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LES AVIONS

voirs gorgés d’essence, pour l’honneur et la patrie, ils s’envoleront se délecter dans des raids prodigieusement émouvants.


Les torpilleurs

Les torpilleurs seront de puissants engins de guerre. Leurs ailes, destinées à soutenir des poids lourds et variables, devront être relativement plus courtes, plus larges et de cavité de spirale plus prononcée que celle des éclaireurs ; elles seront du genre chauve-souris, élastiques et pliantes pendant l’action du vol ; on pourra en réduire complètement la surface à terre pour les besoins du remisage. On abordera plus tard l’aile genre oiseau. La mobilité et la facilité d’évoluer leur seront plus nécessaires que les grandes vitesses. Armés terriblement, même en succombant ils frapperont l’ennemi d’épouvante.

Si les moteurs à explosion ont, pour eux, toutes les raisons pour être préférés dans la production de la force motrice chez les éclaireurs, il n’en est pas de même s’il s’agit des torpilleurs. Ici, nous nous servirons volontiers de la vapeur concurremment avec les moteurs à essence ; les torpilleurs atteindront, sans doute, de grandes tailles et, pour les plus fortes, la vapeur, par sa souplesse et sa puissance illimitée, deviendra peut-être indispensable. Nous n’entrerons pas dans des détails concernant ce genre de moteur, ce n’est pas ici leur place, nous le ferons largement plus tard. Nous dirons seulement que cette force motrice fit durement ses preuves à Satory, dans la journée néfaste du 14 octobre 1897, et que ce ne fut pas elle qui conduisit l’Avion no 33 au désastre, après une envolée désordonnée de 300 mètres[1] ; il ne faut accuser que la violence du vent jointe à l’inexpérience du pilote. On peut donc rééditer ces machines, en les amplifiant, au moins pour les gros avions.

  1. Depuis que nous avons écrit ces lignes, l’Avion no 3 a été donné aux Arts et Métiers, où il se trouve actuellement.