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L’AVIATION MILITAIRE

venant des réactions barométriques, qu’on aurait pu utiliser dans maintes circonstances et même classer, en seconde ligne, sur les cartes topo-aériennes ; en effet, chaque vent régulier touchant le sol est presque toujours accompagné d’un autre supérieur, qui le croise, qui même se dirige en sens contraire et disparaît ou revient avec lui. Les aviateurs s’élevant à ces hauteurs en auraient profité, allant avec ces vents, si le but de leur voyage s’était trouvé dans leur direction, économisant ainsi la force motrice et arrivant plus tôt. La tactique n’aurait pas laissé échapper l’existence de la simultanéité de ces deux vents, supérieur et inférieur, sans en profiter.

Cyclones et tourbillons. — En été, et dans les pays chauds, on voit se produire le phénomène des cyclones et des tourbillons : l’atmosphère surchauffée à sa base par le contact du sol brûlant, sous l’ardeur du soleil, accumule des couches inférieures d’air d’une densité bien moindre que celle des couches du dessus ; cet air, très dilaté, quelquefois sur de grandes étendues, tend constamment à se frayer un passage à travers la masse atmosphérique pour gagner et surmonter les parties froides supérieures ; il n’y arrive qu’en prenant un mouvement giratoire conoïdal qui, de très accéléré, même violent sur une surface restreinte au ras du sol, diminue ensuite de vitesse en s’élargissant et en s’élevant.

L’air en mouvement dans ce cône renversé engendre donc un courant qui rampe hélicoïdalement jusque dans les plus hautes régions atmosphériques. Ces cyclones auraient constitué de gigantesques ascenseurs pour les avions qui auraient eu l’audace de se livrer à leur puissante action, même sans risquer le danger qui d’abord apparaissait comme inévitable ; car ils pouvaient s’envoler loin du rayon cyclonal pour s’y engager peu à peu, et, une fois dans le mouvement, y rester pour atteindre les hautes altitudes, ou en sortir à n’importe quel point du cône et à tous les moments. Néanmoins, le caractère inopiné de ces grands