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XXIII

la cheika en robe jaune


Les passants qui reconnaissaient Goha se disaient qu’il était plus distrait que de coutume. Il tenait son âne par la queue et le suivait docilement. Arrivé à un carrefour, sans raison, l’âne s’arrêta et Goha s’arrêta. Ils étaient là depuis quelques minutes, lorsqu’une file de cinq dromadaires traversa la place et s’engagea vers la droite. Les dromadaires étaient chargés de trèfle. Entraînant son maître, l’âne trotta derrière eux. Il ne tarda pas à les rejoindre et, tout en réglant sa marche sur celle des ruminants, il se mit à brouter des brindilles d’herbe qui s’échappaient des filets énormes suspendus à leurs flancs. Un des chameliers s’en aperçut.

— Mon frère, dit-il en s’adressant à Goha, passe devant ou place-toi derrière, parce que la bête est en train de manger mes trèfles.