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CHAPITRE XV



Les chars débusquaient sur l’arène, au galop sec des chevaux, en faisant grincer leurs essieux aux virages. Une partie de la foule s’était levée, et, dans la lumière tamisée par les pourpres qui flottaient au-dessus des gradins, dans la poussière soulevée par les courses, les chlamydes blanches, les peplums légers semblaient des mouettes qui vont prendre leur vol.

En face de l’entrée du stade, la vaste loge des tyrans encadrée des fameux discoboles de Phidias était vide quasi. Seuls les envoyés de Phénicie s’y montraient, avec leurs tiares pointues, les cheveux calamistrés et les narines pincées d’un cercle d’or, ainsi qu’on les voit sur les fresques de Suse. Mais l’intérêt qu’avaient suscité les ennemis légendaires disparaissait avec le commencement des jeux. Et les gens confondus, Grecs, Latins ou barbares, gesticulaient, criaient, hurlaient, bien avant que le défilé des chars précédant les courses soit terminé.