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LES VOIES AÉRIENNES

étaient trop nombreux et les vivres insuffisants, ensuite tous ces oripeaux restaient parfaitement inutiles. Le chasseur revint au marché, visita tous les bouchers et emplit jusqu’à l’anse douze grands paniers. Désormais, il n’emmènerait que son fils, le restant des provisions serait porté par quelques turcos du poste gardant le pénitencier, que leur lieutenant avait eu l’obligeance de mettre à notre disposition.

Le lendemain matin, muni de notre jumelle et de trois ou quatre instruments combinés pour l’étude du vol des gros oiseaux, nous nous rendîmes sur les mêmes rochers. Il y ventait encore de l’ouest, mais plus fortement que la veille ; l’air saturé de lumière et sans nuage était propice aux observations lointaines et rapprochées ; cette fois, la voie aérienne existait nettement, le courant ascendant allait de l’ouest à l’est, devant le grand rocher qui surplombe la sortie du ravin ; et, quelques centaines de mètres plus loin, le coteau se trouvant en déclivité, il se modifiait en courant descendant. Nous organisâmes l’expérience de façon à pouvoir remarquer et enregistrer avec nos appareils toutes les phases du vol des rapaces.

Les deux hommes furent postés l’un au couchant, en pleine voie aérienne, l’autre au levant, sur la pente opposée, nous-même devions circuler sur le terrain, suivi d’un turco, le panier de provisions à la main. Nous aidant de la jumelle, à l’horizon nous ne vîmes d’abord rien, en haut non plus ; mais notre attente ne fut pas longue, les points d’aspect vaporeux apparurent comme la veille dans les hauteurs atmosphériques ; à l’œil nu, ils n’étaient pas encore visibles et pourtant les rapaces avaient déjà compris dans nos allées et venues que nous leur apportions des victuailles, nous prouvant ainsi que leur vue était meilleure que la nôtre.

Bientôt très perceptibles, ils descendaient en foule, se laissant presque tomber, tant ils étaient pressés d’arriver ; en un instant leur nombre s’accrut tellement, que nous en