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STRATÉGIE AVIATRICE

falaises, des aires fortifiées et des aires de campement, ces dernières assez reculées dans les terres pour qu’elles soient à l’abri des bombardements. En outre, des navires porte-avions, protégés par des gardes-côtes, des cuirassés ou des croiseurs, devront être toujours prêts à transporter leurs avions torpilleurs sur les endroits attaqués.


Autrement sérieuse sera la proximité de l’Angleterre à travers la Manche. Que fera cette grande puissance avec l’arme aérienne ? Nous chercherons plus loin à le démêler. En cette occurrence, tâchons de nous représenter le pire et nous ne nous tromperons pas. Aujourd’hui amis, demain ennemis. Soyez forts, très forts, nous a-t-on souvent dit sous forme de conseil. Si nous sommes forts en aviation, l’Angleterre fera quelque chose de nous ; mais, consolons nous-en, nous ne ferons jamais rien d’elle.

La Manche, tout le long de ses côtes sans lacunes, devra présenter une ligne de défense et de résistance à toute épreuve ; depuis Dunkerque jusqu’à Cherbourg, même plus loin, les aires devront pour ainsi dire se toucher ou, du moins, être très rapprochées. Les gros canons verticaux placés à demeure auront, ici, leur emploi. Il va sans dire que les navires porte-avions seront indispensables et accompagneront les escadres de croiseurs et de cuirassés pour, en cas d’hostilités, agir de concert contre l’ennemi. Dans les parages de Calais et de Boulogne, il faudra, coûte que coûte, établir de grandes aires bien fortifiées avec des magasins souterrains soigneusement dissimulés ; de nombreux avions de ligne et des torpilleurs y séjourneront, prêts à tout événement. En effet, les 35 kilomètres d’eau qui séparent la France de l’Angleterre ne seront rien pour des avions ; une petite demi-heure ou un quart d’heure seulement suffiront pour passer d’une rive à l’autre.

De Dunkerque vers Lille et au delà, la frontière belge