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sique, c’étaient les cantates de Clérembault. Quoique Rousseau ne connût pas alors, d’après son propre aveu, le quart des signes de musique, il parvint à déchiffrer et à chanter seul le premier air d’une de ces cantates. Il ne dit pas, à la vérité, combien de temps il employa à cette entreprise. Il faut croire, néanmoins, que cette étude contribua un peu à lui faire négliger ses travaux scientifiques et théologiques, car il ne tarda pas à être renvoyé du séminaire avec un brevet complet d’incapacité.

Rousseau rapporta en triomphe les cantates de Clérembault chez Mme de Warens. Celle-ci, toujours bonne, consentit à s’émerveiller des progrès qu’il avait faits en musique, et, pour se conformer à ce qui était son goût dominant du moment, elle le plaça à la maîtrise d’Annecy.

Les détails que donne Rousseau sur son séjour de près d’une année dans cette maîtrise sont assez curieux. Ils font connaître ce qu’étaient ces établissements répandus sur toute la surface de la France, et qui tous ont disparu à la Révolution : c’était la pépinière d’où l’on tirait tous les musiciens, instrumentistes, chanteurs ou compositeurs. L’Église travaillait alors pour le théâtre, et l’opéra ne se recrutait que dans les maîtrises, pour le personnel masculin. Quant aux chanteuses, elles se formaient d’elles-mêmes. Les femmes ont la perception plus vive et le sentiment plus fin dans les arts d’imitation ; elles apprennent mieux et plus vite : le petit nombre de professions que nous leur avons réservées sera d’ailleurs toujours