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LES VOIES AÉRIENNES

qu’où le Rummel disparaît sous les roches. Puis, en aval du ravin, nous descendîmes aux cascades, bains, bosquets et promenades : magnifique et fraîche oasis, remplie de charme et malheureusement aussi de fièvres ; nous remontâmes de là, non sans peine, en plein soleil, ruisselant de sueur, pour aller en amont du Rummel, à l’entrée du ravin, dans le voisinage de la belle ruine de l’aqueduc romain. Au moulin qui s’y trouve, le meunier, homme très complaisant, nous donna toutes sortes de renseignements sur les vautours ; il en avait vu, lui, beaucoup et souvent ! Quant à nous, ni au commencement, ni au milieu, ni à la fin du ravin, nous n’en avions aperçu aucun.

De retour à l’hôtel, le garçon, ancien zouave, nous conseilla d’aller dans un certain quartier où on déposait les gadoues, les ordures ménagères de la ville ainsi que leurs issues, et qu’immanquablement nous y trouverions de nombreux rapaces, puisqu’ils y séjournaient en permanence ; il nous recommanda de nous faire accompagner par le garde champêtre arabe, dont l’habitation se trouvait, d’ailleurs, sur notre chemin. Une petite cour précédait la maison, et la porte légèrement entrebaillée se trouva, en poussant, large ouverte ; aussitôt, trois ou quatre jeunes femmes éclatèrent de rire, mais une atroce vieille se précipita sur nous avec des imprécations énergiques inintelligibles et nous referma la porte au nez. Un passant nous objecta que, pour parler au garde champêtre, qui était musulman, il fallait aller à la mairie, et que ce que nous cherchions, d’ailleurs, n’était pas loin ; il nous expliqua que la route, si nos souvenirs sont exacts, s’appelait Bienvenu, du nom de son premier habitant, ancien soldat de la conquête, et y résidant encore, exerçant la profession d’éleveur de pourceaux ; exécré de tous les juifs et Arabes de la contrée, justement son établissement, en cas qu’il ne fût pas assez répugnant, était attenant aux gadoues. Mais où ne serions-nous pas allé pour voir des vautours ?

Laissant la nécropole des roumis à gauche, plus loin nous trouvions le vétéran devant sa maison.