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l’auteur. Gluck riposta à Roland par Armide et Iphigénie en Tauride ; Piccini répondit à ces deux chefs-d’œuvre par Didon. Puis vint Sacchini ; Sacchini, déjà célèbre en France par la traduction de quelques-uns de ses ouvrages, arriva à Paris en 1783, âgé de près de cinquante ans. Ses premiers ouvrages, Renaud, Chiméne et Dardanus, n’excitèrent pas le même enthousiasme que les premiers ouvrages de Gluck et de Piccini, parce qu’on était déjà familiarisé avec ce genre de musique, et que l’attrait de la nouveauté n’en était pas aussi grand. Il n’en fut pas de même d’Œdipe à Colonne ; l’intérêt du poëme permit de sentir toutes les beautés de cette ravissante musique, si simple, si suave et si dramatique en même temps. Croirait-on cependant que cette représentation rencontra tant d’obstacle, que Sacchini, dégoûté par là du séjour de Paris, prit le parti d’aller jouir en Angleterre du fruit de ses travaux ? La mort ne lui en laissa pas le temps : il succomba à une attaque de goutte le 7 octobre 1786. On donna après sa mort l’opéra d’Avire et Evelina, dont Rey, chef d’orchestre de l’Opéra, avait achevé la musique. Les compositeurs français rentrèrent en possession du théâtre de l’Opéra après la mort de Sacchini ; mais la révolution musicale était achevée, et tous les ouvrages nouveaux étaient écrits dans le système de ceux de Gluck et de Piccini. Ou distingua quelques opéras de Catel, Mehul, Lesueur, Berton, Grétry, etc. Mais depuis longtemps on n’avait entendu aucun de ces ouvrages qui font époque, lorsqu’enfin Spontini parvint avec des peines