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— Oh ! je vois parfaitement ce que doit être votre… œuvre en vous regardant, répliqua Michel Lévy ; jugez-en, mon cher Scholl, ajouta-t-il, parlant à quelqu’un qui entrait et lui soumettant ma demande.

— Ce serait vraiment dommage que madame devînt un vulgaire bas bleu, et vous avez bien raison de la décourager, mon cher Lévy, répondit Aurélien Scholl. Elle a mieux à faire.

— Monsieur Aurélien Scholl, répondis-je fièrement, chez M. Heugel, à côté, on a édité une poésie de moi qui ne vaut certes pas trois vers de Denise, mais ma prose pourrait bien valoir la vôtre. »

Et je quittai la librairie Michel Lévy, furieuse, le cœur très gros et ma personne littéraire bien humiliée.

Scholl m’a souvent rappelé la scène. Après ma réponse, il avait conseillé à Michel Lévy de me rappeler.

J’allai d’éditeur en éditeur, toujours refusée, chez huit des plus grands. Je m’adressai même à Garnier, l’éditeur de Proudhon ; il fut le plus poli de tous et me dit : « Vous voudrez bien comprendre que cela ne se fait pas. »

J’écrivis à Hetzel, qui était alors exilé à Bruxelles. Il me répondit :

« Ou votre livre est très mauvais, ou vous vous mouchez dans un mouchoir à carreaux, et il se peut que vous prisiez. Je ne crois pas à une femme, probablement laide et très mûre, le