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XXII
LETTRES

de parti, s’unissant dans un élan patriotique, vous accordera tous les crédits à l’unanimité.

Puis, monsieur le Président, vous avez la jeune ligue nationale aérienne avec ses aînées et ses filiales adhérentes ; son titre vous est une garantie de sa destination ; demandez-lui ses services, elle sera heureuse de vous les apporter.

Aussitôt après, les expériences succéderont aux expériences. Les ingénieurs, les officiers, les aviateurs s’instruiront rapidement. Et le succès final sera la récompense des efforts de tous.

Cependant, si, par impossible, la fatalité amenait des insuccès persistants ; après avoir épuisé tous les dévouements, reconnu la science française impuissante ; après être certain, enfin, que notre vieille Gaule ne sait plus forger ses armes, oh ! alors, monsieur le Président, le gouvernement devrait s’adresser à l’étranger.

Puissiez-vous entrevoir dans un songe l’aspect terrifiant d’une compagnie d’aviateurs ennemis torpillant une ville française ! Et cette compagnie se doublant, se triplant, se décuplant, augmentant sans cesse, jusqu’à former une grande armée aérienne, arrivant par surprise devant notre capitale, vous réveillant ensuite au milieu du plus épouvantable des cauchemars qui vous représenterait Paris tout en flammes ! Rêve seulement ? Réalité prochaine à craindre ! L’heure est solennelle. Toute Europe va armer aériennement. N’hésitez plus, monsieur le Président.

Puissiez-vous songer encore, que vous êtes devant l’histoire, que de grandes pages se préparent pour vous et vos collaborateurs du gouvernement, et qu’elles peuvent être glorieuses ou néfastes !