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en d’autres temps, toujours avec l’Angleterre.

Le soir du 14 janvier, après dîner, nous sortions de notre maison pour aller faire quelques achats aux galeries du Palais-Royal, avec l’un des amis siciliens de mon mari, qui se disait son parent. Nous traversions la place du Palais-Royal un peu avant huit heures et demie, lorsque l’agitation qui régnait chez le prince Napoléon nous frappa.

Il y avait réception ; mais des gens chamarrés arrivaient en fiacre, d’autres, sans paletot, hélaient la première voiture venue. Des estafettes entraient bride abattue dans la cour. La foule s’amassant sur la place, des lambeaux de phrases circulaient : « Attentat, un attentat ! » — « Des bombes fulminantes ont été jetées sur l’Empereur et sur l’Impératrice à l’Opéra. » Tout le monde prétendait avoir entendu le bruit des bombes.

Mais un brouhaha plus grand se produit. Le prince Napoléon lui même a quitté ses invités. Il monte en voiture avec des cavaliers qui l’escortent. Il va à l’Opéra.

Bientôt des gens racontent que la voiture impériale est en morceaux, mais que ni l’Empereur ni l’Impératrice ne sont touchés. Un aide de camp, le cocher, les valets de pied sont blessés, il y a un cheval tué. Nous échangeons à demi-voix quelques réflexions peu impérialistes et sommes regardés de mauvais œil. Tout à coup deux agents saisissent notre parent au collet.