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XXX

l’étranger


Depuis quelque temps, Hawa se plaignait du diable. Un matin, elle entra en coup de vent dans la chambre de Zeinab qui allaitait son nouveau-né.

— Non, madame ! je ne puis plus attendre, cria-t-elle… Le diable ne veut plus attendre ! Si je ne vais pas au tar ce matin, je briserai les meubles, je brûlerai la maison !

Réunies à vingt ou à trente, les négresses d’El-Kaïra avaient coutume de se faire exorciser par des magiciennes au son du tambour. Après quoi, déchargées de leurs démons, elles retournaient chez leurs maîtres, calmes, obéissantes et douces.

Hawa s’était dit un soir que le tar qui chasse le démon pourrait aussi bien avoir raison du malheur que Goha avait introduit dans son sein. À tout moment, on l’entendait s’exclamer : « Le