’apologislen’est pis obligé de soutenir ces d îctrines communes dans l’Eglise comme infailliblement vraies ; il doit même faire observer que la vérité n’en est pas garantie par la décision de la suprême autorité ecclésiastique ; mais il lui incombe de montrer que l’Eglise, en les favorisant, suit ordinairement les règles de la prudence et travaille en faveur de la vérité. Nous disons « ordinairement », parce qu’il n’est pas impossible que l’erreur se glisse dans une sentence provisoire rendue en faveur d’une doctrine commune, mais laissée à l’état d’opinion ; l’apologiste doit proclamer cette possibilité d’erreur, et, le cas échéant, reconnaître loyalement l’erreur commise.

L’Église n’est pas seulement attaquée dans son enseignement, elle l’est aussi dans sa conduite, et c’est là un autre objet de la tàehe le l’apologiste contemporain. Les apologistes des premiers siècles n’avaient pas à traiter ce genre de difficultés, puisque l’Église n’avait pas encore d’histoire ; mais aujourd’hui elle a derrière elle un passé de dix-huit siècles, et il faut montrer que, pendant ce long espace de temps, elle a constamment porté les caractères d’une œuvre divine, que jamais elle n’a rien fait, rien subi qui dénote une institution d’origine purement humaine. Cette preuve de la vérité de la foi catholique, à laquelle cba. que siècle apporte un nouvel éclat, est attaquée de mille manières, et il incombe à l’apologiste de repousser ces attaques ; miis q telles règles l’orthodoxie lui ira ; >ose-t-elle en cette matière ? Ces règles découlent des deux principes suivants : premièrement L’Église n’est jamais abandonnée par Jésus-Christ, son divin fondateur ; secondement l’Eglise est composée d’hommes soumis aux infirmités humaines. Du premier de ces principes ilsuitqie L’Église, eu aucun temps, dans aucune circonstance, n’olTre rien dans son histoire qui soit incompatible avec les privilèges d’une société spécialement assistée de Dieu pour l’accomplissement de sa mission, que l’ensemble de ses lois, de ses actes et des résultats obtenus par elle porte la marque de l’assistance divine. Par conséquent l’orthodoxie nous oblige à soutenir et à montrer : que jamais l’Église n’a ordonné ni approuvé aucun acte, aucun usage qui fût opposé soit à la loi naturelle, soit à la loi positive de Dieu, que sa législation a toujours été sage et propre à produire la sanctillcition des hommes, qu’en réalité elle a produit cette sanctification dans une mesure sullis ante ; mais elle ne nous oblige pas à soutenir que ses lois et ses procédés ont toujours été de la plus grande perfection et de la plus grande opportuni’.é possibles. Dusecond princip ; en tnoé il suit qu : les m -m’ires de l’Église, les papes, les évéques, les prêtres, les religieux ont inévitablem >nt succombe, en plus ou m >ins grand nombre, aux faiblesses humaines. L’orthodoxie ne nous oblige donc pas à pren Ire toujours la défense de la conduite des papes, des évéques. des prêtres et des or. 1res religieux : elle nous coin nande même, en certiins cas, de la condamner hautement, puisque l’Eglise elle-111 ai a publiquement reconnu, à diverses reprises, la culpabilité de plusieurs de ses ministres, et la réalité des abus qui s’étaient introduits dans son sein. En somme, l’orthodoxie de l’apologiste consiste à défendre tous les points de l’enseignement de l’Eglise, en matière de dogme et de me 1rs, avec le d >gro de certitude 0.1 de probabilité qu’elle leur attribue elle-même, sans y rien ajouter et sans en riea retrancher ; nom avons conscience de n’avoir rien négligé pour rester fidèle, dans le présent Dictionnaire, à cette règle fond im-ntile de l’apologétique catholique.