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STRATÉGIE AVIATRICE

retirerait croîtrait avec le nombre de ses avions marins qui réduiraient vite à l’impuissance ou couleraient la flotte de son adversaire. On verrait la fin de cette guerre maritime, mais non la paix.

Resteraient les hostilités aériennes, non moindres pour les combattants, et fort gênantes pour notre neutralité, au point de provoquer de graves complications. En effet, nous allons voir qu’elles ne pourraient guère avoir lieu qu’à nos dépens et que nous aurions fort à faire pour éviter d’en être les victimes.

Dans ce qui précède on a pu se faire une idée de ce que seraient les gros armements aériens et aéro-terriens de l’Angleterre et de l’Allemagne.

Si l’Angleterre voulait prendre l’offensive, par où pourrait-elle passer pour aller joindre l’Allemagne, autrement que dans l’atmosphère de la France ? Nulle autre part, si nous écartons la Belgique. L’empêcher de passer serait se brouiller immédiatement avec elle. Lui laisser traverser notre territoire, avec ou sans faculté de relâcher sur nos aires d’atterrissage, serait une provocation à l’adresse de l’Allemagne. En supposant que ce soit cette dernière qui se décide à attaquer, les mêmes causes amèneraient les mêmes effets.

Avec une France aérienne très forte, telle qu’il la faudrait ; par son attitude correcte et ferme dans sa neutralité, elle en imposerait sûrement aux belligérants, qui respecteraient ses frontières ; elle s’interposerait même entre eux comme arbitre. La conséquence heureuse de cet événement serait la fin des hostilités et la paix.

Mais si, au contraire, la faiblesse de la France la mettait dans l’impossibilité de s’opposer au passage des armées aériennes des deux nations ennemies, fatalement, ce serait sur nos têtes que se livreraient les combats aériens ; ensuite, de gré ou de force, le vainqueur se servirait de nos aires,