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L’AVIATION MILITAIRE

cathédrale se présentait long et rectiligne à un vent assez fort qui le prenait de travers. Les cigognes, après la becquée, pour revenir aux étangs et aux cours d’eau, ne s’y envolaient pas directement ; elles venaient invariablement d’abord, vers la cathédrale, se mettre parfaitement dans le vent qui devait la choquer ; puis, en faisant des ronds pardessus le monument, sans battre des ailes, elles se laissaient enlever à de grandes hauteurs, pour de là, toujours en planant, glisser comme sur un plan incliné jusqu’à l’endroit qu’elles devaient atteindre. On sait que lorsque les oiseaux volent il se détache parfois des plumes de leur corps ; lorsque cela arrivait aux cigognes, à l’aplomb du faîtage de la cathédrale, leurs plumes perdues, loin de tomber, s’élevaient au contraire bien plus rapidement qu’elles-mêmes ; preuve certaine de l’activité du courant d’air ascensionnel créé par l’obstacle. Le retour au nid ne leur était pas si commode, c’est en battant des ailes qu’elles y parvenaient.

Dans une autre séance, le vent ayant changé de direction, les conditions du vol des cigognes changèrent aussi ; les besoins de la nichée étant les mêmes, le père et la mère allaient souvent aux provisions. Le point de départ n’était plus la cathédrale, parce que le vent la prenait longitudinalement et que nos gros oiseaux n’y trouvaient plus l’aide du courant ascensionnel, disparu avec l’orientation nouvelle du vent ; ils faisaient donc le trajet en battant des ailes et nous remarquâmes qu’ils profitaient de toutes les proéminences pour gagner, sans fatigue, le plus possible en hauteur et voler ensuite dans l’inclinaison. C’était la même manœuvre en petit que celle de la cathédrale.

À cette époque, les Allemands construisaient une nouvelle enceinte fortifiée au delà de l’ancienne ; l’un de ses bastions présentait déjà l’aspect d’un formidable massif. Le vent se dirigeait favorablement contre ses murs et les cigognes ne manquaient pas d’en profiter à chacun de leurs passages, en faisant des évolutions particulièrement instructives, selon les terrassements et la hauteur des murs en construction ; nous descendîmes de la tour et,