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tres, l’organiste barbare ou le vielleur maudit s’intitulent aussi musiciens. Par exemple, je ne prétends pas vous garantir la sobriété de cette classe estimable d’artistes ; non plus que celle des musiciens qui font danser à la courtille et chez les marchands de vins de la barrière ; il est tout naturel que le débitant qui les emploie les paie en nature, et la consommation est forcée. Nous aurons donc au premier rang de la hiérarchie musicale, les compositeurs dramatiques et ceux-là, certes, méritent le plus notre commisération.

Viennent ensuite les compositeurs de salon, classe élégante et musquée, accueillie partout avec empressement ; car les compositeurs de ce genre sont presque tous exécutants, et n’ont besoin du secours d’aucun aide pour faire apprécier leurs ouvrages. Qu’un d’eux paraisse dans un salon, c’est une joie universelle, c’est à qui l’accueillera, le fêtera, le suppliera de faire entendre le délicieux morceau qu’il vient de composer, car le dernier morceau est toujours délicieux. Le compositeur sourit d’un œil qu’il croit fort modeste, ne se fait pas trop prier, cela est de mauvais ton, et ravit, transporte un auditoire toujours disposé à trouver excellente la musique qu’on lui donne par-dessus le marché entre le punch, la brioche et les glaces. Un chanteur de romances succède à l’instrumentiste, et ce sont encore d’autres transports d’admiration. Le même morceau, transporté au théâtre, mieux exécuté peut-être par Mlle Jenny Colon ou Déjazet, passera inaperçu ; mais chez monsieur tel ou